Palestine

|
Bouillonnement
extrême
Rania Adel
|
Palestine
. Les Palestiniens sont
pris entre deux feux, agressions israéliennes d’une part et
affrontements fratricides d’autre part. De quoi éloigner toute
perspective d’accalmie.
Photo Al-Ahram
Mercredi 13 juin 2007
La campagne aérienne
puis terrestre menée par Israël depuis le 16 mai est loin de
prendre fin. Ses opérations dans la bande de Gaza qui ont fait
jusqu’à maintenant 55 tués, 16 civils et 39 combattants vont
continuer comme l’avait promis dimanche le premier ministre israélien
Ehud Olmert, et ce au lendemain d’une attaque présentée par
l’armée comme une tentative déjouée d’un commando
palestinien de capturer un militaire en territoire israélien.
Des combattants
palestiniens de la bande de Gaza ont lancé, en effet, samedi une
attaque contre une position militaire en territoire israélien, la
première depuis l’opération commando en juin 2006, qui s’était
soldée par la capture du soldat Gilad Shalit. Le Djihad islamique
a revendiqué l’attaque menée avec les Brigades des martyrs
d’Al-Aqsa, une milice liée au Fatah du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbass. L’attaque, baptisée Eté chaud
par les groupes armés palestiniens, n’a pas fait de victimes
dans les rangs israéliens. Elle visait, selon les assaillants,
l’enlèvement d’un soldat mais leur tentative s’est soldée
par un échec en raison de l’arrivée d’hélicoptères de
l’armée israélienne sur place. L’aviation israélienne a
riposté tôt dimanche matin à l’agression, attaquant au moins
une cible du Djihad islamique dans la ville de Gaza, selon Tsahal.
Des responsables des services de sécurité palestiniens ont précisé
qu’un bureau du groupe radical avait été endommagé dans le
raid.
Mais, il faut se méfier
de croire que le durcissement de ton israélien est une riposte à
cette opération, puisque déjà Israël menait samedi matin une
incursion de blindés et d’unités d’infanterie dans le
secteur de Rafah, où des échanges de tirs ont eu lieu avec des
membres de la branche armée du mouvement du Hamas. Un grand
nombre de chars d’assaut et de bulldozers israéliens ont fait
irruption samedi matin dans la ville palestinienne de Rafah, située
dans le sud de la bande de Gaza, où plusieurs Palestiniens ont été
arrêtés à cette occasion, ont rapporté des sources de sécurité
palestiniennes. Selon un communiqué du bureau d’information des
Forces de sécurité nationale palestiniennes, les bulldozers israéliens
ont détruit des champs agricoles, tandis que des soldats israéliens
ont occupé le toit de trois maisons.
Manque d’une
vision politique
Parallèlement à
ces attaques israéliennes, la bande de Gaza vit depuis jeudi une
nouvelle flambée de violence après plus de trois semaines de
calme relatif. Des sources de sécurité et médicales ont affirmé
que des membres du Hamas avaient tué un garde présidentiel en le
jetant d’un haut d’un immeuble de Gaza.
Les combats qui ont
éclaté entre le Fatah et le Hamas samedi soir continuaient
dimanche matin à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et se
sont étendus à des faubourgs de l’ouest de la ville, selon des
témoins. Des responsables palestiniens faisaient état de 60
blessés dans la nuit. Des tireurs isolés ont pris position dans
des bâtiments de Rafah, tandis que des barrages étaient installés
sur les routes par les deux camps, qui se battaient avec des armes
à feu et des grenades. L’un des accrochages a eu lieu près de
la maison de Ghazi Hamad, porte-parole du premier ministre Ismaïl
Haniyeh, du parti islamiste du Hamas, mais le domicile n’a pas
été attaqué, selon l’épouse de l’intéressé.
Les affrontements
entre le Hamas et le Fatah, dont les dirigeants politiques ont
formé un gouvernement d’unité nationale en mars pour mettre
fin aux accrochages, ont de leur côté fait plus de 50 morts
depuis la mi-mai. Trois militants ont été tués depuis jeudi. «
Les affrontements internes entre Palestiniens sont dus au manque
d’une vision politique palestinienne. Il faut d’abord chercher
à arrêter ces luttes sur le pouvoir avant d’évoquer les négociations
avec l’Etat hébreu. Un dialogue national inter-palestinien est
inéluctable pour contenir ce chaos sécuritaire. Mais il ne faut
pas perdre de vue que la situation actuelle n’est que le résultat
de la politique israélienne intransigeante qui a privé le peuple
palestinien de ses droits », commente le Dr Sayed Elewa,
politologue.
N’y a-t-il pas
donc aucune lueur d’espoir ? En effet, tout dépend de la volonté
des deux côtés. Le ministre égyptien des Affaires étrangères,
Ahmad Aboul-Gheit, a indiqué samedi que le déploiement d’une
force de maintien de la paix dans les territoires palestiniens dépendait
de l’attitude des Palestiniens et des Israéliens.
M. Gheit, qui
s’exprimait à la presse locale, a souligné l’importance
d’envoyer une mission de maintien de paix dans les territoires
palestiniens. Parmi les éléments fondamentaux nécessaires pour
une telle mission, il a cité un arrêt des combats palestiniens,
un cessez-le-feu israélo-palestinien et des négociations actives
entre les parties concernées afin de parvenir à un accord final.
Aboul-Gheit a également souligné que toute disposition à
prendre à Gaza devrait également être prise en Cisjordanie,
ajoutant que la présence d’une force internationale en
Cisjordanie pourrait empêcher Israël de continuer la
construction du mur de séparation.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo

|