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On
reprend les mêmes et on recommence !
Rania Adel
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Palestine. Les
pourparlers interpalestiniens peinent à parvenir à un
gouvernement d’union nationale, alors qu’Israël poursuit ses
incursions et bafoue toute tentative à même de relancer le
processus de paix et ramener le calme.
Les Palestiniens tournent dans un cercle
vicieux. Bien que les responsables aient donné l’impression ces
dernières semaines d’une possibilité de sceller un accord sur
la formation d’un gouvernement d’union nationale avant fin
novembre, les discussions entre le Hamas et le Fatah n’ont pas
pogressé, bien plus, « on peut dire que les discussions ont été
suspendues », a déclaré Nabil Amr, conseiller du président
Mahmoud Abbass, dans une conférence de presse à Ramallah en
Cisjordanie. « Personne n’est satisfait des résultats auxquels
nous sommes parvenus jusqu’à présent. Le Hamas doit montrer
une plus grande coopération sur la composition du gouvernement et
sa plate-forme », a ajouté M. Amr. Selon lui,« les choses ont
atteint un point critique. Les résultats sont très médiocres et
cela est inacceptable ».
Un responsable du Fatah, qui a participé aux
discussions ces derniers jours à Gaza, a pour sa part indiqué
que les divergences portaient sur la « plate-forme politique »
du cabinet en gestation et sur l’attribution des
portefeuilles-clés des Affaires étrangères, des Finances et de
l’Intérieur. Les négociateurs palestiniens s’étaient
entendus la semaine dernière sur le fait que le Hamas nomme neuf
ministres et le Fatah six.
Côté Hamas, le porte-parole du Hamas, Fawzi
Barhoum, a refusé de parler de suspension et affirmé que la
formation d’un gouvernement d’union « nécessite du temps »
et que sa mise en place « doit coïncider avec une levée du siège
imposé au peuple palestinien ».
Le Hamas exige en outre des garanties concrètes,
que M. Abbass ne peut fournir, à savoir que le boycott politique
et financier international imposé au gouvernement actuel issu du
Hamas depuis mars soit levé après la mise en place d’un
cabinet d’union.
Pour le Hamas, il est primordial de savoir si
la formation d’un gouvernement d’union nationale permettrait
de mettre fin à la souffrance du peuple palestinien et de se
traduire par un dégel de l’actuelle crise économique dans les
territoires palestiniens. En d’autres termes, ce gouvernement
sera-t-il reconnu par l’ensemble de la communauté
internationale, ou sera-t-il combattu comme c’était le cas avec
le gouvernement du Hamas ? Théoriquement, la réponse devrait être
par la négative, mais pragmatiquement, elle ne l’est pas forcément.
Il paraît que le scepticisme plane sur ce sujet, d’autant plus
que le département d’Etat américain a souligné qu’il était
trop tôt pour se prononcer sur cette question. De quoi soulever
les craintes du Hamas qui insiste pour que le nouveau gouvernement
soit formé après que le président Abbass eut pu obtenir des
garanties pour faire lever le blocus économique international
imposé sur les territoires palestiniens. Selon le vice-premier
ministre du gouvernement palestinien dirigé par le Hamas, Nasser
Al-Chaër, plusieurs pays arabes avaient assuré oralement au président
Abbass que le blocus contre les Palestiniens serait levé après
la formation du nouveau gouvernement d’union nationale. Ce qui
ne conforte pas le Hamas.
Nouvelle initiative, nouveau rejet
Côté israélien, le gouvernement, réuni
dimanche pour discuter d’éventuelles opérations militaires
contre la bande de Gaza, a lancé une contre-offensive
diplomatique visant une résolution de l’Onu. Les dirigeants
israéliens ont multiplié les critiques contre une résolution
votée à une écrasante majorité par l’Assemblée générale
de l’Onu qui a demandé vendredi la fin de toutes les formes de
violence entre Israël et les Palestiniens, dont les opérations
militaires d’Israël à Gaza et les tirs de roquettes
palestiniennes sur Israël.
La résolution onusienne a également demandé
la création d’une mission d’enquête sur l’action de
l’artillerie israélienne qui a tué 19 Palestiniens, surtout
des femmes et des enfants, le 8 novembre à Beit Hanoun, dans le
nord de Gaza. La résolution a été approuvée par un vote de 156
voix pour et sept contre, avec six abstentions. Les Etats-Unis,
Israël et l’Australie sont parmi ceux à avoir voté contre.
Cette résolution a été dénoncée par le
premier ministre Ehud Olmert qui a critiqué « les donneurs de leçons
» de l’Onu. Israël a surtout critiqué la France qui a
convaincu différents pays à voter pour.
Cette dénonciation israélienne coïncide avec
son rejet d’une initiative commune hispano-franco-italienne en
faveur du Proche-Orient, laquelle impliquerait à terme le déploiement
d’une mission internationale dans la bande de Gaza. Les trois
pays souhaitent inclure l’Allemagne et la Grande-Bretagne dans
ce projet et le présenter pour adoption au Conseil européen le
mois prochain.
Cette initiative porte sur quatre points : la
demande d’un cessez-le-feu immédiat entre Israéliens et
Palestiniens, la formation d’un gouvernement palestinien
d’union nationale, un échange de prisonniers qui comprendrait
également la libération du soldat israélien Gilad Shalit (enlevé
le 25 juin) et une rencontre entre le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbass, et le premier ministre israélien,
Ehud Olmert.
A terme, cette initiative pourrait déboucher
sur la création d’une mission d’observation internationale à
Gaza pour consolider le cessez-le-feu, a précisé le chef du
gouvernement espagnol. Dans l’intervalle, une conférence de
paix réunissant l’ensemble des parties impliquées devrait
avoir été organisée.
Or, dès l’annonce de l’initiative, et
comme on s’est habitué de voir, Israël a exprimé sa vive
opposition. « Ce sont des idées espagnoles qui ne sont coordonnées
ni avec l’Union européenne ni avec Israël », a déclaré
Amira Oron, porte-parole du ministère des Affaires étrangères,
soulignant qu’Israël pense qu’il faut mener des négociations
directes avec toutes les parties au conflit et rejette toute idée
de médiation ou de conférence internationale. Ce « rejet démontre
qu’Israël ne veut d’aucune forme de paix ou/et de stabilité
», a commenté le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh,
qui a relevé des « points positifs » dans cette initiative.
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