Entretien

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La conférence de paix doit aboutir à des résultats
suivant un calendrier clair »
Propos recueillis par Aïcha Abdel-Ghaffar
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Le ministre des Affaires étrangères,
Ahmad Aboul-Gheit,
expose la position de l’Egypte sur les dossiers chauds de
la Palestine, de l’Iraq et du Darfour, qui seront débattus à
l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Ahmad Aboul-Gheit - Photo Al-Ahram
Mercredi 26 septembre 2007
Al-ahram hebdo :
Le règlement de la question palestinienne est au cœur des débats
de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui commencent ce
mardi 25 septembre. Une conférence de paix est également prévue
en novembre aux Etats-Unis. Quelles sont les perspectives d’un règlement
?
Ahmad
Aboul-Gheit : Le problème palestinien
représente le cœur du conflit dans la région, la position de
l’Egypte est la suivante : premièrement, œuvrer à améliorer
les conditions de vie du peuple palestinien en exerçant des
pressions sur Israël afin qu’il prenne des mesures véritables
et concrètes donnant au citoyen palestinien l’espoir qu’il y
aura un meilleur lendemain. Il s’agit donc de mesures comprenant
l’abolition des entraves qui gênent la circulation des citoyens
et du commerce en Cisjordanie, l’arrêt de la construction de
colonies et de la judaïsation de Jérusalem ainsi que toutes les
actions qui portent atteinte au patrimoine islamique et arabe.
Nous soutenons la nécessité
de prendre ces mesures qui ont pour but d’améliorer l’état sécuritaire
entre Israël et les territoires palestiniens et qui consolident
les démarches du président Mahmoud Abbass et du premier ministre
Salam Fayad visant à maintenir la sécurité en Cisjordanie. Nous
appuyons également l’action du gouvernement palestinien en
faveur du développement de la bande de Gaza et de la Cisjordanie,
ainsi que la promotion des conditions économiques de la
population. Cela implique la poursuite des efforts de la communauté
internationale dans l’octroi d’une assistance à l’Autorité
palestinienne. Nous commençons une action dans ce sens avec
l’invitation à réunir une commission chargée de la gestion
des différentes aides au peuple palestinien en marge des réunions
de l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Deuxièmement, il
ne faut pas oublier le volet politique qui nécessite la relance
des négociations entre les deux parties. Nous soutenons la conférence
qui doit avoir lieu aux Etats-Unis et nous insistons sur la bonne
préparation de cette réunion afin d’aboutir à des résultats
concrets établissant la paix selon un calendrier clair ... et
ceci avec l’appui de toutes les parties, et en premier lieu, le
Quartette international sur le Proche-Orient, qui se réunira en
marge des réunions de l’Assemblée générale. Le groupe arabe
à l’Onu effectuera des consultations avec le Quartette autour
de l’initiative de paix arabe.
En ce qui concerne
les conditions à l’intérieur de la Palestine, les efforts égyptiens
se poursuivent afin que les deux parties aboutissent à une réconciliation
nationale sous la direction de l’Autorité légitime et son président
légitime, Mahmoud Abbass. Sans doute, les événements qui se déroulent
dans la bande de Gaza sont regrettables et ont beaucoup nui à la
juste cause palestinienne. Nous aspirons à continuer l’effort
afin d’aboutir à la création d’un Etat palestinien indépendant.
L’Egypte poursuit ses efforts afin d’instaurer une paix juste
et globale entre les Arabes et Israël. L’Egypte croit fermement
à la nécessité d’appliquer les résolutions de la légitimité
internationale ainsi que le retour et l’appui aux accords précédents
et aussi à l’initiative de paix arabe qui représente une
position arabe unie en faveur de la paix. Et nous pensons qu’Israël
doit saisir cette occasion d’établir la paix dans toute la région.
- La crise en
Iraq est l’un des dossiers chauds sur l’agenda international.
Que pensez-vous des résultats de la conférence qui s’est tenue
à New York au niveau des ministres des Affaires étrangères sur
l’avenir de ce pays ?
- J’ai participé
à la réunion sur l’Iraq à New York qui a réuni les cinq
membres permanents du Conseil de sécurité, huit voisins de l’Iraq,
la Ligue arabe, l’Union européenne, l’Organisation de la conférence
islamique, la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international. L’un des objectifs de la rencontre était
l’application de la résolution 1 770 du Conseil de sécurité
de l’Onu, qui accorde un grand rôle aux Nations-Unies en Iraq
que ce soit sur le plan régional avec ses voisins, la réconciliation
interne, l’aide humanitaire ou la reconstruction du pays. C’était
aussi l’occasion d’affirmer la nécessité de l’unité et de
la souveraineté de l’Iraq, et l’importance d’instaurer une
réconciliation nationale entre les différents courants et
communautés iraqiens. La réunion était l’occasion de
souligner l’importance de continuer le dialogue et la coopération
régionale et de discuter des demandes iraqiennes d’aides
humanitaires.
- La crise du
Darfour semble se compliquer. Comment entend l’Egypte faire pour
aider à résoudre ce problème ?
- Le Soudan est
confronté à une série de crises que ce soit au sud, à
l’ouest, ou à l’est. Nous proposons différentes initiatives
et nous utilisons nos contacts équilibrés avec toutes les
parties internationales et régionales concernées afin d’établir
la paix et la stabilité partout au Soudan. Nous avons soutenu
totalement l’accord de paix entre l’ancienne rébellion
sudiste et le gouvernement de Khartoum. Le gouvernement égyptien
a commencé à exécuter un programme complet de projets de
reconstruction et de développement au Sud-Soudan qui comprend des
projets d’électricité.
En ce qui concerne
la crise du Darfour, l’Egypte participe à la force africaine et
a proposé de participer à la force hybride Onu/Union africaine
qui devrait être déployée dans cette région de l’ouest du
Soudan. L’Egypte a offert aussi d’envoyer des policiers et du
personnel technique. L’Egypte a aussi participé aux négociations
d’Abuja qui ont abouti à l’accord de paix sur le Darfour.
Elle utilise tous ses liens avec toutes les parties du conflit, y
compris les mouvements rebelles, afin d’assurer le succès des négociations
qui auront lieu à Tripoli, en Libye, entre le gouvernement
soudanais et les mouvements de rébellion en octobre prochain. Sur
le plan du développement, Le Caire a proposé un projet de
creusement de 40 puits pour obtenir de l’eau pour les habitants
de Darfour.
- Les membres
des Nations-Unies négocient une Convention de lutte contre le
terrorisme. Quelle part joue l’Egypte dans ce domaine ?
- L’Egypte
insiste notamment sur la nécessité de faire la distinction entre
le droit des peuples à résister à l’occupation militaire et
les opérations terroristes qu’il faut combattre. Elle tient
aussi à introduire dans cette Convention une disposition
concernant le terrorisme d’Etat qui consiste en une mauvaise
utilisation de la force contre les civils, violant ainsi les
principes du droit international et ceux de la charte de l’Onu.
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Hebdo
Publié le 26 septembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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