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Il a écorné l'image de son pays dans les
pays arabes
Sarkozy cherche à
rebondir avec la question palestinienne
Djamel Bouatta
Photo: CPI
Jeudi 30 septembre 2010
Toujours
prompt à rebondir, le président français a offert ses
services à son homologue palestinien, oubliant que la France
a perdu la confiance des Arabes. Sarkozy cherche à faire
d’une pierre deux coups : reprendre main au Moyen-Orient
et surtout relancer son UPM née-morte. Ressusciter ce petit
machin pour normaliser les relations arabo-palestiniennes.
Moubarak et Netanyahu sont convoqués à Paris pour préparer
la messe de Barcelone (novembre).
La reprise de la
colonisation israélienne en Cisjordanie n’a pas encore
condamné le processus de paix au Proche-Orient. Les
discussions se poursuivent dans les coulisses. Persuadé que
la course est ouverte, le président français a fait des
offres de services au président de l’Autorité palestinienne
en déclarant de façon péremptoire : “La colonisation doit
cesser.”
Nicolas Sarkozy, en difficulté chez lui ainsi qu’au sein de
sa famille européenne, a même proposé les bons offices de
l'Union pour la Méditerranée (UPM), son projet même s’il a
été revisité, de fond en comble, par Bruxelles, et qui
peine, par ailleurs, à exister. Mahmoud Abbas qui connaît le
poids réel du président français, l’a mollement remercié.
Les jeux, celui-ci les connaît sur le bout des doigts.
Hormis les États-Unis, personne ne peut faire fléchir les
Israéliens. Personne. Sarkozy doit également le savoir.
“Rien ne sera fait sans le soutien américain”, a-t-il
reconnu devant son invité à l’Élysée. Pour rappel, la France
a perdu sa neutralité active dans le conflit israélo-arabe
depuis qu’elle est dirigée par Sarkozy. Celui-ci n’a jamais
fait mystère de son penchant pour les Israéliens, détruisant
l’image d’une France amie des Arabes cultivée par tous ses
prédécesseurs, de De Gaule à Jacques Chirac. Acculé au
mur, le président de l’Autorité palestinienne a redit s’en
remettre au président Obama et à la Ligue arabe, laquelle se
réunit le 4 octobre. Obama a-t-il négocié un nouveau deal
territorial avec Netanyahu ? À en rester aux déclarations de
Mahmoud Abbas selon lesquelles la paix a toujours une
chance, c’est une probabilité d’autant qu’à l’approche
d’élections de mi-mandat, le locataire de la Maison-Blanche
ne peut pas rester sur un échec. Obama n’a pas cessé de
promettre un État palestinien, admettant que la question
palestinienne résolue, c’est un pan entier de l’argumentaire
de l’islamisme violent qui est effacé. Pour accepter le
nouvel arrangement territorial que Washington aurait négocié
dans les coulisses, Abbas a besoin de la caution de ses
pairs arabes, ne serait-ce qu’aux yeux de ses concitoyens.
En attendant ce 4 octobre, survol des enjeux.
Où en est la colonisation juive en Cisjordanie ? Depuis
1967, 121 colonies juives officielles et une centaine de
colonies sauvages ont été construites à l'intérieur des
territoires palestiniens de Cisjordanie. De 300 000 à un
demi-million de colons juifs ont colonisé les meilleures
terres des territoires occupés, où habitent 2,5 millions de
Palestiniens.
De plus, environ 100 000 Israéliens vivent dans 12 quartiers
majoritairement palestiniens de Jérusalem-Est, annexés par
le gouvernement israélien. La Cisjordanie est un confetti
avec de grandes poches israéliennes reliées entre elles et
avec le territoire israélien de 1948. Les voies accès sont
évidemment interdites aux Palestiniens.
Depuis novembre 2009, Netanyahu, sous la pression des
États-Unis, avait annoncé un moratoire sur toute nouvelle
construction dans les colonies. Seules les maisons déjà
commencées pouvaient faire l'objet de travaux. Ce moratoire
est arrivé à échéance dimanche. Le jour même, de nouveaux
chantiers ont débuté. Les lois internationales ne
reconnaissent pas les colonies juives, mais Israël en fait à
sa guise, protégé par le parapluie américain. Depuis son
arrivée au pouvoir, Barack Obama a maintes fois demandé à
Israël de mettre un frein à la colonisation. Le moratoire de
10 mois qui vient tout juste de se terminer était une
concession du gouvernement de droite que dirige Netanyahu.
Obama s’est contenté d’exprimer sa “déception” à l'égard de
la fin du moratoire.
Le locataire de la Maison-Blanche a eu à se mesurer avant
l’été avec les lobbys juifs américains. Netanyahu affirme
depuis le début des pourparlers de paix que le moratoire sur
la colonisation doit faire partie des négociations et non
pas représenter une condition préalable aux discussions
bilatérales. Le fait que Mahmoud Abbas n'annonce pas sa
décision avant le 4 octobre donne à toutes les parties la
possibilité de négocier pour sauver le processus de paix.
Mais que peut encore concéder le président palestinien ?
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Publié le 30 septembre 2010 avec l'aimable autorisation de
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