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IRIS

Primaires démocrates : les grandes manœuvres
Barthélémy Courmont


Barthélémy Courmont - Photo IRIS

IRIS, 11 janvier 2008  

La page de l’Iowa et du New Hampshire est à peine tournée que les candidats s’engagent déjà dans une course qui va les conduire au Super Tuesday du 5 février. D’une certaine manière, il ne leur reste que quatre semaines pour convaincre, tant il sera quasi impossible de se relever d’une défaite dans ce qui est indiscutablement le moment de vérité des primaires. En préparation pour ce jour crucial, et les quelques scrutins qui vont le précéder, et donneront des indications (même si le New Hampshire a prouvé que toutes les indications sont à prendre avec précaution), les candidats sont engagés dans des grandes manœuvres au cours desquelles ils cherchent des soutiens ça et là. Nous avons choisi ici de nous pencher sur le cas des Démocrates.

Barack Obama a beau avoir accusé le coup dans le New Hampshire, où il fut devancé par Hillary Clinton (lui y a fait un très beau score, elle un excellent), il continue à recevoir des soutiens en masse, et pas des moindres. L’un des principaux syndicats de salariés de la restauration du Nevada appelle ainsi ses membres à voter pour lui, et l’ancien candidat démocrate à la Maison-Blanche John Kerry lui a également apporté son soutien, lors d’une cérémonie organisée en Caroline du Sud. Ces deux Etats seront les prochains à désigner le candidat démocrate, avant le fameux Super Tuesday. En effet, la Primaire organisée dans le Michigan le 15 janvier est d’ores et déjà nulle, les dirigeants démocrates nationaux ayant refusé le calendrier imposé par la direction démocrate du Michigan. Néanmoins, cette élection aura quand même lieu, et servira de test pour vérifier si le sénateur de l’Etat voisin de l’Illinois garde l’avantage dans la course à l’investiture. Sur ce point, il convient de retenir deux éléments importants, qui invitent les observateurs à suivre de très près le résultat dans le Michigan :

1) Comme la Primaire démocrate ne sera pas validée, les indépendants pourraient être tentés de se tourner vers un candidat républicain. Et à ce petit jeu, John McCain dispose d’un avantage de taille sur ses adversaires, celui d’être apprécié chez les indépendants, comme son éclatant succès dans le New Hampshire en a encore apporté la preuve.

2) Selon CNN, la direction démocrate du Michigan appelle à voter contre Hillary Clinton, c’est-à-dire, compte-tenu de l’absence de bulletins portant les noms d’Obama et Edwards (qui ont été retirés après la décision nationale de sanctionner le scrutin dans cet Etat, Hillary Clinton ayant pour sa part maintenu les bulletins à son nom), de voter blanc. La raison en est simple : les votes des militants seront nuls, mais les dirigeants démocrates du Michigan sont persuadés qu’ils pourront malgré tout participer à la convention nationale de Denver en août. Or, si seule Madame Clinton récolte des voix, leur marge de manœuvre sera limitée. A l’inverse, si les votes blanc dépassent les 15% (ce qui est hautement probable), des délégués libres de leur choix pourront se rendre à la convention. Le sénateur du Michigan Carl Levin et le président du parti démocrate du Michigan Mark Brewer appellent ainsi à voter blanc pour soutenir la candidature de Barack Obama.

Bill Richardson a décidé de jeter l’éponge. Des résultats trop faibles, et pas assez d’argent pour assumer une campagne à échelle nationale, tout simplement. Cruelle désillusion pour le plus expérimenté des candidats, après Joe Biden et Chris Dodd, également familier des milieux politiques. Le gouverneur du Nouveau-Mexique, un peu amer, déplore que dans cette élection, le changement prime sur l’expérience. Reste à savoir désormais vers qui se porteront ses électeurs (en particulier les hispaniques). Sur ce point, Richardson est resté silencieux, refusant pour le moment de donner une consigne de vote. Une forme de désaveu pour le clan Clinton, quand on sait qu’il fut Secrétaire à l’Energie et ambassadeur à l’ONU quand Bill Clinton était président des Etats-Unis. Certains analystes estiment que ses électeurs seront plus nombreux à se tourner vers Barack Obama. Mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions du retrait de Bill Richardson, et il est probable, lors des prochaines échéances du Nevada et de Caroline du Sud en tout cas, que cela ne joue pas massivement sur les résultats.

Richardson parti, ils ne sont plus que trois (si on exclue Kucinich et Gravel) en course. Ou plutôt deux contre une, si on croit les grandes manœuvres que laissent augurer le ralliement de John Kerry et l’essoufflement (qui devait se confirmer, à l’exception peut-être de la Caroline du Sud, où il est né) de la campagne de John Edwards. Deux contre un tant il semble de plus probable, au yeux de nombreux analystes, que John Edwards se range aux côtés de Barack Obama, dont le programme économique est très proche. Un tel rapprochement, que le soutien de John Kerry, dont John Edwards était le co-listier en 2004, rend encore plus crédible, serait un coup très dur pour la candidate de New York, déjà en difficulté face à Obama seul. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cet élément n’a que très peu été pris en compte par les différents analystes, qui continuent de voir les candidats s’affronter les uns contre les autres, et se refusent à se projeter sur de pourtant futures (et inévitables) alliances. Il n’y avait pas, en 2004, de troisième homme (à l’exception de Dean, qui en donna l’illusion dans les premiers scrutins, avant de disparaître totalement). Mais cette fois, le poids d’Edwards reste important, et s’il est probable que les deux autres candidats lui fassent les yeux doux, il est plus vraisemblable que ses électeurs se reportent sur Barack Obama. Nous avions évoqué ce scénario il y a déjà plusieurs mois (dans un article publié dans Libération le 13 août dernier : « Obama : l’Amérique de l’après-Bush »), parlant de possibilité pour le sénateur de l’Illinois de se faire le champion d’un mouvement anti-Hillary. Sans faire de mauvais pronostics, ce mouvement est de plus en plus probable, et s’il est encore trop tôt pour parler de rapprochement entre les deux candidats, force est de constater que les grandes manœuvres actuelles, qui renforcent Obama et affaiblissent Edwards, pourraient fortement inciter ce dernier à s’orienter vers une stratégie de course à la « vice-présidence », comme en 2004.

Madame Clinton n’a pas dit son dernier mot pour autant. Elle a prouvé avec le New Hampshire qu’elle restait la candidate à battre, et a confirmé qu’elle sera dans le duo de tête. Reste simplement à savoir en quelle position. Et pour cela, il lui est indispensable de changer sa stratégie de campagne, sans quoi le New Hampshire sera l’arbre qui cache la forêt.



Source : IRIS
http://www.iris-france.org/...


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