Monde arabe

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Dernier forcing de
Washington
Rania Adel
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Palestine.
En dépêchant une fois de
plus sa secrétaire d’Etat en Israël et dans les Territoires, le
président américain entame une course contre la montre en vue
d’obtenir un quelconque progrès avant la fin de son mandat.

Photo CPI
Mercredi 7 mai 2008
Réelle volonté de donner un
dernier coup de pouce audit processus de paix ou simple visite
pour sauver la face de l’Administration de George W. Bush à
laquelle on a reproché le manque d’engagement à remettre le
processus de paix sur les rails ? La visite de la secrétaire
d’Etat américaine en Israël et dans les territoires occupés
s’inscrit plutôt dans l’optique de la deuxième option. Les
analystes même se demandent de quel accord de paix on peut
parler alors qu’il ne reste que quelques mois dans le mandat du
président américain. Ce qui s’est avéré irréalisable des années
durant peut-il devenir possible dans l’espace de quelques mois ?
L’Administration américaine y croit ou donne l’impression d’y
croire. « Nous continuons à croire que cet objectif est à notre
portée — un accord entre Palestiniens et Israéliens d’ici la fin
de l’année et d’ici la fin du mandat du président Bush », a dit
Condoleezza Rice à l’issue d’un entretien avec le président
palestinien Mahmoud Abbass à Ramallah, en Cisjordanie.
Mais ce qui est assez singulier
dans cette visite, c’est que pour la première fois le chef de la
diplomatie américaine exerce une pression, ne serait-ce que
verbale, sur l’Etat hébreu. Lors d’une conférence de presse,
Rice a précisé qu’elle avait parlé avec le premier ministre
israélien Ehud Olmert, samedi soir, et son ministre de la
Défense Ehud Barak, dimanche matin, de la liberté de circulation
dans les territoires palestiniens et de la réduction des
barrages routiers. « Il ne faut pas regarder seulement la
quantité, mais aussi la qualité des améliorations apportées à la
liberté de mouvement de la population », a-t-elle dit.
Selon les autorités israéliennes,
l’existence de cet ensemble de barrages routiers et de postes de
contrôle est nécessaire pour empêcher les attentats suicides.
Les Palestiniens, eux,
considèrent ces barrages comme une punition collective qui pèse
lourdement sur la vie économique. Avant d’entamer samedi cette
visite de deux jours au Proche-Orient, Rice avait annoncé son
intention de vérifier si Israël avait pris sur le terrain les
mesures promises pour faciliter la vie des Palestiniens,
notamment en démantelant des barrages.
A la suite de son dernier passage
dans la région fin mars, Israël avait annoncé son intention de
démanteler 61 barrages en Cisjordanie occupée mais, selon une
étude de l’Onu, 44 barrages seulement ont été levés et la
plupart n’étaient pas très importants. Selon l’Office de
coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies dans
les territoires palestiniens (Ocha), Israël a procédé à « 17
déplacements de remblais de terre qui n’ont eu aucune incidence
et a supprimé » neuf barrages ayant un effet minimum.
Olmert est l’objet de pressions
croissantes des Occidentaux pour assouplir les restrictions sur
les déplacements des Palestiniens et prendre d’autres mesures
pour renforcer la position du président Abbass, dont l’autorité
est limitée à la Cisjordanie depuis la prise de contrôle de la
bande de Gaza par le Hamas en juin 2007. Condoleezza Rice a jugé
« particulièrement problématique » la question des colonies
juives dans les territoires palestiniens.
Elle a ajouté que les Etats-Unis
considéraient la poursuite des implantations juives dans les
territoires comme particulièrement problématique pour le climat
de confiance qui est pourtant nécessaire. Lors de la réunion du
Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu) vendredi
dernier, les grandes puissances ont appelé Israël à geler la
construction de colonies en Cisjordanie.
Négociations sérieuses
Mme Rice s’est aussi déclarée «
impressionnée par le sérieux et la profondeur des discussions »
entre Israéliens et Palestiniens, défendant par ailleurs la «
confidentialité » des négociations. « Je crois qu’il est
important qu’on comprenne qu’il s’agit des premières discussions
sérieuses sur toutes les questions de fond entre les parties
depuis sept ans », a-t-elle précisé.
Dans le quotidien qatari Charq de
dimanche, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmad
Aboul-Gheit a indiqué savoir « qu’un progrès a été réalisé dans
les négociations entre Palestiniens et Israéliens », mais que
ceux-ci ne « veulent pas en révéler la nature » à ce stade.
Abbass et Olmert ont accepté de
reprendre les pourparlers de paix avec pour objectif de parvenir
à un accord avant le départ de Bush de la Maison Blanche. Peu de
progrès visibles ont cependant été enregistrés jusqu’ici. Les
Etats-Unis, tout comme Israël, cherchent à renforcer le pouvoir
de M. Abbass, par opposition au Hamas islamiste, qui contrôle la
bande de Gaza depuis juin 2007. Samedi, les forces de sécurité
de Abbass se sont déployées à Djénine, dans le nord de la
Cisjordanie, afin de renforcer le contrôle de l’Autorité
palestinienne sur le secteur.
Leur mission consiste avant tout
à arrêter et désarmer les militants du mouvement radical Hamas,
au pouvoir à Gaza depuis son coup de force de juin 2007. Elle
s’inscrit dans le cadre des engagements de sécurité pris par les
Palestiniens en novembre à Annapolis, aux Etats-Unis. D’autres
déploiements du même ordre ont d’ailleurs eu lieu ces derniers
temps dans le nord de la Cisjordanie.
De Gaza, le Hamas a accusé
Mahmoud Abbass de faire le jeu d’Israël en arrêtant ses membres
et a vivement dénoncé le déploiement de Djénine.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 8 mai 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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