Al-Ahram Hebdo
Israël brouille les cartes
Morsi Attalla

Photo Al-Ahram
Mercredi 11 février 2009
Il est nécessaire que je signale
dès le début qu’il existe dans tous les pays une référence à la
pensée stratégique qui gère la zone de prise de décision,
notamment en ce qui concerne les questions de guerre et de paix.
Selon cette référence, il est possible d’éviter la guerre, tant
qu’elle est injustifiée, même si les dirigeants politiques y
font allusion par les menaces, tant qu’ils ont encore des
chances d’atteindre leurs buts par l’action. A l’encontre,
Israël est l’unique pays au monde qui parle de paix en
brandissant les armes et les menaces solennellement. A son sens,
la paix est le statu quo que ses soldats sont capables d’imposer
sur le terrain. Et non pas ce que ses négociateurs peuvent
arracher sur les tables de négociations régies par les principes
d’égalité et sous l’ombrelle de la légitimité internationale.
Il est certain que cette
mentalité bizarre et unique en son genre, qui oriente la pensée
et le comportement politique et stratégique de l’Etat hébreu,
est la raison essentielle de la complexité du conflit
arabo-israélien de manière générale
et de la cause palestinienne en particulier. Les Israéliens
mélangent intentionnellement les cartes et falsifient les
réalités avec pour objectif d’embrouiller une situation déjà
compliquée de manière à ne plus pouvoir distinguer la réalité de
l’illusion. Les initiatives de réactivations sérieuses
entreprises par les médiateurs internationaux, afin de séparer
les constats historiques et géographiques, ne faisant pas
l’objet de doute d’une part et les mensonges et prétentions
légendaires d’autre part, se trouvent prises dans le piège de la
confusion et de l’embarras. Quel est l’objectif des Israéliens ?
Israël doit présenter des excuses
pratiques et présenter des regrets, tout en s’engageant à ne
plus jamais répéter ce qu’il a fait. Des excuses pratiques
signifient promettre de renoncer à la pensée religieuse
extrémiste et réviser la théorie sécuritaire désuète. Tel-Aviv
doit reconnaître que la paix, qu’elle ne cesse de chanter nuit
et jour et qu’elle ne fait que démolir par ses chars et ses
missiles et avions nuit et jour, implique des conditions.
Je dis cela clairement, à l’heure
où les émissaires internationaux ont commencé une nouvelle
tournée d’actions politiques, afin de ressusciter un processus
de paix très mal en point, à la lumière
des événements de Gaza et l’arrivée d’une nouvelle
Administration aux Etats-Unis. D’autant plus que cette dernière
accorde la priorité au dossier du Moyen-Orient.
Je ne suis pas tout à fait
d’accord avec ceux qui craignent que ces efforts et ces
mouvements internationaux deviennent une simple couverture pour
cacher le visage odieux d’Israël, qui a été révélé clairement
pendant les événements de Gaza. Mais Israël désire-t-il vraiment
faire la paix ? Si la réponse est par l’affirmative, qu’est-ce
qui le paralyse alors et l’attarde à concrétiser les accords
préalablement conclus avec les Palestiniens, pour faire preuve
de bonne volonté et récupérer la confiance perdue, afin de
pouvoir poursuivre la démarche pacifique conformément à
l’initiative arabe, la feuille de route et les accords
d’Annapolis qui puisent leur légitimité de la formule de la
terre contre la paix ?
L’insistance à poursuivre la
construction du mur de séparation et des colonies, ainsi que la
fragmentation de la Cisjordanie représentent-elles une réelle
volonté de paix ?
La paix peut-elle exister avec
l’insistance d’Israël à anéantir le droit au retour des réfugiés
palestiniens, au moment où elle répète en grande pompe son droit
à faire venir des millions de juifs de tous les coins de la
terre, pour s’implanter sur les territoires exposés à une
confiscation de leurs propriétaires palestiniens ?
La réponse à ces questions est
l’unique accès correct à n’importe quel discours sur la
sécurité, la stabilité et la paix. Mais le fait de tourner en
rond autour des mesures sécuritaires relève de l’absurde. Je
voudrais dire clairement que si l’objectif résidant derrière ces
efforts est simplement l’accalmie et la confirmation de la
trêve, cet effort, malgré son importance, ne
procurerait qu’une trêve fragile et faible incapable de
survivre pendant longtemps à l’ombre des provocations et des
incitations multiples.
Il est devenu inévitable que les
sages sur la scène palestinienne réalisent que la prochaine
étape leur impose de réarranger intérieurement la demeure
palestinienne et de soutenir ses fondements nationaux et ceci en
accord avec les efforts égyptiens méritoires, afin de relancer
et de faire triompher le dialogue objectif entre les différentes
factions.
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Publié
le 11 février 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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