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Palestine


Engagements fictifs
Rania Adel

Palestine. La situation sur le terrain ne laisse présager aucun changement tangible dans la politique israélienne, malgré les promesses solennelles tenues à Annapolis.

Mercredi 5 décembre 2007

Une semaine après la conférence d’Annapolis, le scepticisme qui planait dessus s’est confirmé. En effet, le premier ministre israélien Ehud Olmert n’a pas tardé à se détacher des promesses faites aux Etats-Unis. Dimanche, il a minimisé les chances de parvenir avant fin 2008 à un accord de paix avec les Palestiniens, objectif fixé la semaine dernière à la conférence d’Annapolis. « Nous ferons l’effort d’organiser des négociations rapides dans l’espoir d’atteindre notre objectif avant la fin 2008, mais il n’y a certainement pas d’engagement sur un calendrier fixe pour leur conclusion », a déclaré Olmert à l’ouverture du conseil des ministres. Tentant manifestement d’assurer l’aile droite de sa coalition de gouvernement qu’il ne ferait pas de concessions sans acte réciproque du camp palestinien, Olmert a affirmé que le processus de paix dépendrait du respect des engagements de la Feuille de route. « Le point le plus important de la déclaration commune est que tout accord auquel nous parviendrons à l’avenir dépendra du respect de l’ensemble des engagements de la Feuille de route ». « En d’autres termes, Israël n’aura pas à tenir ses engagements émanant de l’accord tant que toutes les conditions de la Feuille de route n’auront pas été remplies », a-t-il ajouté.

La Feuille de route, établie en 2003 par les Etats-Unis, prévoit notamment le gel des implantations israéliennes en Cisjordanie et la répression des activistes par l’Autorité palestinienne.

Bien plus, l’Etat juif, qui lance régulièrement des raids à Gaza contre les activistes tirant des roquettes vers les villes israéliennes, a annoncé dimanche avoir intensifié ses attaques contre le territoire côtier.

Dans un communiqué, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, déclare avoir autorisé davantage d’actions militaires à Gaza. Selon Barak, l’armée israélienne a tué 22 activistes lors de la semaine écoulée. Il est donc manifeste que l’Etat hébreu n’a l’intention de changer sa politique consistant à jeter la balle dans le camp palestinien, à le rendre responsable de tout problème, et à poursuivre ses assassinats.

Les prémices de ce désengagement ont déjà paru mercredi dernier aux Etats-Unis, MM. Olmert et Abbass étaient apparus brièvement devant la presse, sans prendre la parole. Il n’y a pas eu de poignée de mains pour susciter la comparaison avec celle, historique, de 1993 entre le président Bill Clinton, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le dirigeant palestinien Yasser Arafat.

Pour les observateurs et les analystes, il n’y a rien de neuf dans la position israélienne axée sur les tergiversations et les atermoiements. Annapolis a fermé les yeux sur les litiges fondamentaux que Palestiniens et Israéliens ont été incapables jusqu’alors de régler, à savoir les frontières d’un futur Etat palestinien, le statut de Jérusalem, le sort des colonies ou le retour des réfugiés palestiniens. Et même le menu résultat consistant à relancer un processus embourbé et à rechercher avant 2008 un accord qui permettrait l’établissement d’un Etat palestinien ne jouit pas du soutien israélien.

Et là les politologues voient que l’opposition israélienne y est pour quelque chose. En effet, deux partis de la majorité d’Olmert et des formations de l’opposition de droite et d’extrême droite appuyées par les colons, se sont élevés contre un éventuel compromis en 2008 avec le président palestinien.

« Nous rejoindrons immédiatement l’opposition s’il s’avère que les négociations s’orientent vers un accord permettant le retour en Israël de réfugiés palestiniens, le partage de Jérusalem et le démantèlement de localités juives (colonies) en Judée-Samarie (en Cisjordanie) », a déclaré à l’AFP Yossi Lévy, porte-parole du parti Israël Beiténou (ultra-nationaliste, 11 élus) dirigé par le ministre des Affaires stratégiques Avigdor Lieberman.

Même détermination pour le ministre du Commerce et de l’Industrie, Eli Yishaï, dirigeant du Shass orthodoxe (12 élus), qui refuse « catégoriquement » d’être associé à un arrangement partageant Jérusalem.

Certes, Olmert, affaibli à cause des accusations de corruption, n’est pas prêt à affronter ses opposants. Toute confrontation étant en faveur du chef du Likoud Benjamin Netanyahu, qui attend son heure dans l’espoir que ses alliés naturels, MM. Yishaï et Lieberman, se rallient à lui.

Projet de résolution retiré

Mais si Olmert a pris du recul quant aux promesses d’Annapolis, il n’était pas le seul à le faire. Côté américain, bien que les Etats-Unis soient engagés dans les efforts de paix, ils ont retiré vendredi un projet de résolution au Conseil de sécurité approuvant les décisions prises cette semaine à la conférence d’Annapolis sur la paix au Proche-Orient, des responsables israéliens ayant jugé le document inadapté. Des diplomates israéliens aux Nations-Unies ont affirmé que s’ils n’avaient aucune objection à ce que le Conseil de sécurité soutienne les résultats de la conférence d’Annapolis, ils estimaient qu’une résolution n’était pas le moyen le plus adapté pour cela.

Ils ont également laissé entendre qu’Israël n’avait pas été consulté au préalable sur le projet soumis jeudi au Conseil par Washington. A l’issue de débats à ce sujet au sein du Conseil, l’émissaire américain Alejandro Wolff a déclaré que les « consultations intensives » de Washington avaient débouché sur la conclusion qu’il existait « un certain malaise avec ce type de produit », en l’occurrence une résolution.

« Par égard envers ce que les deux parties (Israéliens et Palestiniens) estiment être le plus utile, nous sommes parvenus à la conclusion qu’il serait préférable de simplement retirer le document », a-t-il ajouté. Le projet de résolution retiré, que les journalistes avaient pu consulter, aurait soutenu les décisions prises à Annapolis et appelé l’ensemble des Etats à en faire autant et à aider l’économie palestinienne. Bien qu’Israël n’ait, semble-t-il, pas eu d’objections à ce texte, des observateurs ont estimé que l’Etat juif redoutait de voir une résolution formelle donner à l’Onu un trop grand rôle dans le processus de paix au Proche-Orient. Après le retrait, le représentant permanent de la France, Jean-Maurice Ripert, a souligné dans un communiqué l’importance de l’implication de la communauté internationale. « Nous comprenons les raisons avancées par les Etats-Unis, mais nous sommes persuadés que l’appui de l’ensemble de la communauté internationale au processus initié à Annapolis reste indispensable », peut-on lire dans ce texte.

Vendredi, lors d’une conférence de presse à Tunis, Mahmoud Abbass avait déclaré avant le retrait du texte que celui-ci comptait « parmi les indices de l’engagement américain », tout en précisant ne pas avoir de détails sur son contenu. Mais suite au retrait du projet, peut-on toujours parler d’un engagement américain ?

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Publié le 5 décembre 2007 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo



Source : Al-Ahram hebdo
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