Palestine

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Les
manœuvres d’Olmert
Rania Adel
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Palestine
. Après le dégel des
droits de douane palestiniens par Israël, ce dernier décide la
prochaine libération de prisonniers palestiniens exclusivement
membres du Fatah. Autant de mesures pour isoler davantage le Hamas.
Photo Al-Ahram
Mercredi 11 juillet 2007
Certes,
il ne s’agit pas d’un geste de bonne volonté à l’égard
des Palestiniens, mais d’une nouvelle tentative qui vient
s’inscrire dans le cadre de l’évincement du mouvement de résistance
islamique du Hamas au profit du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbass. Le gouvernement israélien d’Ehud
Olmert a approuvé la libération de 250 prisonniers palestiniens
en vue de renforcer le président Mahmoud Abbass et son cabinet de
crise formé après la prise de contrôle de la bande de Gaza par
le Hamas. Le premier ministre l’a même reconnu. « Je pense que
c’est un geste qui mérite d’être effectué (...) car nous
souhaitons utiliser tous les moyens susceptibles de renforcer les
éléments modérés au sein de l’Autorité palestinienne »,
a-t-il déclaré en allusion au radicalisme du Hamas. Olmert s’était
engagé à libérer des prisonniers membres du Fatah lors d’un
sommet avec Abbass le 25 juin, 11 jours après la défaite du
mouvement nationaliste du président palestinien dans la bande de
Gaza.
D’après
un responsable gouvernemental, le cabinet israélien a approuvé
à une large majorité la libération de prisonniers palestiniens.
Néanmoins,
si le principe de la libération a été accepté, il ne faut pas
s’attendre à une libération imminente. Les autorités israéliennes
doivent désormais établir la liste des membres du Fatah concernés
par cette mesure.
Une
fois cette liste établie, un nouveau délai de quelques jours
devrait être nécessaire avant la libération effective de ces
prisonniers, en raison de recours possibles pendant 48 heures
devant la Cour suprême. De précédentes libérations de ce type
ont été contestées par des organisations représentant les
familles des victimes d’attaques palestiniennes.
Saëb
Eraqat, collaborateur de Abbass, a salué la décision israélienne
tout en invitant le gouvernement d’Olmert à établir la liste
des prisonniers concernés en collaboration avec les Palestiniens.
« La question des prisonniers nécessite plus que des gestes afin
d’être résolue, cependant, nous saluons toujours la libération
de prisonniers », a-t-il dit.
D’après
les statistiques officielles, au moins 10 000 Palestiniens sont détenus
dans des prisons israéliennes.
Faouzi
Barhoum, porte-parole du Hamas, a pour sa part déclaré que «
tous les détenus palestiniens, hommes et femmes, ont le droit
d’être libérés ». Selon lui, la libération exclusive de
membres du Fatah entre dans le cadre des efforts de Abbass pour «
renforcer le principe de la séparation » d’avec le Hamas.
Le
Hamas accuse Abbass d’être proche d’Israël et des Etats-Unis
plus qu’il ne le faut. Les Etats-Unis, l’Union européenne et
Israël ont apporté leur soutien à Mahmoud Abbass dans sa lutte
contre les islamistes du Hamas, vainqueurs des élections législatives
en janvier 2006. Les tensions permanentes entre le Fatah et le
Hamas ont débouché début juin sur de nouveaux affrontements
entre les deux camps dans la bande de Gaza, qui se sont soldés
par la victoire des islamistes.
En
réaction, le président palestinien a limogé le gouvernement
d’union formé en mars par le Hamas et le Fatah et a nommé un
cabinet de crise soutenu par les Occidentaux et siégeant en
Cisjordanie.
Tout
en renforçant la position de Abbass, Israël continue ses
incursions dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. Les
troupes israéliennes se sont retirées de la bande de Gaza tôt
vendredi après une incursion militaire qui s’est soldée par la
mort de onze militants palestiniens. Selon Tsahal, ses soldats se
trouvaient à environ un kilomètre à l’intérieur de la bande
de Gaza pour une opération de routine quand ils ont identifié
des activistes et ouvert le feu sur eux depuis les airs et au sol.
L’accrochage
s’est produit près du camp de réfugiés de Bureïj, théâtre
fréquent d’affrontements entre militants armés et l’armée
israélienne. Neuf militants ont été tués, dont six appartenant
au Hamas, selon le mouvement de la résistance islamique.
Par
la suite, l’aviation israélienne a largué des missiles sur des
cibles dans le secteur, selon l’armée. D’après des sources
hospitalières, deux militants ont été tués, et le Hamas a précisé
qu’ils appartenaient également à ses rangs.
La
Ligue arabe soutient Abbass
Israël
n’est pas le seul à être déterminé à soutenir Abbass au détriment
du Hamas. L’Etat hébreu a confirmé dimanche qu’il allait
recevoir cette semaine, pour la première fois de son histoire,
une délégation de la Ligue arabe. Les ministres jordanien et égyptien
des Affaires étrangères, Abdul-Ilah Al-Khatib et Ahmad
Aboul-Gheit, arriveront jeudi à Jérusalem pour y rencontrer leur
homologue israélienne, Tzipi Livni, et le chef du gouvernement
Ehud Olmert, a annoncé le ministère jordanien des Affaires étrangères.
Il s’agira d’un pas diplomatique important pour Israël.
Historiquement, la Ligue arabe a entretenu des rapports
conflictuels avec l’Etat hébreu, mais ses 22 membres semblent désormais
se tourner vers une ligne plus pragmatique, alors que la région
connaît l’ascension de l’islamisme radical.
Il
s’agit maintenant de soutenir le président palestinien Mahmoud
Abbass et son parti, le Fatah, affaibli après le coup de force du
Hamas dans la bande de Gaza.
Les
deux hommes conduiront la délégation de la Ligue arabe, qui doit
discuter en Israël de l’initiative de paix arabe, a confirmé
Mark Regev, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Ce plan prévoit notamment la reconnaissance de l’Etat d’Israël
par tous les pays arabes, la création d’un Etat palestinien, le
retrait israélien de tous les territoires conquis en 1967.
Le
secrétaire de la Ligue arabe, Amr Moussa, a expliqué dimanche
que les ministres égyptien et jordanien allaient prendre « les
contacts nécessaires avec Israël », au nom de la commission
arabe pour l’initiative de paix.
L’initiative
de paix arabe, d’origine saoudienne, date de 2002 et a été
ravivée récemment. Outre la pleine reconnaissance d’Israël en
échange d’un retrait de tous les territoires palestiniens, elle
propose une « solution juste » au problème des réfugiés
palestiniens. Israël n’a pas rejeté ce projet, mais a exprimé
des réserves sur le retrait total des territoires et le retour
des réfugiés en Israël.
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