Syrie
Syrie : les
révélations d'une journaliste menacée de
mort
Bahar Kimyongür
Dimanche 20 octobre 2013
Sevra Baklaci est une journaliste
travaillant en Syrie depuis trois ans.
L’an dernier, les rebelles ont lancé un
avis de recherche à son encontre. Ils
veulent sa peau au motif qu’elle a
présenté le journal télévisé de la
chaîne officielle syrienne et dénoncé
leurs crimes.
Actuellement, Sevra recueille, au péril
de sa vie, les témoignages de Syriens
victimes des groupes armés. Ses
recherches confirment le projet
génocidaire de la prétendue “rébellion”
syrienne.
Sevra, 25 ans, est originaire d’Antioche
en Turquie, une ville à la frontière
syrienne majoritairement arabophone où
cohabitent harmonieusement Arabes,
Turkmènes, Kurdes, Arméniens, sunnites,
alaouites, chrétiens et juifs.
Après avoir décroché un diplome en
sciences sociales à l’Université de
Gaziantep (sud de la Turquie), Sevra
décide de s’installer en Syrie pour
parfaire son arabe.
C’était quelque mois à peine avant le
début du soi-disant « printemps
syrien ». La Syrie était alors un pays
relativement paisible. Sevra ne
s’imaginait pas un seul instant que ce
pays allait subitement basculer dans
l’horreur.
Face à l’escalade de la violence, sa
famille la supplia de rentrer en
Turquie.
Mais elle refusa, préférant appuyer la
résistance du peuple syrien contre
l’impérialisme et ses mercenaires qui
sèment la terreur dans le pays.
Sevra servit d’abord d’interprète en
turc pour l’agence syrienne
d’information SANA.
Puis, du jour au lendemain, elle se
retrouva sous le feu des projecteurs en
tant que présentatrice du journal
télévisé syrien en langue turque.
Depuis quelques mois, elle écrit des
articles pour Sol
(La gauche), le journal du Parti
communiste de Turquie (TKP).
Dans son dernier billet, Sevra révèle
que l’extermination silencieuse des
alaouites par les groupes takfiris porte
un nouveau nom de code : « bidon
d’huile »
Elle y explique que « bidon d’huile » (galounet
zeyt en arabe) est un surnom utilisé
par les djihadistes syriens pour
désigner les alaouites.
Aux check-points tenus par la rébellion,
les chauffeurs de bus qui sont de mèche
avec les terroristes communiqueraient à
ces derniers le nombre de « bidons
d’huile » se trouvant à bord de leur
véhicule.
Les alaouites identifiés comme tels
seraient alors arrêtés et fusillés.
Certaines victimes ne seraient cependant
pas massacrées sur-le-champ.
Sevra nous a en effet confié que
plusieurs milliers d’alaouites sont
d’abord utilisés comme esclaves sur le
front.
Les alaouites faits prisonniers seraient
forcés de creuser des tunnels servant à
acheminer des combattants, des armes et
des vivres aux groupes terroristes.
D’après plusieurs témoignages recueillis
par Sevra, une fois le travail accompli,
les esclaves seraient éliminés.
Les dizaines de kilomètres de galeries
découvertes par l’armée syrienne en
divers endroits du pays s’expliqueraient
ainsi par la mobilisation massive de
prisonniers par les groupes djihadistes
dans les travaux de creusement.
Sevra reproche à certaines ONG
internationales de minimiser voire de
nier le projet génocidaire des groupes
djihadistes actifs en Syrie.
Espérons que le monde entende sa voix
avant que les terroristes ne la fasse
taire à jamais.
Bahar Kimyongür
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