Monde Arabe
|
Rice dénonce
l'intransigeance d'Israël
Rania Adel
|
Palestine.
Lors de sa sixième visite dans la région, la secrétaire d’Etat
américaine Condoleezza Rice a souligné que la colonisation
constitue le principal obstacle à la conclusion d’un accord de
paix.
Photo CPI
Mercredi 18 juin 2008
Nouvelle visite, aucune avancée
tangible. C’est le constat de chaque visite américaine dans les
territoires occupés. Il s’agit certes d’une énième visite du
chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice dans la
région, mais il s’agit surtout des déclarations répétitives qui
donnent l’impression d’exercer des pressions sur Israël et de
faire croire que l’accord de paix est possible avant la fin de
l’année. S’adressant à la presse aux côtés de Mahmoud Abbass,
président de l’Autorité palestinienne, la secrétaire d’Etat
américaine a jugé possible la conclusion d’un accord définitif
avant la fin de l’année, à condition que les deux parties
fassent les efforts nécessaires. Mais en effet, rares sont ceux
qui le croient. A vrai dire, de quelle paix pourrait-on parler
alors que la municipalité de Jérusalem a fait savoir dimanche
que 2 550 logements seraient mis en chantier d’ici 2020 dans des
secteurs de Cisjordanie occupée que l’Etat juif juge partie
intégrante de sa capitale « éternelle et indivisible » ? Cette
annonce est venue rappeler les positions toujours
intransigeantes de l’Etat hébreu et par là avorter tout espoir
d’un dégel du processus de paix qui aurait pu émaner de la
visite de Rice. Cette dernière s’est donc retrouvée contrainte
de hausser le ton et de critiquer la poursuite de la
colonisation.
Mme Rice, qui effectue sa sixième
tournée dans la région depuis le début de l’année, a souligné
que la poursuite des travaux de construction dans les colonies
juives des territoires palestiniens risque de porter atteinte au
processus de paix.
« Je crois, et les Etats-Unis
aussi, que les actes commis et les annonces faites ont un effet
négatif sur l’atmosphère des négociations et ce n’est pas ce que
nous voulons », a-t-elle déclaré, assurant que le développement
des implantations juives de Cisjordanie ne préjugeait en rien du
tracé des frontières du futur Etat palestinien.
« Aucune partie ne devrait
prendre de mesure à ce stade qui pourrait porter préjudice au
résultat des négociations. Il doit être clair que les Etats-Unis
considéreront que ces activités (de colonisation) n’auront pas
de conséquences sur le statut final des négociations », a averti
Mme Rice. « Le problème, c’est que depuis Annapolis, il y a eu
un niveau d’activité (de colonisation) qui soulève des questions
et ils doivent y répondre », a-t-elle ensuite précisé à
Jérusalem au cours d’une table ronde avec quelques journalistes.
« Je ne m’attends franchement pas à une avancée spectaculaire
sur ce sujet », a toutefois répondu la secrétaire d’Etat,
interrogée sur une éventuelle révision des positions
israéliennes en ce qui concerne les colonies.
Entreprise de destruction
systématique
Il s’agit des critiques les plus
nettes exprimées par l’Administration américaine face à la
poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et à
Jérusalem-Est depuis la réunion internationale d’Annapolis fin
novembre. Mme Rice a averti les Israéliens que les projets et
les nouvelles constructions dans les colonies, qui se sont
multipliés ces derniers mois, « ne préoccupaient pas seulement
les Palestiniens et les pays voisins, mais aussi l’Europe ».
Les propos de Rice ont été
précédés par une déclaration du président américain dont la
teneur est que la plupart des Palestiniens veulent eux-mêmes
coexister en paix avec Israël mais sont effectivement découragés
par les implantations israéliennes sur leur territoire.
Le président palestinien Mahmoud
Abbass a de son côté estimé, lors de la conférence de presse,
que la colonisation israélienne représentait « le plus important
obstacle dans le processus de paix».
Pour sa part, le négociateur
palestinien Saëb Ereqat a dénoncé une entreprise de destruction
systématique du processus de paix.
Les divergences sur le
développement des implantations, principal obstacle à la paix
aux yeux de Abbass, qui s’ajoutent aux démêlés judiciaires du
premier ministre israélien Ehud Olmert, fragilisé par une
affaire de corruption, ont durement affecté le processus relancé
en novembre à Annapolis sous l’égide de George Bush.
Côté israélien, on affirme que
les projets immobiliers de Cisjordanie occupée ne contreviennent
en rien à la Feuille de route. « Il est clair pour tout le monde
que les quartiers juifs de Jérusalem resteront partie intégrante
d’Israël dans le cadre de tout accord de paix », a répété
dimanche Marc Regev, porte-parole d’Olmert. Il a de même
réaffirmé les positions d’Israël. « Jérusalem c’est Jérusalem,
et la Cisjordanie c’est la Cisjordanie », a-t-il dit.
Il faisait allusion au fait
qu’Israël considère la partie arabe de Jérusalem, conquise
durant la guerre de juin 1967, comme une partie de son
territoire et que les constructions de logements peuvent s’y
poursuivre.
La communauté internationale, y
compris les Etats-Unis, n’ont jamais reconnu cette annexion de
Jérusalem-Est, dont les Palestiniens veulent faire la capitale
de leur futur Etat.
Les Palestiniens, qui veulent
Jérusalem-Est pour capitale, jugent, eux, que le développement
des implantations juives les privera de la continuité
territoriale indispensable à la viabilité de leur futur Etat.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 18
juin 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
|