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Israël: lancer la guerre en Palestine
avant le départ de Bush
Andreï Fediachine
Photo RIA Novosti
Mardi 30 décembre 2008 Même les experts militaires israéliens
sont unanimes à croire que l'actuelle opération contre les
Palestiniens sera incapable de museler définitivement le Hamas.
Les "frappes ciblées" sont impossibles dans la bande de Gaza,
une région très peuplée. Lorsque les guerres commencent en
prévision des fêtes ou pendant les vacances, elles doivent avoir
des raisons beaucoup plus importantes que celles que vient de
citer le premier ministre israélien. Israël est
traditionnellement très bien informé de ce qui se passe dans les
territoires palestiniens. Il serait donc extrêmement insensé de
croire qu'on pourrait détruire le Hamas tout simplement en
lançant une opération militaire contre les Palestiniens.
Les ministres israéliens devaient entrevoir quelque chose de
vraiment très préoccupant pour ordonner le lancement d'une
opération punitive. La réponse est double: il s'agit des
prochaines élections législatives en Israël, programmées pour
février 2009, mais également du changement d'administration aux
Etats-Unis.
Tzipi Livni, vice-premier ministre et ministre israélienne
des Affaires étrangères, leader du parti Kadima (centre), brigue
le poste de premier ministre, qu'elle décrochera en cas de
victoire aux élections. Son principal adversaire est Benyamin
Netanyahou, leader du parti Likoud (droite) surnommé Bibi,
ancien premier ministre israélien, qui est très bien connu en
Israël.
La pratique montre qu'en prévision de n'importe quelles
élections en Israël, c'est le candidat qui se montre implacable
à l'égard des Arabes qui possède les atouts. Les roquettes
primitives du Hamas (les "Qassam"), bien qu'elles n'atteignent
que très rarement leurs cibles, terrorisent constamment plus de
250.000 Israéliens, dont les maisons se trouvent dans le Sud du
pays, à portée des roquettes tirées depuis les positions
improvisées dans la bande de Gaza. Pour Israël, 250.000 voix
constituent un chiffre très important. Et la cote de popularité
de Tzipi Livni a beaucoup augmenté après le lancement de
l'actuelle opération anti-palestinienne.
Le "facteur américain" poussait lui aussi la vice-premier
ministre, ainsi que le ministre israélien de la Défense, Ehoud
Barack, à se dépêcher "d'ouvrir le front" et de lancer une
guerre victorieuse contre le Hamas. Les analystes israéliens
n'arrivent toujours pas à prévoir la future politique
proche-orientale de la nouvelle administration de Barack Obama.
Tout le monde ici est très préoccupé par les déclarations qu'Obama
avait faites auparavant, et que les Israéliens trouvent trop
"pro-palestiniennes".
A en croire les journaux israéliens, d'habitude très bien
informés, la préparation de l'actuelle opération militaire a
commencé il y a déjà longtemps. Haaretz, par exemple, écrit que
la collecte d'informations nécessaires pour son lancement a
commencé il y a six mois. A la mi-décembre, la question s'est
posée de savoir quand il fallait la lancer, cette année ou
l'année prochaine, avant ou après la cérémonie d'investiture de
Barack Obama. Tel-Aviv n'était pas certain de la réaction de
l'administration Obama à cette opération, et il s'est donc hâté
d'agir, en espérant avoir le soutien assuré de la part de
l'administration Bush, avant que celui-ci ne parte.
Tzipi Livni et Ehoud Barack ont sans doute jugé qu'il valait
mieux mettre Obama devant le fait accompli, après avoir passé le
point de non-retour.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
© 2008 RIA Novosti
Publié le 2 janvier 2009
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