Les blogs du Diplo
Bilan à Gaza
Alain Gresh
Samedi 14 mars 2009 Une polémique, relayée sur le blog, s’est
déroulée sur le nombre de victimes de l’attaque israélienne
contre Gaza. Depuis, le Palestinian Centre for Human Rights
(PCHR) a réalisé une enquête détaillée et arrive, dans un
rapport du 12 mars intitulé « Confirmed
figures reveal the true extent of the destruction inflicted upon
the Gaza Strip », aux chiffres suivants : 1 434 morts, dont
960 civils, 239 policiers, et 235 combattants. Parmi eux,
288 enfants et 121 femmes. L’organisation fournira la liste des
noms des personnes décédées la semaine prochaine.
Un intéressant article de Benjamin Barthe, paru dans Le
Monde (12 mars) sous le titre : « A
Gaza, le travail de fourmi des ONG pour dénombrer les morts de
la guerre », permet de suivre la méthode de travail du PCHR.
« Mohamed Ghanem est l’un de ces petits comptables.
Quartier après quartier, en s’aidant des posters placardés sur
les murs et de son réseau d’informateurs, il piste le domicile
des chahid (martyrs) tués durant les 22 jours de l’offensive
israélienne (27 décembre - 18 janvier). Une fois arrivé à
destination, il interroge les proches du défunt et note sur un
formulaire les circonstances de sa mort. Puis il avale la tasse
de café réglementaire, glisse dans son blouson le rapport
médical qu’on lui tend et s’en va frapper à la porte du chahid
suivant. »
« “Pendant la guerre, à cause du danger et de la masse de
travail, on n’a pas pu tenir une comptabilité précise”, raconte
ce jeune employé du Centre palestinien pour les droits de
l’homme (plus connu sous ses initiales anglaises PCHR). Aussitôt
après le cessez-le-feu, le PCHR, qui est l’ONG palestinienne la
plus réputée dans ce domaine, a donc recruté une vingtaine
d’enquêteurs supplémentaires. “On travaille rue par rue, dit
Mohamed. Avec mon équipe, j’ai déjà enregistré 622 martyrs. Rien
que sur Gaza-ville.” » (...)
« Ces enquêtes ont permis de confirmer ce que les
observateurs postés dans les hôpitaux ont très vite compris. A
savoir que les civils constituent non pas simplement la
majorité, mais l’immense majorité des morts de l’offensive
israélienne. »
« “Nos données, collectées de façon indépendante, sans
tenir compte des chiffres du ministère de la santé, suggèrent
que 82 % des tués n’étaient pas des combattants”, dit Hamdi
Shaqura, responsable de ce dossier au PCHR. Un ratio que
corrobore Essam Younès, le directeur du Centre Mezan, et Mohamed
Sabah, le correspondant de B’Tselem, une organisation
israélienne de défense des droits de l’homme. »
(...) « Dans le camp de Chati, Mohamed Ghanem, le petit
télégraphiste du PCHR, poursuit sa comptabilité macabre. Il
pénètre au domicile d’Omar Shams, 21 ans, membre du Jihad
islamique. Son père affirme qu’il a été tué par une roquette
tirée en pleine rue alors qu’il faisait des courses. Mais le
rapport médical est incomplet. L’enregistrement d’Omar dans la
liste des “martyrs” de la guerre est donc suspendu le temps de
recueillir des informations supplémentaires. »
« “Il y a eu beaucoup de règlements de comptes internes
pendant l’attaque, dit Mohamed en quittant la famille. On fait
très attention à ne pas confondre ces morts avec ceux tués par
l’armée israélienne.” Dans la rue, l’un de ses informateurs lui
indique avoir repéré un nouveau foyer endeuillé. Mohamed referme
son blouson, rassemble son paquet de formulaires et prend la
route vers son 624e “martyr”. »
Sur son blog du quotidien Le Monde, sous le titre « Ramallah-Bethléem
par bateau » (12 mars), Gilles Paris salue « à sa juste
mesure le coup de génie cartographique qui figure à la page 129
de l’Atlas 2009 du Monde diplomatique [en kiosques]
intitulé
Un monde à l’envers. »
« L’auteur de la carte en question, Julien Bousac, a
imaginé la Cisjordanie, émiettée en une multitude de confettis
séparés les uns des autres par les colonies israéliennes, les
espaces contrôlés par l’armée et les barrages israéliens, comme
un archipel d’îles et d’îlots. »
« L’extrait ci-dessous donne une idée - très partielle -
de cette traduction inventive et magistrale de la politique
israélienne de bouclages détaillée avec précision par l’Office
de coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations
unies qui a fourni le matériau de cette carte. »
Par ailleurs, Le Monde diplomatique publie dans son
numéro de mars un article de Richard Falk, rapporteur
spécial des Nations unies sur les droits de l’homme dans les
territoires occupés, intitulé « Nécessaire inculpation des
responsables de l’agression contre Gaza ».
Enfin, je voudrais signaler les notes de voyage de Jacques
Fournier en Palestine, publiées sur son blog,
Action publique, et qui existent aussi en brochure sous le
nom « Retour
de Jérusalem ».
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