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UPM
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Les
Arabes et la realpolitik
Chaimaa
Abdel-Hamid
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Photo Al-Ahram
Mercredi 9 juillet 2008
Le
ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a
complètement exclu que le sommet de l’Union pour la Méditerranée
voulue par le président Nicolas Sarkozy puisse se faire sans Israël.
Telle a été la réponse française intervenue face au grand débat
qui a eu lieu dernièrement autour de cette question.
Effectivement, la participation israélienne à l’UPM, qui doit
être lancée les 13 et 14 juillet à Paris, en présence d’une
quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement des pays de
l’Union européenne et du sud du bassin de la Méditerranée et
prévoyant la lancée officielle du projet de Sarkozy, a suscité
d’énormes polémiques chez certains pays arabes, qui ont déclaré
refuser une chorégraphie du sommet qui donnerait l’impression
d’une normalisation de leurs relations avec Israël. Ils ont même
reproché à Paris d’avoir œuvré au sein de l’Union européenne
pour un partenariat renforcé avec Israël.
Pour
les spécialistes, il existe toujours un problème concernant les
relations entre les pays arabes et Israël, que ce soit dans le
cadre des relations ou des accords politiques ou économiques.
Emad Gad, rédacteur en chef de la revue Israeli Digest, affirme
que ces rapports assez tendus sont dus au fait qu’aucun règlement
politique n’a eu lieu concernant la crise palestinienne. « Pour
qu’il y ait des chances de réussite pour cette union, il faut
absolument qu’il y ait une entente politique entre tous les pays
qui en font partie, sinon il serait donc préférable pour un Etat
qui a des problèmes de ce genre de ne pas adhérer à l’UPM,
comme il a été parfois le cas à l’Union européenne », lance
Gad, qui donne l’exemple de la Serbie qui n’a pas adhéré
à l’UE parce qu’elle n’a toujours pas résolu ses problèmes
en ce qui concerne l’indépendance de certaines provinces comme
le Kosovo ou la Macédoine.
Ce
point de vue n’est pas partagé par tous les analystes. Pour le
politologue Saïd Okacha, la position des pays arabes qui sont à
l’origine de ce débat est inexplicable. Pour lui, d’une part,
Israël n’est pas un pays à prendre à la légère. « C’est
un Etat qui a son poids politique, militaire et stratégique assez
important ». D’autre part, ce projet d’union méditerranéenne
est dans l’intérêt des pays arabes. « Au contraire, il faut
que les Arabes profitent de ce rapprochement pour tenter de résoudre
le conflit palestino-israélien ». Il faut donc essayer de
montrer aux Européens que nous sommes disposés à instaurer des
relations et des conversations avec Israël pour parvenir à une
stabilité dans la région. Et non pas le contraire. « La
solution n’est pas d’essayer d’éloigner Israël, mais au
contraire de l’accepter tout en exprimant notre avis contre la
colonisation », ajoute Okacha. C’est apparemment ce principe
qui a été suivi par la plupart des Etats arabes. D’où, le
fait que Paris assure ne pas craindre de vague anti-UPM de la part
de ses alliés arabes. Ni même la répétition du front anti-israélien
qui a paralysé le processus de Barcelone.
Effectivement,
les pays arabes se sont contentés de demander des clarifications
« sur les conséquences de l’entrée d’Israël dans la future
union » lors d’une réunion du Forum de la Méditerranée, qui
s’est tenu à Alger le 6 juin, puis rien de plus. Bien au
contraire, qu’il s’agisse de l’Egypte, du Maroc ou de la
Tunisie ainsi que de la plupart des pays du Sud méditerranéen,
ils ont favorablement accueilli la proposition française.
A
l’opposé, le dirigeant libyen Moammar Kadhafi n’a pas hésité
à dire publiquement tout le mal qu’il pensait du projet de
Nicolas Sarkozy. « Nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer
l’unité arabe ou africaine », a lancé le dirigeant libyen, dénonçant
l’UPM comme « un appât » ou « une forme d’humiliation ».
Des déclarations qui n’ont eu aucune influence sur le président
français qui a affirmé que « la Libye avait déjà refusé
d’entrer dans le processus de Barcelone parce qu’il faisait la
part trop belle à l’Europe et qu’il incluait Israël (...).
Ce qui nous rassure, c’est qu’aucun autre pays n’est sur la
même ligne ». La plupart des pays arabes ont donc confirmé leur
présence au sommet du 13 juillet. Quant à la Libye, comme le
pense Okacha, c’est l’un des pays arabes qui n’a aucun poids
politique et qui a l’habitude de se rétracter le lendemain
d’une déclaration.
Israël,
une victoire silencieuse
Une
réaction française qui a sûrement rassuré le côté israélien
qui, en revanche, a décidé de garder le silence profond. En
effet, un atout que ne possèdent pas les Etats arabes, Israël a
un statut bien avancé avec l’Union européenne. En effet,
l’Union européenne et les responsables israéliens se sont
retrouvés à Luxembourg le 16 juin pour donner le coup d’envoi
de l’intensification de leurs relations économiques et
politiques. l’année dernière, l’Etat hébreu avait réclamé
un rapprochement sur plusieurs dossiers, notamment santé et
environnement, ainsi que des consultations politiques plus régulières.
Un statut prouvé par chiffres. Israël est l’un des trois
partenaires méditerranéens les plus importants de l’UE (la
Turquie, Israël et l’Algérie représentent ensemble 60 % du
commerce total de l’UE). De plus, l’Union européenne est le
premier partenaire commercial d’Israël. En 2000, les
importations des pays membres de l’Union à partir d’Israël
étaient de 9,876 millions d’euros. En 1990, elles n’étaient
que de 3,626 millions. Elles ont donc triplé en 10 ans. Elles
représentent un quart du total des exportations israéliennes. La
même année, les exportations des 15 vers Israël s’élevaient
à 15,693 millions d’euros, soit 43 % des importations israéliennes.
D’un
autre côté, la France soutient à fond sa cause et ne penserait
à aucun prix s’opposer à l’Etat hébreu. En effet, les
intentions françaises ont d’ailleurs été déclarées dès le
départ. Le président Sarkozy a reconnu publiquement que la présence
de tous les dirigeants arabes n’était pas acquise, en ajoutant
que « s’il devait en manquer un ou deux, eh bien, nous verrons
bien (...) mais ça n’empêchera pas le train d’avancer
», a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Rome.
Normalisation
ou pas, la réponse est claire. Les débats ne cessent pas autour
d’Israël. Mais la vérité est que les Etats arabes ne se sont
pas opposés au sommet. Même l’Algérie, qui avait au départ
pris position contre le projet, a déclaré que l’UPM ne peut
pousser les pays arabes à entretenir des relations directes avec
Israël. « Il y a toujours la possibilité de travailler avec nos
partenaires tout en respectant les positions des uns et des autres
», a déclaré Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 9 juillet
2008 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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