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Nous ne sommes pas une carte entre les mains de régimes
étrangers »
Mahmoud
Al-Zahar
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Mercredi 15 octobre 2008
Mahmoud
Al-Zahar,
chef de la délégation du Hamas au dialogue
interpalestinien, dont la dernière session s’est tenue avec
l’Egypte cette semaine au Caire, évalue les chances de parvenir
à une réconciliation avec le Fatah du président Mahmoud Abbass.
Mahmoud Al-Zahar :
Oui bien sûr, ce n’est pas la
première fois que nous nous entretenons avec Omar Soliman et la
délégation qui l’accompagne. Après une interruption de deux
mois, nous avons reçu des réactions encourageantes, car la
délégation égyptienne porte une grande estime à la position
positive du Hamas. Omar Soliman nous a appris que la Palestine
occupait 70 % de ses préoccupations quotidiennes. Donc, nous
accordons une grande estime à cette position et aux efforts
déployés par la délégation égyptienne, à son réalisme et à son
impartialité pour rapprocher les points de vue entre les
factions palestiniennes.
— Certains ont pourtant parlé
d’une proposition de réconciliation entre le Hamas et le Fatah
du président Mahmoud Abbass que l’Egypte allait présenter à la
délégation du Hamas. Et en cas de refus de ce dernier, Le Caire
porterait la proposition à la Ligue arabe pour obtenir son
approbation en vue de vous l’imposer. Qu’en est-il ?
— En fait, c’est ce que nous
avons entendu dire de la part d’autres parties palestiniennes.
On a entendu dire que l’Egypte allait présenter une proposition
purement égyptienne ; et si nous la refusions, elle irait la
soumettre à la Ligue arabe pour humilier, assiéger et juger le
Hamas. Ce sont certaines factions ou plutôt des organismes
palestiniens qui ont propagé ces idées. Nous avons consulté les
procès-verbaux des réunions tenues entre Omar Soliman et les
autres factions palestiniennes. Nous en avons déduit une idée
claire, bien étudiée et rédigée. C’est pour cela que quand nous
nous sommes entretenus avec Omar Soliman, nous n’avons pas eu
besoin de beaucoup de temps pour nous décider. Au contraire,
notre position était claire. Nous avons pu trancher en peu de
temps toutes les questions qui nous concernent et qui sont en
relation avec la partie égyptienne, ainsi que notre relation
avec le Fatah.
— Quels sont les principaux
points discutés avec la partie égyptienne ?
— Il y a des points principaux
qui sont à l’origine du problème. Premièrement, la structure du
gouvernement et la nature de ses missions et deuxièmement, l’OLP
et la non application des accords concernant cette organisation,
les questions relatives à la sécurité, les élections, les points
de passage et autres questions comme les relations entre la
Cisjordanie et la bande de Gaza, nos relations avec les pays
arabes ... Ce sont des points extrêmement importants dont la
résolution nécessite l’union du peuple palestinien pour qu’il
puisse affronter l’occupation israélienne et développer ses
plans de résistance.
— Sur quoi êtes-vous convenus
concernant ces sujets ?
— Nous nous sommes convenus sur
tous les sujets et nous avons même fixé des dates et des
mécanismes d’exécution. Une autre réunion est prévue pour le 25
octobre courant et il se peut que l’accord de réconciliation ne
soit pas seulement bilatéral avec le Fatah mais aussi avec les
autres factions.
— Qu’en est-il de la polémique
autour de la structure du gouvernement ? S’agira-t-il d’un
gouvernement d’entente ou d’un gouvernement technocrate ?
— Trois structures sont
possibles. Premièrement, la structure technocrate qui convient à
un pays stable comme l’Egypte mais qui ne convient pas à un pays
comme la Palestine, qui souffre d’une crise grave, car il existe
un service de sécurité en Cisjordanie et un autre différent dans
la bande de Gaza. Le côté égyptien est convaincu de cet avis.
Quant au gouvernement d’union nationale, il se limitera aux
factions. Nous avons déjà testé ce genre avec l’accord de La
Mecque. Il avait ses avantages et ses inconvénients. Il ne reste
que le gouvernement d’entente nationale, ses frontières sont
plus larges, car il peut regrouper les différentes factions
ainsi que des personnes qui peuvent ne pas avoir de soutien
populaire mais avoir un poids effectif. C’est pourquoi nous
avons choisi ce dernier genre.
— Quel délai à estimez-vous
convenable pour parvenir à un accord sur toutes les questions ?
— Omar Soliman évalue ce délai
entre 6 et 9 mois.
— Cette réunion sera-t-elle un
nouveau début dans les relations entre le Fatah et Hamas, après
les différends des derniers mois ?
— Nous avons entendu de bonnes
paroles de la part du Fatah dans les rencontres organisées loin
des discussions officielles. La partie égyptienne sait très bien
que notre position est indépendante, que nous avons préservé
notre mouvement qui ne peut être ni vendu ni acheté, que nous
appliquons nos politiques avec un professionnalisme acceptable.
Par conséquent, nous espérons que notre relation avec le Fatah
se développera pour le meilleur. Ceci sera dans l’intérêt des
deux parties.
Les Palestiniens qui se trouvent
dans une région étroite et faible, dans les territoires occupés
en Cisjordanie et à Gaza, ont besoin du soutien et de la
protection de l’Egypte et aussi du soutien des pays arabes et
islamiques et du monde entier. C’est pourquoi nous entretenons
des relations privilégiées avec de nombreux pays mais ceci ne
signifie pas que nous pouvons être manipulés par tel ou tel
régime. Nous ne sommes pas une carte entre les mains de régimes
politiques étrangers. Le Hamas essaye donc de s’écarter des
différends confessionnels, religieux et politiques et tient à ne
pas s’ingérer dans les affaires internes des pays arabes. Nous
souhaitons que les relations avec l’Egypte se développent,
abstraction faite des différends relatifs aux conceptions et aux
systèmes politiques dans la région. Nous savons tous que la
politique et la géographie politique de la région changent
constamment ; par conséquent nous ne voulons pas que les
relations avec l’Egypte soient liées à la géographie politique,
mais plutôt à la géographie et à l’histoire.
Propos
recueillis par Achraf Aboul-Hol
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 15
octobre 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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