Al-Ahram Hebdo
Une fausse démocratie
Morsi Attalla

Photo Al-Ahram
Mercredi 6 mai 2009 Si certains prétendent
qu’Israël possède quelques aspects démocratiques, il faut aussi
dire que tout dépend de l’essence même des choses et des
résultats, et non pas des apparences. La preuve est que les
forces extrémistes et racistes en Israël ont connu une montée
suspecte aux dernières élections.
En réalité, l’essence de la politique
israélienne restera à l’encontre de l’essence de la démocratie
tant que les tendances de racisme et d’inégalité persisteront à
l’intérieur d’Israël. De même, la démocratie restera également
vide de tout sens tant que la politique israélienne restera
imprégnée de ce caractère odieux de colonialisme adopté avec
l’entourage arabe. Et ce en refusant de serrer la main arabe
tendue pour la paix sous la houlette de la légitimité
internationale que les Arabes ont acceptée bien qu’elle ait été
injuste avec eux, contrairement à Israël.
Le plus dangereux est que la situation à
l’intérieur d’Israël connaît un déchirement accru et apparaît en
surface des indices de manque de confiance qui s’exprime
clairement dans le recours excessif à la force. Et ce, loin des
débouchés du dialogue qui est en réalité l’essence même de la
démocratie, alors que la force ne garantit à aucune nation la
légitimité de persister.
C’est cette démocratie, dont se vantent les
Israéliens, qui a transformé Israël en Etat de conflit. Un
conflit intérieur entre des partis et des hommes de politique
aux tendances antagonistes. Et un conflit avec l’extérieur qui
ne s’arrête pas aux limites des guerres traditionnelles avec les
pays de voisinage. Ce conflit s’élargit pour atteindre tous ceux
qui sont estimés être par Israël ses ennemis, n’importe où dans
le monde. C’est aussi cette démocratie qui a transformé Israël
en réserve militaire qui concrétise sur le terrain de la réalité
les mêmes visions sionistes basées sur les légendes, dans
lesquelles le cultivateur apparaît, portant la pioche dans la
main droite, le fusil dans la gauche et les jumelles sur les
yeux.
La démocratie ne peut ni se développer ni se
stabiliser tant qu’elle est exercée dans un Etat possédant qui
ne dépend pas de lui-même. Et Israël, comme tout le monde le
sait, est un Etat parasite qui dépend essentiellement sur les
aides étrangères que payent les citoyens américains sous forme
d’impôts, au point que l’impression dominante aujourd’hui — à
l’intérieur et à l’extérieur d’Israël — est qu’Israël est le 51e
Etat dans la constitution politique et économique de l’empire
américain.
L’exemple israélien représente le plus grand
préjudice porté au sens et à l’essence de la démocratie.
Aujourd’hui, le rôle essentiel de l’Etat hébreu est devenu
l’organisation du conflit entre les forces juives d’immigration
qui s’implantent sur les territoires palestiniens et les
habitants originaux qui ont réussi à rester sur les terres après
la défaite de 1948. En fin de compte, ceux-ci sont devenus une
minorité arabe musulmane et chrétienne dans un Etat juif
d’occupation. Et cet Etat tente par tous les moyens de les
expulser comme l’a dernièrement dévoilé le ministre extrémiste
des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.
Donc, ceux qui parlent de la démocratie en
Israël négligent la réalité de la vie curieuse dans l’Etat
hébreu qui a poussé un grand chercheur israélien appelé Israël
Chahak à décrire Israël comme une armée qui possède un Etat et
non un Etat qui possède une armée.
Ceux qui parlent de démocratie en Israël
négligent-ils l’ensemble de procédures répressives adoptées
contre les Arabes résidant à l’intérieur d’Israël ? Ces
procédures sont légiférées sous la coupole de la Knesset comme
la loi des territoires de l’Etat promulguée par Israël en 1960
et qui stipule de priver les Arabes qui portent la nationalité
israélienne du droit de posséder des terres. Il y a également la
loi qui donne à l’appareil de sécurité intérieure le droit
d’avoir recours à la torture pour soutirer les reconnaissances
des prisonniers arabes sous prétexte de sauvegarder la sécurité
de l’Etat.
De plus, Israël a promulgué deux lois qui
n’existent dans aucun Etat du monde : la loi du retour et le
droit de la nationalité. Grâce à ces 2 lois, il devient du droit
de chaque juif de se rendre en Israël et d’obtenir la
nationalité israélienne dès qu’il annonce sa volonté d’immigrer
vers l’Etat hébreu. Alors qu’il est impossible pour les
Palestiniens, habitants originaires du pays, d’obtenir la
nationalité, à cause des 6 conditions draconiennes imposées par
le gouvernement et approuvées par la Knesset.
A la lumière de cette réalité, il n’est pas
étrange que le gouvernement israélien soit présidé par un
extrémiste juif de New York et que le responsable du
portefeuille des Affaires étrangères soit un des hommes les plus
célèbres dans les cabarets de Moscou !
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Publié
le 6 mai 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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