Opinion

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A
quand l'union arabe ?
Morsi Attala
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Mercredi 12 novembre 2008
Malheureusement, certains
journaux et chaînes satellites ont tendance à propager des avis
qui ne constituent qu’une face de la réalité. Il est vrai que le
recul et l’impuissance arabes sont actuellement indéniables,
mais ce n’est pas un prétexte pour tenter de donner l’impression
que l’idée même de l’union arabe est illusoire et impossible.
Les projets d’union et de
complémentarité arabes, en particulier au niveau économique,
n’ont pas échoué parce que ce sont des projets non-réalistes,
mais parce qu’ils ont eu un mauvais point de départ.
C’est-à-dire la conscience des peuples et leurs intérêts. Au
contraire, les projets arabes d’union et de complémentarité
avaient parfois pour motifs des pressions émotionnelles et
d’autres fois, ils ont été effectués dans le cadre de politiques
axiales.
De plus, il est injuste de dire
que toutes les tentatives arabes d’union et de complémentarité
économiques ont échoué tout simplement parce qu’elles ont
trébuché. Et ce, sans mentionner clairement que la
responsabilité de cet échec revient à la poursuite des conflits
régionaux et à l’absence de la culture de l’intérêt commun.
Celle-ci doit supprimer du lexique culturel arabe tous les
termes de discrimination entre les différents pays. Ces mêmes
termes doivent être remplacés par la culture des frontières
ouvertes et du libre-échange commercial, sous la protection de
systèmes bancaires et fiscaux renforçant chez les peuples l’idée
de l’importance de l’union. Et ce, à la place des complications
effrayantes qui font que les gens hésitent même à approcher des
frontières géographiques.
La reconnaissance de la réalité
du démantèlement et de l’isolement arabe ne doit pas constituer
un prétexte pour dire que le régime arabe est devenu une charge
lourde pour ceux qui y participent. Au contraire, cette
reconnaissance doit ouvrir la voie à un dialogue libre et franc
autour des moyens de concilier entre les intérêts de chaque pays
séparément et les intérêts arabes nationaux qui en fin de compte
protègent la sécurité, la stabilité et la puissance de chaque
Etat arabe sans aucune exception.
Comment oublier que le géant
européen qui a réussi à atteindre la phase de l’union monétaire
et de l’instauration d’une volonté politique unie n’est autre
que le fruit d’une expérience qui a commencé en 1956 sous le nom
de la Communauté Economique Européenne (CEE). Tout comme le
projet arabe qui est gelé depuis environ un demi-siècle à cause
des craintes illusoires de voir perdre l’individualisme et la
particularité de chaque pays. Or, l’expérience européenne a
prouvé que ceci n’était pas vrai. En effet, aucune contradiction
n’existe entre l’union de la nation et la souveraineté de chaque
Etat. Rappelons que les pays arabes ont même précédé les pays
européens dans l’appel à créer un marché commun, et ce alors que
les Etats européens tentaient encore de remédier à leurs pertes
matérielles et psychologiques après la Seconde guerre mondiale
qui a détruit l’Europe. Cependant, les Européens ont réussi à
dépasser leurs crises et surtout leurs différends et à fonder
une union politique et économique qui leur a permis de
construire une puissance mondiale géante.
Il est temps aujourd’hui de
ressusciter le rêve arabe, même si certains indices sont
décourageants. Pour que ce rêve se réalise, il faut du temps, de
la patience, et surtout de la confiance. Sans oublier le rôle
des médias qui doivent répandre des avis optimistes et courageux
et non des avis pessimistes et décevants. Sinon, il n’y aura
aucun espoir de réaliser un progrès autant au niveau de l’union
arabe qu’au niveau intérieur de chaque pays dans un avenir
proche.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 12
novembre 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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