Opinion

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Où
en sommes-nous après
la crise économique mondiale ?
Morsi Attala
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Mercredi 9 octobre 2008
Que l’économie américaine fasse
faillite avec la célébration du VIIe anniversaire des attaques
du 11 septembre 2001, n’est-ce pas là une étrange coïncidence ?
Pour les néo-conservateurs, cet événement était une occasion
rêvée pour amorcer une nouvelle ère dans les relations
internationales, consacrant les Etats-Unis comme unique pôle
économique et politique mondial. Et voilà que la magie s’est
retournée contre le magicien d’une manière qui a dépassé
l’imaginaire des pires pessimistes.
Personne ne peut contester que
ces dernières années ont marqué le début d’une nouvelle époque
dans les relations internationales. Mais à l’encontre des plans
et des rêves de Washington, qui a réussi à renverser nombre de
régimes et les remplacer par d’autres alternatifs, et qui a été
en même temps à l’origine de désastres et de catastrophes
surtout en Afghanistan, en Iraq et en Palestine,
l’Administration américaine n’a pas réalisé un succès décisif
dans tous les foyers de tensions qu’il a ciblés sous
l’appellation de la guerre contre le terrorisme.
Au lieu de conduire la donne
internationale à bon port à tous les niveaux politique,
économique et social à l’ombre de l’hégémonie qu’ils exercent
sur l’ordre mondial après le démantèlement de l’URSS, ils ont
présenté l’un des pires modèles de performance. Que ce soit au
niveau de leur comportement et leur attitude à l’attention du
monde, car ils étaient sur le point de ressusciter la guerre
froide après l’éveil de l’ours russe. Mais également sur le plan
interne en raison des dépenses exorbitantes des aventures
militaires qui ont dépassé les 2 000 milliards de dollars et qui
ont mis à nu la superpuissance mondiale sur les plans économique
et militaire.
En réalité, ce bilan amer des
sept dernières années et qui a atteint son apogée avec la
faillite de la banque Lehman Brothers, la 4e banque américaine,
a été le résultat de la détérioration dramatique de la situation
économique. Depuis la chute des crédits du marché immobilier,
jusqu’aux taux de chômage qui ont atteint leurs pires niveaux
depuis plus de 20 ans, dépassant la barre des 6 %.
Il est nécessaire, de dire dans
ce contexte que l’économie américaine blessée qui menace de
secousses toute l’économie mondiale en raison du déficit qui a
dépassé les 2 trillions de dollars aujourd’hui est celle-là même
qui était sous son meilleur jour au moment de l’investiture de
Bush en 2001 avec un surplus d’un demi-trillion de dollars.
Ce qui prouve davantage l’ampleur
de la crise et ses répercussions néfastes sur toute l’étendue
mondiale sont les déclarations faites par l’un des plus grands
alliés de l’Amérique, à savoir le président français Nicolas
Sarkozy. Celui-ci a déclaré que l’ère de l’économie de marché
est révolue, alors que le ministre allemand des Finances a dit
de son côté, s’adressant aux Etats-Unis, qu’ils doivent
reconnaître qu’ils ne sont plus une superpuissance mondiale.
Ainsi, le centre de l’intérêt
mondial a-t-il radicalement dévié ces derniers jours. Alors que
le monde entier était préoccupé, il y a quelque temps, par les
événements et les évolutions qui dessineraient la nouvelle
politique mondiale, surtout avec une éventuelle résurrection des
scénarios de la guerre froide, aujourd’hui le monde entier se
tourne vers l’image de demain. De nouvelles questions s’imposent
dans la plupart des capitales sur la création des mécanismes
capables de coexister avec les nouvelles évolutions et les
nouveaux défis économiques effrayants.
Parce que les discours sur les
mutations que subit la carte économique mondiale représentent un
nouvel épisode de l’histoire humaine. Il faut reconnaître
l’importance de faire une lecture prévisionnelle, surtout que
nous vivons l’époque des grands chocs et d’une possibilité que
les conflits économiques gagnent en acuité et en atrocité, sans
oublier les mutations politiques soudaines qui peuvent survenir.
En réalité, la règle historique
affirme que le nerf de tout progrès est la capacité d’avoir une
vision prévisionnelle.
En réalité, le facteur décisif de
la réussite de n’importe quel Etat est son aptitude à passer de
l’état de rigidité et de résignation aux horizons plus élargis
de l’avenir. L’objectif étant d’inciter les mentalités, les
ressources et les capacités à répondre aux besoins de l’avenir.
Raison pour laquelle il n’existe pas d’espaces dans ce monde
pour les personnes aux horizons étroits et ceux qui sont avides
de pouvoir et de contrôle. Les leaders de demain doivent porter
un regard plus élargi vers l’avenir et être épris du renouveau
et de la réforme. Ils doivent savoir comment enraciner les
valeurs communes de l’intégration et de l’unité de l’action.
En résumé, les défis de demain au
milieu de ces énormes mutations politiques et chocs économiques
ne résident plus dans la capacité d’aller de pair avec les
évolutions technologiques sophistiquées de la science moderne.
Ils résident plutôt dans cette capacité de faire face et de
relever ce défi terrible qu’a sécrété la crise économique
américaine. Les leaders doivent pouvoir mener la barque à tous
les niveaux de l’action nationale et de comprendre la nature de
ces défis qui prendront une plus grande ampleur dans les années
à venir.
Ceux qui désirent réaliser le
rêve de se prévenir et de se prémunir ont besoin de maîtriser
les nouvelles sciences prévisionnelles. Mais ceci ne se fera pas
avec les schémas mentaux traditionnels et nécessitera une
confrontation réelle en adoptant un nouveau type d’idées
modernes. Enfin, je dirais qu’il n’y a pas vraiment de
différence entre les tempêtes dévastatrices de la nature et les
tempêtes de surprises que l’on prévoit à l’avenir et qui ne
doivent rien laisser au gré du hasard ni de l’inconnu.
Droits de
reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 8
octobre 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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