Opinion
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Les effondrements palestiniens :
jusqu'où iront-ils ?
Wahid
Abdel-Méguid
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Photo Al-Ahram
Mercredi 26 novembre 2008
La situation en Palestine est
gravement bloquée et il semble que l’unique issue est de
s’engager dans un dialogue national sérieux sous un parrainage
arabe. La réunion extraordinaire des ministres arabes des
Affaires étrangères peut constituer le lancement de ce dialogue.
L’effondrement des efforts déployés par Le Caire en vue de son
lancement a coïncidé avec les prémices de l’effondrement de la
trêve entre le Hamas et Israël, à Gaza. En même temps, la petite
lueur d’espoir de parvenir à un accord entre l’autorité de
Ramallah et le gouvernement de Tel-Aviv avant la fin de l’année
courante a disparu. Au milieu de ces trois « effondrements », la
situation en Palestine devient de plus en plus détériorée juste
avant la consécration du président américain élu Barack Obama.
Celui-ci, en prenant les clés de la Maison Blanche, recevra
également le lourd héritage que lui a légué l’Administration
George Bush. Malgré l’impact lourd de « ces effondrements » sur
les citoyens palestiniens qui luttent sur leurs territoires à
Gaza et en Cisjordanie, ils espèrent encore qu’il sera question
d’une simple « épreuve difficile » qu’ils pourront dépasser
comme les crises précédentes.
Or, l’attente d’un changement
dans la politique américaine peut durer, non seulement à cause
de l’agenda chargé de la nouvelle Administration, mais aussi
parce que chaque « effondrement » suffit, à lui seul, à faire
reculer la position de la cause palestinienne sur la liste des
intérêts du groupe de travail chargé de la politique étrangère
au sein de l’Administration Obama.
Les efforts pacifiques visant à
régler le conflit palestino-israélien ont échoué quand il n’y
avait qu’une seule autorité dominant la Cisjordanie et le
secteur de Gaza. Alors comment espérer la réussite de ces
efforts dans le contexte de la division palestinienne qui a
séparé le rang palestinien en 2 camps en conflit ? Aujourd’hui,
les discours du Fatah et du Hamas sont remplis d’expressions
qu’ils s’adressent mutuellement et qui n’avaient jamais été
employées que pour attaquer Israël.
Les 2 parties sont aujourd’hui
prêtes à exprimer plus de flexibilité envers Israël, et non pas
l’une envers l’autre. Le président Mahmoud Abbass se réunit de
temps en temps avec Olmert pour discuter pendant des heures,
mais en vain. En même temps, il refuse par exemple de se réunir
avec Khaled Mechaal, président du bureau politique du mouvement
Hamas. Et quand l’Egypte a effectué des contacts pour préparer
un dialogue interpalestinien, la direction du Fatah refusait de
rencontrer le Hamas. En contrepartie, ce dernier qui détient le
pouvoir du fait accompli à Gaza ne trouve aucun inconvénient à
se mettre d’accord sur une trêve ou une accalmie avec Israël. Et
ce, sans trouver une raison assez suffisante pour calmer le
conflit avec le Fatah à Gaza. Sans oublier que les dirigeants et
les membres des 2 parties sont exposés à des pratiques
provocantes échangées. Cette scène ne peut en aucun cas
encourager qui que ce soit à tenter de relancer le processus de
paix palestino-israélien, soit à travers Annapolis ou autre axe.
Il est donc fort probable que
l’Administration Obama mette la cause palestinienne de côté,
comme l’avait fait l’Administration Bush en début de l’année
2001. Puis, elle s’est trouvée obligée au cours de son second
mandat de tenir la conférence d’Annapolis dans une tentative de
compenser l’échec américain en Iraq. Or, les négociations
palestino-israéliennes qui ont duré un an sous le parrainage de
Condoleezza Rice n’ont abouti à rien. Donc, il n’y a rien
d’encourageant qui puisse inciter l’Administration d’Obama à
travailler sur ce dossier.
Par conséquent, il semble que si
l’Administration Obama trouve le temps et l’effort nécessaires à
travailler sur le dossier du conflit arabo-israélien, elle
optera pour la ligne Damas-Tel-Aviv que la Turquie a rouverte en
parrainant des contacts indirects pendant les derniers mois.
Ceci ne signifie pas que l’accord
de paix syro-israélien est plus facile à réaliser, mais il est
en étroite liaison avec la problématique iranienne qui figure en
tête de liste des priorités de la nouvelle Administration
américaine.
Aujourd’hui, 2 théories sont
discutées dans les cercles académiques politiques aux
Etats-Unis, à propos de la relation entre les négociations
syro-israéliennes et l’Iran. Selon les partisans de la première
théorie, et qui est la plus répandue, il est possible de
convaincre Damas de s’éloigner de Téhéran en contrepartie de la
reconnaissance du rôle de la Syrie et de ses intérêts régionaux,
et de la récupération du Golan occupé. Et ce, dans le cadre d’un
accord historique non seulement avec Israël, mais aussi avec les
Etats-Unis.
Quant à la seconde théorie moins
répandue mais aussi importante, elle se base sur le principe de
transformer les contacts indirects entre la Syrie et Israël en
négociations directes en leur attribuant un caractère plus
sérieux. Ce qui constituerait une pression sur Téhéran visant à
l’obliger à exprimer plus de flexibilité dans le contexte de
l’existence de la nouvelle Administration américaine, de peur de
se retrouver seul face à l’Occident, dans le cas de la réussite
des négociations avec la Syrie.
Donc, si la division
palestinienne dure encore, il n’y aura aucune chance de
ressusciter le processus de paix.
C’est ainsi que 2 scénarios sont
probables en Palestine pendant les premiers mois du mandat d’Obama,
l’un pire que l’autre. Le premier scénario probable est que la
situation restera comme telle avec une détérioration limitée,
c’est-à-dire une détérioration quantitative et non
qualificative.
Quant au scénario pire après
l’échec de l’accalmie, il suppose le déclenchement d’une guerre
inégale où les forces israéliennes envahiraient le secteur de
Gaza pour le détruire complètement, alors que le Hamas et les
autres factions dans ce secteur monopoliseraient tous les moyens
et forces possibles et disponibles pour causer le maximum de
pertes dans le camp des forces envahissantes. Dans ce scénario,
le pire sera peut-être de voir la division palestinienne se
concrétiser pratiquement pour la première fois. En effet, jamais
une partie des Palestiniens ne s’est engagée dans un conflit
pareil sans le soutien des autres factions.
Donc, dans le cas où le second
scénario se réaliserait, la cause palestinienne sera enterrée à
jamais. Or, ceci ne signifie pas que les répercussions du
premier scénario seront moins lourdes, car la fissure qui peut
se produire à cause de la poursuite de la division palestinienne
sera irréparable.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 26
novembre 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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