Monde Arabe
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Appel à plus de
flexibilité
Rania Adel
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Palestine.
Bien que critiquée par
les Etats-Unis et Israël, la tournée de l’ex-président américain
Jimmy Carter pourrait ouvrir une petite porte vers un dialogue
avec le Hamas.
Jimmy Carter - Photo CPI
Mercredi 23 avril 2008
La politique de l’exclusion et
l’isolement imposée au Hamas n’a porté aucun fruit, par contre,
l’engagement d’un dialogue avec ce mouvement islamiste semble
être plus productif. C’est au moins le constat actuel fait après
la tournée de l’ex-président américain Jimmy Carter dans la
région. Lundi, M. Carter a souligné que le Hamas est prêt à
reconnaître le droit d’Israël à vivre en paix si un accord de
paix est conclu et approuvé par un référendum palestinien. « Ils
(le Hamas) ont indiqué qu’ils seraient prêts à accepter un Etat
palestinien dans les frontières de 1967 si les Palestiniens
l’approuvent et qu’ils accepteraient le droit d’Israël à vivre
en paix comme proche voisin », a affirmé M. Carter lors d’une
conférence de presse.
M. Carter a par ailleurs indiqué
que le Hamas serait prêt à reconnaître un accord de paix négocié
par le premier ministre israélien Ehud
Olmert et M. Abbass, à
condition « qu’il soit soumis à l’approbation des Palestiniens,
même si le Hamas devait être en désaccord sur certains des
termes de cet accord ».
M. Carter a d’autre part indiqué
que le Hamas a donné son accord pour que le soldat israélien
Gilad Shalit
enlevé en juin 2006 en Israël à la lisière de la bande de Gaza
par trois groupes armés, dont l’un relevant du Hamas, puisse
faire parvenir une lettre à ses parents.
Vendredi, un responsable du Hamas
avait affirmé que Gilad
Shalit serait « immédiatement »
relâché si Israël libérait des prisonniers palestiniens.
Les dirigeants du Hamas ont jugé
qu’une offre de libérer Shalit en
échange de 600 prisonniers palestiniens était « raisonnable »
étant donné le nombre élevé — 11 000 — de détenus palestiniens
dans les geôles israéliennes. L’ex-président américain a
souligné que le Hamas et la Syrie devraient être impliqués dans
toute initiative de paix visant à instaurer une solution
pacifique au conflit proche-oriental. « La stratégie actuelle
visant à exclure la Syrie et le Hamas ne marche pas. Elle
contribue à exacerber le cycle de la violence, les malentendus
et l’animosité », a-t-il dit.
« Nous pensons que le problème
réside dans le fait qu’Israël et les Etats-Unis refusent de
rencontrer ces gens, et non dans le fait que j’ai rencontré le
Hamas à Damas », a encore dit le prix Nobel de la paix 2002, qui
s’exprimait à la tribune du Conseil israélien pour les relations
extérieures, une organisation indépendante agissant sous l’égide
du Congrès juif mondial.
Au cours de ses entretiens avec
le chef du mouvement islamiste Khaled Méchaal à Damas, M. Carter
a réclamé des gestes de « bonne volonté » du mouvement
palestinien envers Israël, a affirmé un haut responsable du
Hamas, Mohamad Nazzal.
Il a proposé « une trêve » entre
Israël et le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, « un échange
de prisonniers » qui comprendrait le soldat israélien Gilad
Shalit, « la levée du blocus » imposé à Gaza et une solution
concernant « le point de passage de Rafah ».
Un analyste palestinien a estimé
sous couvert de l’anonymat que M. Carter, prix Nobel de la paix
en 2002, tenait compte dans ses propositions « des appréhensions
sécuritaires d’Israël. Il veut éviter les tirs de roquettes sur
l’Etat hébreu, pousser à des négociations entre les deux parties
», a-t-il commenté, estimant qu’il était « déraisonnable
d’ignorer le Hamas ».
Susciter l’ire des Palestiniens
Alors que les Palestiniens
multiplient les déclarations visant à relancer les négociations
de paix — le président Mahmoud Abbass s’est dit déterminé à
parvenir à un « accord-cadre » jetant les bases d’un traité de
paix —, Israël met toujours les bâtons dans les roues. Des raids
et des incursions à la poursuite de la colonisation en passant
par ses réticences à un sommet de paix proposé par la Russie,
l’Etat hébreu ne dévie pas de sa politique axée sur la
tergiversation. Dimanche, il a mené des raids dans la bande de
Gaza en représailles à une attaque palestinienne, portant à six
le nombre d’activistes tués depuis samedi. Les missiles
israéliens ont été tués tôt dans l’Est de la ville de Gaza et
dans le nord du territoire. Vendredi, il a engagé le processus
de construction de nouvelles habitations dans des colonies de
Cisjordanie occupée sans tenir compte des protestations
palestiniennes, au risque d’irriter la communauté
internationale.
L’appel d’offres, publié dans la
presse, concerne la construction de 52 logements dans
l’implantation d’El-Kana et de 48 autres dans la colonie
d’Ariel, toutes deux dans le nord de la Cisjordanie.
C’est la première fois qu’un tel
appel d’offres soit lancé concernant des colonies hors
Jérusalem-Est annexée, depuis la relance formelle le 27 novembre
des négociations de paix israélo-palestiniennes à Annapolis aux
Etats-Unis. « Nous condamnons fermement la poursuite de la
colonisation. Une telle décision sabote le processus de paix et
les négociations », entre Israël et les Palestiniens, a déclaré
l’un des principaux négociateurs palestiniens,
Saëb Ereqat.
La Feuille de route, le dernier
plan international mis au point en 2003 par le Quartette (les
Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et les
Nations-Unies) prévoit un gel de la
colonisation israélienne et l’arrêt des violences du côté
palestinien. Elle est restée jusqu’à ce jour lettre morte.
M. Olmert
avait déjà annoncé en mars que les constructions de logements
dans les grands blocs de colonies de Cisjordanie ainsi qu’à
Jérusalem-Est allaient continuer.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 23 avril 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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