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George W. Bush

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L’Américain
le moins populaire
Ahmed Loutfi
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George
W. Bush. Le président Bush a adopté une politique très
agressive vis-à-vis du monde arabe qui s’explique en grande
partie par des convictions personnelles selon de nombreux
analystes.

Mercredi 9 janvier 2008
« Ce qui est
certain, c’est que George Bush aura été le pire président américain
depuis la seconde guerre mondiale, tant pour la planète que pour
les Etats-Unis eux-mêmes », le jugement est de Pascal Boniface,
directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques
(IRIS), à Paris. Il l’a confié à Media France Internationale
(MFI). Et c’est en grande partie par la politique arabe du
locataire de la Maison Blanche que s’explique cet échec : « La
guerre en Iraq a été une erreur majeure, et une faillite morale
et stratégique. Le fait de concevoir les relations
internationales comme une croisade, de les réduire à un
affrontement entre eux et nous (ndlr : l’Occident), entre le
bien et le mal, ne constitue pas un progrès, ni sur le plan
intellectuel ni sur le plan stratégique », affirme Boniface.
Cette évaluation faite, alors que le chef de l’exécutif est à
sa dernière année de présidence fait poser une question.
S’agit-il du tempérament, du caractère et des croyances
personnelles de Bush ou de toute une lignée ou composante américaine
?
De nombreux
observateurs mettent en avant et sa doctrine néo-conservatrice et
religieuse et son origine de capitaliste local aux idées fermées.
Mohamad Al-Sayed Saïd, politologue et rédacteur en chef du
quotidien égyptien indépendant Al-Badil, estime que pour
l’exemple le plus patent de l’échec du président, celui de
l’invasion de l’Iraq, « il s’agit en grande partie d’un rôle
personnel et non de celui de l’establishment militaire. Avant
l’invasion de l’Iraq, le Pentagone et d’anciens généraux
ont laissé filtrer des informations sur ces projets militaires
afin de tenter d’éviter la guerre. Ils ont mené une importante
campagne médiatique à ce sujet », explique-t-il. Bush évidemment
n’en a pas pris compte comme il l’a fait avec l’Onu, et une
grande partie de la communauté internationale et même les alliés
arabes traditionnels des Etats-Unis qui, depuis, sont dans un état
de confusion extraordinaire. Sans tenter de faire la psychanalyse
de Bush, son passé incite le politologue à relever une vision
acquise au départ qui l’a poussé à une politique aussi
belliqueuse. « C’est sa personnalité de body guard du
capitalisme local, c’est-à-dire limité à une région donnée,
qui serait à la base de cette dérive guerrière. Il fait partie
de ces Blancs à la culture limitée, mus par une tendance au
fanatisme, une fidélité ethnique, une disposition à la violence
et au racisme en faveur des Blancs. Sa doctrine politique est
celle du WASP (White Anglo-Saxon Protestant) ».
Mohamad Al-Sayed Saïd
se réfère aussi à la carrière dans l’industrie du pétrole
de Bush qui a commencé en 1978 avec la création d’Arbusto
Energy (arbusto signifie Bush en espagnol), une entreprise de
recherche de pétrole et de gaz.
Un aspect
fondamental de cette dérive politique de Bush est ses convictions
de néo-fondamentaliste investi d’une mission quasi divine pour
rétablir l’ordre et la moralité dans le monde et le
Proche-Orient, surtout. Il est un Born Again Christian, c’est-à-dire
un chrétien qui est « né de nouveau ». Il a imprimé cette foi
au cœur du travail gouvernemental. Les réunions du gouvernement
à la Maison Blanche commenceraient par une prière et la lecture
d’un passage de la Bible, relèvent les différentes études
faites à ce sujet. Comme le souligne Mohamad Al-Sayed Saïd,
c’est Ronald Reagan qui a commencé au sein du Parti républicain
à se servir des arguments religieux pour diaboliser l’Union
soviétique. Aujourd’hui, la rhétorique est restée la même,
mais l’ennemi a changé : ce n’est plus le communisme, c’est
l’islam avec comme objectif la nécessité de protéger « Israël
donné aux juifs par Dieu ». Autant de notions qui ont contribué
à façonner la politique de Bush. Mohamad Al-Sayed Saïd relève
cependant qu’il y a de la simulation à ce sujet. « Le lien
avec la religion est de caractère opportuniste et politique. Il
n’y a pas chez lui de vrais sentiments religieux, ni même une
assimilation réelle de l’enseignement religieux. Il s’est
attaché à la religion en tant qu’idéologie politique en
concordance et en coordination avec des mouvements religieux et
non des églises, ce qu’on appelle Moral Majority ». Il reste
que, pour cette dernière année au pouvoir, George Bush
s’attelle au dossier palestino-israélien. Paradoxal ? Il reste
que le moins que l’on puisse dire est que Bush est pour notre région
l’Américain le moins populaire.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 9 janvier 2008 avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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