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Hors de Gaza !
Barry Grey et David North
© Photo PCHR
Lundi 5 janvier Le Comité international de la Quatrième
Internationale et le World Socialist Web Site dénoncent
l’attaque militaire meurtrière de l’armée israélienne sur la
population palestinienne de Gaza. L’attaque aérienne et
terrestre simultanée sur une enclave densément peuplée et
pratiquement sans défense est un crime de guerre.
L’incursion des troupes israéliennes, des chars d’assaut et
de l’artillerie, dominée par les bombardements en cours
provenant des airs et de la mer sur des cibles civiles, a mis la
table pour une augmentation importante des morts et des blessés.
Lors des huit premiers jours de l’agression, celle-ci a déjà
causé la mort de 500 Palestiniens et elle en a blessé plus de
2400, incluant de nombreuses femmes et enfants.
Comme c’est toujours le cas, l’utilisation de la violence
militaire par le régime israélien est accompagnée d’un niveau
renversant de cynisme, d’hypocrisie et de tromperie. Un Etat qui
possède une des machines de guerre les plus modernes et les plus
sophistiquées au monde se présente, encore une fois, comme la
victime.
L’affirmation selon laquelle la dernière agression est une
réaction légitime aux roquettes du Hamas est démentie par les
évènements qui ont précédé l’assaut sur Gaza. Avant qu’Israël ne
lance son attaque aérienne le 27 décembre, pas un Israélien ne
fut tué par la récente recrudescence des tirs de roquettes
Qassam, inefficaces et fabriquées de façon artisanale, lancées
de Gaza. L’augmentation de ces tirs de roquettes avait été
provoquée par le fait qu’Israël avait rompu le cessez-le-feu en
orchestrant un raid transfrontalier en novembre qui avait tué
six membres des forces de sécurité du Hamas. Israël défia les
clauses du cessez-le-feu, refusant de lever le blocus mortel sur
Gaza qui, pendant 18 mois, avait privé la population appauvrie
de denrées alimentaires, de soins médicaux, d’eau potable et
d’électricité. Il avait accepté le cessez-le-feu d’abord et
avant tout et selon ses propres aveux dans le but de se préparer
intensément pour la présente guerre.
Depuis qu’Israël a lancé cette dernière ronde d’agression,
quatre personnes au sud d’Israël ont été tuées par les roquettes
palestiniennes. La perte de toute vie humaine est regrettable,
mais c’est un horrible fait que les médias appliquent des
standards différents à la valeur qu’ils accordent aux vies
israéliennes et palestiniennes. Ces dernières, si on en juge par
les couvertures des évènements par CNN ou d’autres sources
médiatiques occidentales, comptent pour très peu. Le ratio des
morts palestiniens par rapport aux morts israéliens dans la
présente guerre est de plus de 100 pour un. Lors des huit
dernières années, approximativement 20 Israéliens sont morts en
raison d’attaques de roquettes provenant de Gaza, alors que les
forces israéliennes ont tué près de 5000 Palestiniens.
Les tirs de roquettes sur Gaza reflètent le désespoir du
Hamas et de la population palestinienne. Israël a délibérément
provoqué de telles actions dans le but de créer un prétexte pour
poursuivre ses ambitions expansionnistes et agressives.
Quelle est la situation à Gaza, créée par Israël et appuyée
par les Etats-Unis, les puissances européennes et leurs régimes
arabes bourgeois alliés, incluant le collaborateur
américano-israélien, le président de l’autorité palestinienne
Mahmoud Abbas ? Un million et demi de personnes sont
emprisonnées dans une zone grande comme la région métropolitaine
de Détroit, un petit morceau de terre coincé entre le désert et
la mer Méditerranée. Ils sont empêchés de sortir par les troupes
israéliennes au nord et à l’est et par les troupes du dictateur
égyptien Moubarak au sud.
Aussi déplaisant cette comparaison puisse-t-elle être aux
yeux du régime israélien, rien ne ressemble plus au sort de Gaza
que le destin tragique des juifs du ghetto de Varsovie dans la
Pologne occupée par les nazis.
Il y a, sans aucun doute, des intellectuels israéliens, des
jeunes et des travailleurs avec une conscience de classe qui
sont opposés à l’invasion de Gaza et qui ont profondément honte
des crimes commis par le régime en leur nom. Ils sont, nous en
sommes certains, horrifiés par l’implication du peuple juif dans
des crimes qui rappellent les atrocités nazies. Mais si, comme
le disent les sondages d’opinion, 80 pour cent des Israéliens
soutiennent l’assaut militaire sur ce territoire torturé, cela
ne peut que refléter le haut niveau de désorientation et de
démoralisation parmi de larges couches de la population. Un des
pires crimes d’Israël est son exploitation cynique des horreurs
de l’Holocauste pour justifier ses propres actions criminelles.
Il est impossible de discuter de l’assaut sur Gaza sans
mettre l’accent central sur le rôle des Etats-Unis. L’élite
dirigeante américaine a été le principal pilier et
coconspirateur d’Israël pendant les quatre dernières décennies,
depuis qu’Israël s’est emparé de Gaza et de la Cisjordanie lors
de la guerre de 1967.
L’administration Bush reprend le rôle criminel qu’elle a joué
en 2006 lors de l’invasion israélienne du Liban, faisant de
l’obstruction à la solde d’Israël pour bloquer toute initiative
diplomatique destinée à un cessez-le-feu afin de donner aux
Israéliens le maximum de temps et de moyens pour tuer les
Palestiniens et détruire un mouvement arabe hostile. La
chronologie des derniers jours indique que l’administration Bush
a encouragé fortement les Israéliens à lancer leur invasion
terrestre maintenant en partie pour faire échouer les efforts de
l’Union européenne pour négocier une trêve.
Vendredi, après que l’Union européenne et le président
français Sarkozy aient annoncé une mission pour Israël prévue
pour lundi afin de faire pression sur les Israéliens pour qu’ils
acceptent un cessez-le-feu, la secrétaire d’Etat américaine
Condoleezza Rice s’est adressée à la presse à l’extérieur de la
Maison-Blanche pour placer une fois de plus le blâme pour les
hostilités sur le Hamas et appuyer l’opposition d’Israël à un
cessez-le-feu. Samedi, le président Bush a utilisé son discours
hebdomadaire à la radio pour réaffirmer la carte blanche que
Washington donnait à Israël, pavant la voie à l’invasion qui a
débuté plus tard dans la journée.
Au cours de ses brefs commentaires, Bush a multiplié les
mensonges, accusant le Hamas — qui a gagné une élection
populaire en 2006 et qui a étouffé une tentative de coup par
l’autorité palestinienne, menée par le Fatah et appuyée par
Israël et les Etats-Unis en juin 2007 — de s’être « emparé de la
bande de Gaza par un coup d’Etat » et allant même jusqu’à blâmer
le Hamas pour la catastrophe humanitaire causée par le blocus
israélien imposé dix-huit mois plus tôt. Bush a essentiellement
exigé que le Hamas accepte de se retirer au profit de la
marionnette américano-israélienne Abbas comme condition pour que
cesse l’agression israélienne.
Plus tard samedi, après que les Israéliens aient lancé leur
offensive terrestre, les Etats-Unis sont intervenus au Conseil
de sécurité des Nations unies afin de bloquer une déclaration
demandant une trêve immédiate.
De manière prévisible, le président élu Barack Obama joue un
rôle tout aussi méprisable, maintenant un silence public en
argumentant que les Etats-Unis ont « seulement un président à la
fois ». Ici, le principe légal, qui ne dit mot consent,
s’applique entièrement. Il vaut la peine de mentionner qu’Obama
n’avait pas de remords similaires seulement quelques mois plus
tôt lorsqu’il a eu à promouvoir le versement de centaines de
milliards de dollars des contribuables à ses partisans et amis
de Wall Street.
Alors qu’Obama maintient un silence accablant, des
congressistes démocrates de premier plan, incluant la
porte-parole de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, le
chef de la majorité au Sénat, Harry Reid et le sénateur Dick
Durbin, ont fait des pieds et des mains pour montrer leur appui
aux actions d’Israël.
La réponse des Nations unies n’est pas moins révélatrice. Sa
combinaison d’impotence et de duplicité rappelle la réponse de
la Ligue des nations en 1930 face au viol de l’Ethiopie par
l’Italie. Nous vivons une fois de plus à une période où les
supposées organisations pour la « paix » établies par la
bourgeoisie internationale se révèlent être des instruments pour
les politiques des puissances impérialistes. L’hypocrisie de
l’ONU et des gouvernements impérialistes qui la domine est
exposée le plus clairement par leur utilisation opportuniste du
terme « crime de guerre ». Ce qui est défini comme un crime de
guerre et qui est envoyé au tribunal de La Haye dépend
entièrement des intérêts géopolitiques et économiques des
puissances impérialistes.
Finalement, il y a la traîtrise des régimes bourgeois du
Moyen-Orient. Cela n’inclut pas seulement les complices avoués
des Etats-Unis et d’Israël, spécialement l’Égypte, la Jordanie
et l’Arabie Saoudite, mais aussi les supposés opposants de
l’impérialisme et du sionisme, c’est-à-dire l’Iran et la Syrie.
Alors qu’un des objectifs de la politique d’Israël est sans
aucun doute d’affaiblir Téhéran et Damas et de préparer la voie
à une action militaire pour effectuer un « changement de
régime » dans ces pays, on peut raisonnablement penser que des
éléments du département d’Etat américain et du ministère des
Affaires étrangères israéliennes maintiennent des communications
à huis clos avec ces pays. Ce ne serait pas la première fois
qu’un régime bourgeois verse des larmes de crocodile face au
sort d’un partenaire moins important dans l’espoir de conclure
une entente avec les grandes puissances.
Les Israéliens en disent plus qu’ils ne le pensent lorsqu’ils
déclarent que leur massacre à Gaza est nécessaire pour créer les
conditions pour la création d’une supposée solution « à deux
Etats » à la question palestinienne. Cela ne fait que révéler le
caractère réactionnaire de cette politique, qui prévoit la
création d’un mini-Etat dominé par Israël, divisé par des routes
de sécurité, des colonies et des barrières israéliennes, qui
serviront de prison pour le peuple palestinien, gardé et
contrôlé par un régime palestinien bourgeois fantoche. Un
tel résultat ne changera rien aux conditions de pauvreté et de
répression qui domine la vie de tous les jours pour les
travailleurs palestiniens et les jeunes, tout en offrant à
l’Etat sioniste une opportunité pour nettoyer ethniquement
Israël en expulsant sa population arabe dans le bantoustan
palestinien.
Le seul vrai allié des masses palestiniennes est la classe
ouvrière internationale. La vague de protestations
internationales contre l’agression israélienne en Europe, en
Asie et en Amérique du Nord ainsi qu’au Moyen-Orient est un
indice clair d’un changement dans les sentiments des masses.
L’indignation et la répugnance devant les crimes de guerre
d’Israël démontrent une réaction croissante de la classe
ouvrière non seulement au militarisme impérialiste, mais aussi à
la plus grande crise économique du système capitaliste mondial
depuis la Grande Dépression.
C’est la mobilisation unifiée de la classe ouvrière de chaque
pays, incluant les travailleurs arabes et juifs, qui détient la
clé pour une solution authentiquement démocratique et
progressiste à la crise dans le Moyen-Orient. Cela doit prendre
la forme consciente d’une lutte contre le sionisme,
l’impérialisme, la bourgeoisie du Moyen-Orient et pour une
fédération socialiste du Moyen-Orient, en tant que partie d’une
révolution socialiste mondiale.
C’est la perspective socialiste internationale combattue par
le Parti de l’égalité socialiste et le Comité international de
la Quatrième Internationale. Nous demandons le retrait immédiat
de toutes les forces israéliennes de Gaza, la levée du blocus et
la restauration complète de conditions économiques et
commerciales normales et l’approvisionnement massif d’aide au
peuple palestinien.
(Article original anglais paru le 5 janvier 2009)
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Publié le 7 janvier 2009 avec l'aimable autorisation du WSWS
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