Opinion
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Le
fait accompli ne fait pas la paix
Morsi Attalah
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Mercredi 12 décembre 2007
Je ne serais pas
injuste envers les preneurs de décision américains en disant que
leur manque de connaissance et de compréhension de l’histoire
de la région du Moyen-Orient et de ses peuples, est à
l’origine de l’échec de leurs plans pour la région. Il
s’agit donc de la capacité de l’Administration américaine à
réviser ses positions et à tirer des leçons des échecs consécutifs
des problèmes de la région avec en tête le conflit arabo-israélien.
Ce conflit est d’ailleurs à l’origine de la majorité des
crises régionales !
Washington est
incapable de comprendre que la force militaire peut servir
d’outil de dissuasion temporaire mais ne peut opprimer la volonté
d’une nation, effacer son histoire, détruire sa civilisation ou
anéantir sa culture.
Israël soutenu par
Washington pose une condition sine qua non à la poursuite du
processus de paix. Ils veulent que les Arabes reconnaissent Israël
en tant qu’Etat juif où il n’y aurait pas de place pour les
Palestiniens, musulmans et chrétiens. Ceci est un emploi abusif
de la force qui mène à une haine croissante envers la politique
américaine dans la région.
La véritable crise
n’émane pas de l’écart des positions entre les Arabes et les
Etats-Unis. Elle tient plutôt au climat général qui suscite des
craintes quant à l’engagement américain à parvenir à un règlement
politique au conflit arabo-israélien basé sur la légitimité
internationale.
Dans ce contexte,
il incombe à Washington d’entamer une nouvelle ère de
relations internationales avec le Moyen-Orient. Ce, afin
d’effacer les séquelles de la politique de ces dernières années
qui n’avait d’autre slogan que la force. La force qui
monopolisait même le droit de définir les notions et les termes,
et qui était capable de nommer la « résistance » « terrorisme
» et de définir la lutte contre le terrorisme comme un droit légitime
d’autodéfense !
Il est grand temps
que les Etats-Unis adoptent de nouvelles notions. Ils doivent réaliser
que leur force doit émaner de leur capacité de créer la
concorde et non du monopole de la confection des critères des
droits de l’homme et des formes de démocratie. Ceci prouve que
les positions de Washington n’émanent pas de principes fixes
mais d’un calcul précis de ses intérêts. Il se peut qu’un
pays soit hier un Etat voyou puis devienne demain un Etat modéré.
En effet, les appellations changent selon des critères
inconstants. Par conséquent, les modérés d’aujourd’hui
peuvent devenir extrémistes et vilains selon les calculs de
demain. Et les voyous d’hier peuvent devenir demain des
raisonnables et des sages qui méritent les applaudissements et
les encouragements !
Le monde entier
doit savoir qu’Israël planifie depuis des années l’opération
de mariage entre la philosophie sioniste pratique, basée sur
l’imposition graduelle de nouvelles réalités sur le terrain,
et la philosophie du sionisme romantique altéré qui rêve de
s’approprier tous les territoires palestiniens jusqu’à la
rive est du Jourdain. Les Israéliens se sont noyés dans leurs
illusions après 1967 lorsque le désespoir et la dépression qui
avaient gagné la Cisjordanie et Gaza leur avaient permis
d’ouvrir la porte du travail aux Palestiniens en Israël et
d’ouvrir les marchés palestiniens comme débouchés pour les
produits israéliens et pour les faire entrer en fraude dans les
pays arabes. Les Israéliens ont cru que la normalisation avec les
pays arabes allait s’imposer avec le temps si les Palestiniens
de la Cisjordanie et de Gaza acceptaient une normalisation totale
leur assurant leurs besoins vitaux et compensant l’absence des
droits politiques et la perte du rêve de l’Etat et de
l’identité !
Mais les illusions
des Israéliens ont commencé à se dissiper avec la guerre de
1973 qui a opéré un large éveil dans le monde arabe, notamment
en Palestine. En effet, les Palestiniens ont commencé à exprimer
leur rébellion contre l’occupation israélienne. Une rébellion
qui a connu son apogée avec le déclenchement de la première
Intifada en 1987. Cette Intifada n’a commencé à s’éteindre
que lorsque les Israéliens se sont trouvés obliger de faire face
à la réalité et d’abandonner leur lutte pour aller à Oslo et
signer le premier accord de paix direct avec les Palestiniens.
Avec la dissipation
de leurs illusions, les Israéliens ont découvert que malgré
leur énorme suprématie militaire et le développement économique
ainsi que le couvert américain dont ils jouissent, ils n’étaient
pas le seul joueur sur la scène et qu’ils ne sont pas les seuls
à déterminer le résultat du match. Ils ont découvert la réalité
qu’ils avaient longtemps essayé d’oublier. Celle qu’il y a
un peuple palestinien et des territoires palestiniens et que sans
la reconnaissance de cette réalité, l’avenir et le destin de
l’Etat hébreu resteraient suspendus quels que soient les outils
d’Israël et sa force.
La prochaine étape
sera l’une des plus importantes et des plus dangereuses dans
l’histoire de la cause palestinienne. Il incombe donc davantage
de conscience, de flexibilité et de capacité d’éviter les
erreurs tactiques et stratégiques. En effet, le rêve palestinien
de l’indépendance, de l’instauration d’un Etat, de la
restitution de Jérusalem et de la résolution du problème des réfugiés
doivent être au-dessus de toutes les considérations et de tous
les conflits palestiniens.
Pour leur part, les
Etats-Unis doivent cesser de soutenir la méthode israélienne qui
considère la carte du fait accompli comme un espace ouvert aux
concessions fondamentales des Palestiniens en contrepartie de
concessions formelles d’Israël.
Nous voulons une
paix réelle et non une paix temporaire. Une paix qui ne soit pas
fondée sur le fait accompli.
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Hebdo
Publié le 13 décembre 2007 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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