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Entretien


« La conférence sur le conflit
israélo-palestinien doit avoir lieu »

Le président autrichien, Heinz Fischer, s’est entretenu cette semaine au Caire avec le chef de l’Etat égyptien. Il fait part à l’Hebdo de cet entretien et présente la vision de son pays pour le règlement du conflit du Proche-Orient.


Le Président autrichien Heinz Fischer

Mercredi 31 octobre 2007

Al-Ahram Hebdo : Dans quel cadre s’inscrit votre visite dans la région et spécialement en Egypte ?

Heinz Fischer : La situation au Moyen-Orient est particulièrement compliquée avec les préparatifs de la conférence d’Annapolis aux Etats-Unis qui devrait se tenir en novembre. Le président Moubarak pense que si cette conférence réussit, elle pourra avoir une grande signification pour la région, mais si elle échoue, cela aura une répercussion très négative sur toute la région. Et l’Autriche a toujours manifesté un intérêt particulier pour le conflit du Moyen-Orient, alors même qu’elle ne faisait pas encore partie de l’Union européenne, à une époque où nous élaborions seuls notre politique extérieure. Aujourd’hui, dans le cadre de l’UE, nos avons l’avantage de pouvoir jouer un rôle au sein d’un groupe de pays importants. Mais nous continuons à travailler nos relations bilatérales avec chaque pays, comme c’est le cas avec l’Egypte. Et chaque fois qu’il y a des discussions sur la politique du Moyen-Orient, nous privilégions les solutions pacifiques. Nous comprenons la situation très difficile des Palestiniens et accordons un soutien à toutes les actions qui rendent la vie des Palestiniens plus facile.

Je suis venu également en Egypte pour discuter des dossiers de l’Iran et de l’Iraq et puis aussi de la candidature de l’Autriche pour un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies. A la fin de notre rencontre, j’ai invité le président Moubarak à nous rendre visite en Autriche et il a accepté. Je l’avais reçu à Vienne l’année dernière où il m’avait invité à venir en Egypte.

- Comment peut-on espérer un résultat positif de la conférence d’Annapolis sur le conflit israélo-palestinien alors qu’à ce jour les protagonistes n’ont même pas réussi à se mettre d’accord sur son ordre du jour ?

- Personne ne peut garantir quoi que ce soit sur les résultats. Le président américain George W. Bush a annoncé la tenue de cette conférence, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice est en train de travailler là-dessus. Il est vrai que pour le moment, ni la date, ni l’ordre du jour, ni les participants à cette conférence sur le conflit israélo-palestinien n’ont été définis. Pourtant, l’Europe accepte et apporte son soutien à ce projet car nous pensons qu’il s’agit d’une bonne opportunité pour réaliser une avancée, même si nous pensons également que les risques d’échec sont aussi importants. Et nous espérons que les problèmes auxquels nous faisons face pour la tenue de cette rencontre pourront être résolus. Mais l’idée que je soutiens est que la conférence sur le conflit israélo-palestinien doit avoir lieu et doit être dédiée à la résolution des problèmes entre Palestiniens et Israéliens.

- Vous avez discuté avec le président Moubarak du dossier nucléaire de l’Iran. Partagez-vous la vision du président américain qui a déclaré que la possession de l’arme nucléaire par l’Iran pourrait déclencher une troisième guerre mondiale ?

- D’abord, je veux dire clairement que je ne prononcerais jamais de déclarations politiques sur d’éventuelles guerres mondiales. Ceci n’est pas mon langage. Puis, j’ai appris dans ma vie que l’emploi des moyens militaires, en particulier sans l’aval des Nations-Unies, ne contribue jamais à la résolution des problèmes. On peut peut-être résoudre de cette manière une partie des problèmes, mais il faut aussi savoir qu’en même temps, on en crée de nouveaux. Pour cette raison, je défends fermement l’idée selon laquelle tous les problèmes du XXIe siècle doivent être résolus par la voie pacifique. Le droit doit prévaloir et être respecté, non seulement au niveau national mais aussi sur le plan international. Telle est ma conviction. Mais il faut par contre admettre que la situation vis-à-vis de l’Iran est très compliquée et crée une situation très difficile. Je crois cependant à la politique à double voie. Ceci veut dire mener, d’un côté, une politique de négociation et avoir même la disposition d’offrir à l’Iran des avantages en matière de coopération et, de l’autre côté, adopter une position ferme et unifiée visant à prendre très au sérieux les résolutions des Nations-Unies liées à cette question. Celle-ci me semble être la meilleure option qui se présence en ce moment sur le dossier iranien.

- Israël possède l’arme nucléaire et aucun pays européen ou occidental ne semble montrer la moindre disposition à exercer des pressions sur lui pour qu’il s’en débarrasse. Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?

- Je sais que cet argument est utilisé par les Iraniens, mais si l’on commence à lier un problème à un autre, puis à un troisième ou à un quatrième, ceci n’aidera en rien. Si l’on commence à faire un lien avec Israël, puis un autre avec l’Inde, et d’autres encore, cela ne mènera nulle part. Je respecte l’Iran, il s’agit d’un pays important avec une longue histoire, mais je rejoins tous ceux, dont le président Moubarak, qui pensent qu’il serait un vrai problème si l’Iran venait à acquérir l’arme nucléaire. Pour cette raison, nous devons utiliser tous nos moyens et notre intelligence pour faire en sorte, et en prenant pour base les résolutions des Nations-Unies, que l’Iran ne puisse pas avoir la capacité de produire l’arme nucléaire.

- Vous dites cela alors que l’Autriche, avec 24 autres pays de l’UE, se sont abstenus au Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de soutenir une proposition égyptienne de rendre le Moyen-Orient libre des armes nucléaires …

- Je serais très heureux si le Moyen-Orient était complètement dépourvu d’armes nucléaires. Et je serais la personne la plus heureuse au monde si cette arme n’existait nulle part. Mais ceci malheureusement est une utopie. Je suis convaincu que plus on aura d’armes nucléaires dans le monde, ce sera le pire pour tout le monde.

- Un sommet Europe-Afrique doit se tenir début décembre à Lisbonne, au Portugal. Qu’attend l’UE de ce sommet avec l’Afrique ?

- Ce type de coopération entre l’Europe et l’Afrique a été décidé il y a environ dix ans, lors d’un sommet au Caire. Puis il y a eu de nombreuses hésitations quant à la tenue d’un nouveau sommet à cause de la participation du président du Zimbabwe, Robert Mugabe. Pour cette raison, le sommet a été reporté à plusieurs reprises. Maintenant, espérons que le sommet pourra enfin avoir lieu au Portugal. Si le président Mugabe insiste à participer, le sommet Europe-Afrique ne devra pas être annulé. Je pense qu’il y aura des réactions négatives de la part de la Grande-Bretagne, éventuellement aussi d’un ou deux autres pays, mais je pense que le sommet doit avoir lieu car, nous ne devons pas punir tous les autres pays africains en annulant cette réunion, seulement pour exprimer notre mécontentement quant à la participation du président Mugabe.

- Que peuvent concrètement offrir l’Autriche et l’Europe des 27 au continent noir ?

- La vérité est que l’Autriche, au cours des 10 ou 15 dernières années, a été fortement engagée dans les questions liées à notre voisinage direct en Europe de l’Est. Nous devons donc admettre que nous n’étions pas capables d’accorder l’attention nécessaire aux développements en Afrique. Maintenant que l’Union européenne a pris une décision sur l’adoption d’une stratégie vis-à-vis de l’Afrique, il est vraiment temps que l’Autriche, tout comme les autres pays européens, accorde plus d’intérêt, de temps et d’attention aux développements de l’Afrique.

Propos recueillis par
Randa Achmawi

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Publié le 3 novembre 2007 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo



Source : Al-Ahram hebdo
http://hebdo.ahram.org.eg/...


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