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Al-Ahram Hebdo
La tension reste vive
Abir Taleb
Photo Al-Ahram
Mercredi 30 septembre 2009
Palestine.
La situation reste extrêmement tendue suite
aux heurts israélo-palestiniens de dimanche dernier à Jérusalem
et au blocage politique.
Un calme précaire est revenu à Jérusalem-Est
après les heurts qui ont opposé dimanche dans la Vieille ville
des Palestiniens et des policiers israéliens et qui ont fait
plusieurs blessés de part et d’autre. Lundi matin, les magasins
ont été rouverts après une grève partielle du commerce de la
veille en protestation contre l’intervention de la police
israélienne sur l’Esplanade des mosquées. Les premiers heurts
avaient éclaté dans la matinée de dimanche sur l’Esplanade,
lorsque environ 150 musulmans avaient attaqué à coups de pierres
un groupe constitué de fidèles juifs venus y prier par
provocation. Une version israélienne qui reste à prouver. La
police israélienne a assuré pour sa part qu’il s’agissait de
touristes, mais depuis plusieurs jours, le Waqf (l’office des
biens musulmans) se plaignait de visites d’ultranationalistes
israéliens sur le site. Dans la partie orientale de la ville, de
jeunes Palestiniens ont ensuite affronté les forces de l’ordre
déployées en nombre dans les rues étroites de la Vieille ville
en leur jetant des pierres, les policiers répliquant avec des
grenades assourdissantes. Les affrontements ont fait une dizaine
de blessés parmi les manifestants et la police israélienne a
procédé à 11 arrestations.
Suite à ces incidents, l’Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbass a accusé les autorités
israéliennes de « crime nécessitant l’intervention immédiate de
la communauté internationale » et averti que de telles actions «
détruisaient tous les efforts pour ramener la paix et établir un
Etat palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale ». «
Nous réagissons (à ces événements) avec beaucoup de colère parce
qu’ils constituent un nouvel épisode d’une série de crimes et
d’abus commis par les Israéliens contre le peuple palestinien »,
a fustigé le ministre palestinien des Affaires religieuses,
Mahmoud Habbache.
De son côté, le mouvement islamiste Hamas,
qui a dénoncé un « crime sioniste », a organisé des
manifestations de protestation dans la bande de Gaza qui ont
rassemblé plusieurs milliers de personnes. D’autres islamistes à
Gaza ont appelé à un soulèvement en guise de représailles.
Malgré le retour au calme, la situation
reste explosive. Les incidents de dimanche dernier rappellent en
effet ceux de septembre 2000, lorsque la visite à Al-Aqsa
d’Ariel Sharon, alors premier ministre israélien, avait provoqué
de graves violences à l’origine de la seconde Intifada
(soulèvement) palestinienne. Or, aujourd’hui, la situation n’est
guère meilleure. Les Palestiniens sont de plus en plus frustrés
et désespérés par le blocage dans le processus de paix, et
l’Autorité palestinienne, impuissante, perd de sa crédibilité
auprès de son peuple. Seul le Hamas continue à avoir la cote.
Recul américain
Face à l’intransigeance israélienne et
l’incompétence américaine dans le dossier proche-oriental, le
président Mahmoud Abbass se trouve dans une situation bien
délicate. D’autant plus que l’enthousiasme généré par l’arrivée
au pouvoir au début de l’année de Barack Obama s’est dissipé. Et
l’espoir d’une reprise des négociations de paix s’amoindrit
comme une peau de chagrin.
Les affrontements de cette semaine sont en
effet intervenus quelques jours après le sommet tripartite du 22
septembre, tenu à New York entre Mahmoud Abbass, Benyamin
Netanyahu et Barack Obama. Un sommet qui ne s’est soldé sur rien
de concret. Et l’expression « gel de la colonisation » aura été
absente au cours de cette rencontre. Elle n’a été prononcée ni
par Barack Obama, qui a fait une courte allocution devant les
deux hommes, ni par George Mitchell, le négociateur américain,
qui s’efforce depuis janvier de créer les conditions favorables
à la reprise du processus de paix. Depuis des mois pourtant,
l’administration américaine essayait d’obtenir l’arrêt, au moins
temporaire, des constructions en Cisjordanie, dont la partie
palestinienne avait fait un préalable. En recevant le premier
ministre israélien, au mois de mai, M. Obama l’avait réclamé. La
secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, l’avait répété. En vain.
Quant à M. Abbass, il continue de plaider
pour un gel de la colonisation dans les territoires occupés,
avertissant que sa poursuite anéantirait toute chance de paix
avec Israël. Et il continue à faire preuve de bonne volonté. «
Je redis l’attachement de l’OLP, seul représentant légitime du
peuple palestinien, de parvenir à une paix juste et durable
basée sur les résolutions internationales », a-t-il dit face à
l’Assemblée générale des Nations-Unies.
S’agit-il là d’un échec de la diplomatie
américaine ? Tout porte à le croire puisque les efforts de la
Maison Blanche pour tenter de convaincre le gouvernement de
Benyamin Netanyahu de stopper la colonisation n’ont abouti à
aucun résultat. Pire encore, au grand dam des Palestiniens,
Washington semble désormais mettre de l’eau dans son vin. Plutôt
que de faire pression sur les Israéliens, ce sont les Américains
qui ont, semble-t-il, fléchi devant les pressions du
gouvernement israélien. A l’Assemblée générale de l’Onu, M.
Obama a appelé à la reprise des négociations sans conditions
préalables entre Israéliens et Palestiniens. Un pas en arrière
puisque c’est une manière d’esquiver la question de la
colonisation. L’administration américaine semble vouloir
maintenant inclure ce sujet parmi les questions à aborder lors
des négociations, alors qu’elle réclamait tout simplement, il y
a quelques mois, le gel des activités de colonisation.
Mais Washington tente tant bien que mal de
poursuivre ses efforts. La diplomatie américaine veut que les
alliés arabes des Etats-Unis s’impliquent pour aider à la
reprise des négociations au Proche-Orient, a indiqué samedi le
département d’Etat. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a
défendu ce point de vue lors d’une rencontre en marge de
l’Assemblée générale de l’Onu, avec ses homologues des six
monarchies pétrolières du Golfe (Conseil de Coopération du
Golfe, CCG), auxquels se sont ensuite joints les ministres
iraqien, jordanien et égyptien. « Nous voudrions voir des signes
tangibles montrant le sérieux avec lequel les Arabes voient le
processus (de paix), afin d’aider à établir en Israël le climat
politique adéquat pour les négociations », a déclaré à New York
Jeffrey Feltman, secrétaire d’Etat adjoint chargé du
Proche-Orient. Selon M. Feltman, les Etats-Unis espèrent que ces
pays, tous proches alliés de Washington, trouveront aussi « un
moyen de soutenir le président (palestinien) Abbass et son
équipe quand ils iront négocier ».
L’on se demande cependant comment il est
possible de relancer le processus de paix dans de telles
conditions. Les deux parties ne discutent plus aujourd’hui que
de la reprise ou non des discussions. Celle-ci se heurte au
refus israélien d’arrêter complètement la colonisation en
Cisjordanie, et à celui du président palestinien Mahmoud Abbass
de discuter dans de telles conditions. Une impasse qui risque de
durer encore longtemps.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 30 septembre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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