|

|
L'annihilation
programmée d'Al-Qods
Achraf Abou-Hol
|
Conflit
arabo-israélien. Le statut
de Jérusalem-Est en tant que capitale du futur Etat palestinien
est, avec le retour des réfugiés, une des questions-clés d’un
règlement durable. Israël fait tout pour effacer l’identité
arabe de cette ville.

Photo Al-Ahram
S’il
y a un symbole de Jérusalem pour les Arabes, c’est bien la
mosquée d’Al-Aqsa et tout l’espace dont elle est le centre,
avec le Dôme du Rocher et 200 autres sites religieux, mosquées,
édifices, dômes, fontaines d’ablutions et mastabas. Une
superficie de 144 donem, c’est-à-dire 144 000 mètres carrés.
Du côté ouest, c’est le mur des Lamentations, auquel les
Arabes donnent le nom d’Al-Bourak. C’est à partir de ce site
arabe que l’Etat hébreu veut modifier la physionomie des lieux
à Jérusalem. Les mesures policières rigoureuses appliquées par
les autorités israéliennes à Jérusalem et ses banlieues
interdisent à des milliers de fidèles d’effectuer la prière,
notamment celle du vendredi, suite à la construction du mur de séparation.
De nombreux musulmans effectuent donc la prière dans les rues et
les voies voisines des points de passage et des barrages
militaires. Les soldats israéliens ont recours à des poursuites
systématiques des citoyens arabes. Cela s’est accentué lors
des cérémonies religieuses de la fête de la naissance du prophète
(le Mouled), et du dimanche des Rameaux pour les chrétiens
arabes. Autre danger : les fouilles archéologiques et les
attaques menées par les extrémistes juifs. Des célébrations
religieuses intervenues 48 heures après une grève commerciale générale
qui a duré trois heures pour protester contre la destruction par
les autorités israéliennes de la porte des Maghrébins et de la
route menant à Al-Aqsa.
Les
chiffres viennent accentuer cet état des lieux avec une judaïsation
progressive de Jérusalem-Est. Ainsi, si les colons représentent
15,8 % des habitants de la Cisjordanie, ils forment à Jérusalem
38 % de la population selon le recensement de 2005. La surface des
terres dans les colonies est de 187,1 km2, soit 3,3 % de la
Cisjordanie, selon le même recensement. A Jérusalem, cette
surface est de 44,4 km2, soit 12,9 %.
Le
dessein israélien visant à élargir la colonisation juive de
peuplement et l’exode des Palestiniens n’a pas commencé avec
l’agression de juin 1967, mais dès 1948. Il fut à la base de
l’usurpation de la Palestine. La colonisation devint le premier
objectif, extension humaine et géographique allant de pair. Après
juin 1967, Israël a tenu au non-retour aux frontières d’avant
l’agression. Aux arguments stratégiques et politiques israéliens
se sont ajoutés d’autres économiques et religieux, et l’on a
vu une création tous azimuts de colonies de toutes sortes :
agricoles, industrielles, civiles, militaires, afin d’estomper
le tracé des frontières de juin 1967. Dans cette furie, Jérusalem-Est
et les régions alentours ont pris une importance capitale. La
colonisation a eu donc comme but de transformer Jérusalem en
ville juive pour devenir la capitale véritable d’Israël en y
attirant 250 000 émigrés ou plus dans la ville sainte. La
colonisation irait au-delà des frontières de la ville actuelle
pour constituer un cercle allant au voisinage de Ramallah, Bethléem
et Al-Khan Al-Ahmar. Ainsi Jérusalem-Est deviendrait-il un îlot
isolé au sein d’une mer juive. La ville serait séparée définitivement
de la zone arabe.
Droits de reproduction et de
diffusion réservés. © AL-AHRAM
Hebdo
Publié avec l'aimable
autorisation de AL-AHRAM Hebdo

|