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Ballon
d’oxygène
Khaled Saad Zaghloul
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Liban
. Les
promesses d’aides enregistrées jeudi dernier à la conférence
de Paris III dépassent 7,6 milliards de dollars, signal d’un
fort soutien de la communauté internationale au pays du Cèdre.
Outre
l’aide financière, la plus importante jamais promise au Liban,
Fouad Siniora a également obtenu un soutien politique clair à
son gouvernement dont tous les participants à la conférence de
Paris III ont reconnu la « légitimité » que lui dénie
l’opposition libanaise, conduite par le Hezbollah chiite. Le
Liban a engrangé jeudi dernier des milliards de dollars de
promesses d’aides. 7,6 milliards, a précisé Jacques Chirac, à
l’issue de la conférence internationale sur le soutien au Liban
qui a été organisée à Paris, avec la participation de quarante
pays.
Les
participants à
la conférence égrenaient leurs promesses de dons, tout en se
tenant régulièrement informés sur les affrontements qui se déroulaient
au même moment à Beyrouth. Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite
et les pays de l’Union Européenne (UE), au premier rang
desquels la France, fourniront la contribution la plus importante.
Riyad a été comme d’habitude la plus généreuse et a promis
1,1 milliard de dollars et Washington 770 millions, afin de réaffirmer
son soutien à « un Liban souverain, démocratique et prospère
», a expliqué sa secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice. L’UE
a promis 520 millions d’euros et l’Italie 120 millions, tandis
que la France accordait 500 millions d’euros de prêts à
conditions avantageuses pour prendre ses responsabilités lors de
ce que Jacques Chirac, qui présidait la conférence, a estimé être
« une occasion unique pour réaffirmer avec force notre vœu
d’un Liban uni (...) dans le respect de toutes ses composantes
». L’Egypte a proposé 44 millions de dollars, une petite somme
mais loin devant la proposition de la Chine (4 millions
seulement).
Les
organisations financières internationales ne seront pas en reste,
puisque la Banque mondiale va effectuer un « effort
extraordinaire », pour reprendre les termes de son président,
Paul Wolfowitz, soit 1 milliard de dollars, et la Banque européenne
d’investissement octroiera 960 millions d’euros, la
contribution européenne représentant donc 40 % du total.
Menaces
de blocage
Le
Fonds islamique de développement a en outre accordé une aide de
250 millions, mais plusieurs pays, dont le Japon, le Koweït et
Bahreïn, n’ont pas précisé le montant de leur générosité.
Au final, l’aide est nettement supérieure aux 4,2 milliards de
dollars promis lors de la conférence de Paris II, en 2002 ; seuls
2,4 milliards de dollars avaient été versés, le programme de réformes
promis par Beyrouth n’ayant pu être mené à bien en raison de
blocages institutionnels. Lesquels menacent toutefois plus que
jamais le pays, puisque le Hezbollah et ses alliés regroupés
autour de Michel Aoun ne font pas mystère de leur intention
d’obtenir la chute du gouvernement, qu’ils jugent illégitime
désormais. Ce dernier a souligné : « Si nous ne réalisons pas
les objectifs du programme de réformes, cela pourrait mettre en
danger nos objectifs plus vastes de stabilisation politique et
sociale ». Mais on peut se demander comment le gouvernement
pourrait mettre en pratique ses ambitieuses réformes, d’un coût
social non négligeable, dans les conditions politiques actuelles.
Le
premier ministre libanais, Fouad Siniora, va devoir s’atteler à
la réduction de l’énorme dette publique du pays tout en se
gardant des dérives de la rue.
Or,
les institutions de l’Etat sont paralysées depuis la démission
des ministres chiites du gouvernement Siniora à la mi-novembre.
Et, la paralysie du Parlement, présidé par le dirigeant opposant
Nabih Berri, rend impossible la mise en œuvre du plan de réformes
proposé par le gouvernement, et que doit accompagner l’aide
internationale.
«
Nous comptons sur les privatisations, en plus des liquidités
provenant des bailleurs de fonds pour réduire l’endettement
public (41 milliards de dollars) », a indiqué, à l’Hebdo, le
ministre des Finances, Jihad Azour. Or, cette perspective de
sortie de la crise économique risque de rester un vœu pieux, en
l’absence d’un règlement de la crise politique. Il est donc
évident qu’il faut organiser un nouveau partage du pouvoir, et
accorder une plus grande place aux chiites dans les institutions.
De
nombreux responsables libanais reconnaissent qu’un règlement de
la crise passe par Damas et Riyad. La Syrie soutient une majorité
de l’opposition, alors que l’Arabie saoudite est proche de la
majorité pro-occidentale. « Il faut inclure la Syrie dans le
jeu. L’intérêt du Liban est d’organiser ses relations avec
Damas », convient Eric Rouleau, ancien ambassadeur et spécialiste
du Moyen-Orient. Mais aujourd’hui, l’impasse paraît totale,
malgré les initiatives diplomatiques pour régler la crise. Une
solution évoquée à Paris par Fouad Siniora consiste à former
un gouvernement au sein duquel la majorité et l’opposition ne
pourraient pas imposer une décision sur des sujets importants,
mais sans le « droit de veto » réclamé par l’opposition.
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