Al-Ahram Hebdo
Les scénarios d'implantation
Morsi Attalla
Photo Al-Ahram
Mercredi 17 juin 2009 Les discours qui se
répètent dernièrement sur la possibilité d’implanter les
réfugiés palestiniens dans leurs pays d’accueil ne sont pas de
simples tests pour connaître la réaction arabe et palestinienne.
Ils émanent d’une volonté d’engendrer un différend
arabo-palestinien afin d’isoler et d’affaiblir la position
palestinienne dans sa bataille acharnée de négociations pour le
statut final. L’objectif serait même d’engendrer un heurt où se
mêleront toutes les cartes entre les protagonistes de
l’implantation des Palestiniens dans leurs pays d’accueil et
entre ceux qui y répondent en brandissant l’arme de l’expulsion.
Le résultat sera l’ébranlement du droit au retour qui est
l’essence même de la cause palestinienne depuis 61 ans.
Lancer ces discours ces jours-ci n’est pas le
fruit du hasard. Ils coïncident avec l’apparition d’indices
évidents sur le sérieux du président Obama de ranimer le
processus de paix selon l’idée des deux Etats. L’objectif est de
donner à Israël le prétexte pour échapper à l’une des plus
importantes obligations du règlement final, soit le droit au
retour des réfugiés de 1948 et des déplacés qui ont fui leurs
terres en 1967 ou du moins de lui permettre de marchander le
nombre de Palestiniens qui pourront revenir sur les territoires
de l’Etat palestinien prévu. Et cela, de sorte qu’il soit le
plus limité possible ne représentant qu’une partie minime des
déplacés de 1967 dont le nombre s’élève à plus de 800 000
Palestiniens. Quant aux réfugiés de 1948, Israël parie sur sa
capacité à ne pas permettre leur retour. Bien que la résolution
n° 194 du Conseil de sécurité de l’Onu soit claire et nette sur
le droit au retour et à la compensation des Palestiniens, les
Israéliens continuent cependant à prétendre qu’ils doivent se
contenter de l’un des deux droits seulement.
En suivant des rapports américains et
israéliens relatifs aux éventuels scénarios concernant cette
question épineuse dans les pourparlers du statut final, on
réalise immédiatement qu’Israël continue à parier sur une paix
boiteuse. Il continue à baser ses comptes sur une entité
palestinienne limitée ne s’élevant pas à un Etat intègre
géographiquement et économiquement. Le point de départ dans la
réalisation de ce plan sera d’établir une contrepartie entre
l’acceptation d’Israël d’instaurer un Etat palestinien et entre
le renoncement au droit au retour des réfugiés de 1948 et des
déplacés de 1967, de sorte qu’Israël veuille bien ne pas
s’opposer à ce que l’Etat palestinien prévu soit un Etat pour
les Palestiniens, où qu’ils soient. Un Etat palestinien qui leur
octroie la nationalité et les passeports pour qu’ils
s’installent dans les pays d’accueil avec des passeports
palestiniens et des cartes de séjour dans les pays de la
diaspora, que ce soit des pays arabes ou étrangers.
L’intensification des scénarios
d’implantation des Palestiniens dans leur pays d’accueil ces
jours-ci, avant que ne commencent les négociations du règlement
final avec le soutien et le parrainage de la nouvelle
Administration américaine, est un moyen de pression précoce. Et
ce sous prétexte de l’opposition du judaïsme de l’Etat avec
l’acceptation de citoyens non-juifs d’une part et de
l’incapacité de l’Etat palestinien prévu avec sa superficie
limitée d’assimiler des réfugiés et des déplacés d’autre part.
Personne ne peut obliger les Palestiniens à
signer un règlement final ne répondant pas à leurs demandes
légitimes et ne correspondant pas aux références fondamentales
du processus de paix.
Selon le principe le plus simple de la
justice politique, le retour des réfugiés sur leurs terres doit
avoir la priorité sur ceux qui s’en sont appropriés sans aucun
droit. Il doit y avoir au moins une égalité entre le droit au
retour des Palestiniens et la prétention d’implantation des
Israéliens sous l’ombrelle d’une étrange loi inventée par Israël
sous le nom aussi de droit au retour. Cette loi donne le droit à
tout juif au monde de quitter son pays et d’obtenir, en plus de
la nationalité israélienne, un logement et un emploi dès son
arrivée en Israël.
Droits de reproduction et de diffusion
réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 18 juin 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
|