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Le
Hamas fait de la résistance
Maha
Salem
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Palestine. Une
extrême tension persiste entre les deux mouvements rivaux, le
Hamas et le Fatah, malgré un accord censé mettre fin aux
violences partisanes, meurtrières et régulières.
La tension dans la bande de Gaza restait extrêmement
vive cette semaine entre le Fatah du président Mahmoud Abbass et
le Hamas, qui dirige le gouvernement. C’est sur fond d’impasse
politique empêchant la mise en place d’un gouvernement
d’union nationale entre son mouvement et le Fatah que le convoi
du premier ministre palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a essuyé
vendredi dernier des tirs dans la bande de Gaza. Sa voiture n’a
pas été touchée et personne n’a été blessé. Par ailleurs,
plusieurs dizaines de membres des forces de sécurité
palestiniennes, loyales au président Mahmoud Abbass, ont manifesté
en bloquant des rues de Gaza et le principal axe de la bande de
Gaza pour réclamer leurs salaires impayés. Des dizaines de
membres armés de la sécurité ont établi des barrages sur la
route de Salaheddine, le principal axe de circulation, au niveau
des localités de Maghazi, Boureij et Deir Al-Balah, dans le
centre de la bande de Gaza. A Gaza-ville, une trentaine de
policiers bloquaient des rues aux alentours du Parlement. Les
salaires des quelque 170 000 fonctionnaires n’ont été versés
que partiellement depuis l’entrée en fonction, fin mars
dernier, du gouvernement contrôlé par le Hamas, et ils réclament
leurs salaires avant le début de la fête du petit Baïram, qui
marque la fin du mois de jeûne du Ramadan.
En effet, le gouvernement actuel issu du Hamas
est boycotté politiquement et privé d’aides financières
directes par l’Occident, qui considère ce mouvement islamiste
comme une organisation terroriste, ce qui a laissé l’Autorité
palestinienne dans un état de cessation de paiement.
Depuis la victoire du Hamas aux législatives
de janvier dernier, une trentaine de personnes sont mortes dans
cette lutte de pouvoir entre les deux mouvements. Le ministre de
l’Intérieur, Saïd Siam, qui contrôle une Force exécutive de
5 500 hommes, avait affirmé qu’il utiliserait la force pour empêcher
les partisans du Fatah de troubler l’ordre public. Le ministre
des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, a, quant à lui, défendu
le déploiement de la Force exécutive dans les rues de la bande
de Gaza, promettant de la renforcer avec de nouvelles recrues et
de la déployer en Cisjordanie.
Accords restés lettres mortes
Pour mettre un terme à leurs affrontements armés
meurtriers qui les opposent depuis plusieurs mois, le Fatah et le
mouvement islamiste Hamas sont parvenus à un accord vendredi
dernier. « Nous nous sommes mis d’accord pour mettre fin à
toutes les manifestations de violence armée, aux tensions, aux
provocations et aux accusations dans les médias et sur la scène
politique », a affirmé le porte-parole du Fatah, Maher Maqdad.
Cet accord est intervenu à la faveur d’une médiation égyptienne
entre le Hamas et le Fatah dont des représentants se sont réunis
à Gaza. Selon M. Maqdad, les deux mouvements ont décidé de créer
un bureau de coordination qui « suivra tous les incidents entre
le Fatah et le Hamas ». Cet organe se réunira dans quelques
jours pour la première fois.
A plusieurs reprises, depuis l’entrée en
fonction du gouvernement issu du Hamas fin mars dernier, le
mouvement islamiste et le Fatah ont conclu des accords pour tenter
de mettre fin aux violences armées mais ils sont restés lettres
mortes. « Cette fois, il y a un bureau qui veut travailler et
c’est très important. Nous espérons pouvoir mettre fin aux
tensions », a précisé Maqdad.
En revanche, le premier ministre a rejeté
toutes les mesures envisagées par le président pour mettre fin
à la crise politique faute d’un accord avec le Hamas sur un
gouvernement d’union nationale. « Nous sommes pour la mise en
place d’un gouvernement d’union basé sur le document
d’entente nationale. S’ils imaginent que nous pouvons faire
partie d’un gouvernement qui reconnaîtra la légitimité de
l’occupation et abandonnera la résistance, ils attendront
longtemps », a déclaré Haniyeh. Les discussions entre Abbass et
le Hamas, sur la création d’un cabinet d’union nationale,
achoppent sur le refus du mouvement islamiste d’accepter une
plate-forme politique modérée contenant une reconnaissance d’Israël
et des accords israélo-palestiniens passés. Abbass estime que le
document dit d’entente nationale, qui doit servir de plate-forme
politique à un gouvernement d’union, comporte implicitement une
telle reconnaissance, ce que le Hamas conteste.
Faute d’un accord avec le Hamas, Abbass
s’est dit favorable à un cabinet de technocrates indépendants
alors que ses collaborateurs ont évoqué des mesures plus
radicales, comme la nomination d’un gouvernement d’urgence, la
dissolution du Parlement contrôlé par le Hamas ou la tenue d’élections
anticipées ou encore d’un référendum sur une plate-forme
politique modérée. Haniyeh a affirmé que la Loi fondamentale,
Constitution de l’Autorité palestinienne, n’accordait pas à
Abbass le droit de prendre de telles mesures. « Toutes ces idées
n’ont qu’un seul but, chasser le Hamas du pouvoir comme le
veut l’Amérique », a-t-il ajouté.
Maha Salem
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