Opinion

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La
politique américaine et les Arabes
Morsi Attala
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Mercredi 2 juillet 2008
De
nombreuses circonstances entravent les efforts visant à
améliorer les relations américano-arabes. L’obstacle le plus
grave est celui du climat empoisonné causé par les tendances des
néo-conservateurs. Ceux-ci adoptent la théorie de la force et
pensent que la force américaine absolue et la liberté d’y
recourir sans aucune restriction est l’unique garantie
permettant la stabilité dans le monde entier et la protection
des intérêts américains. Ces nouvelles tendances dans la
stratégie américaine tentent de résumer la sécurité mondiale
dans le cercle de la sécurité américaine dont l’étendue atteint
aussi la sécurité d’Israël et ses objectifs expansionnistes.
Le
danger de cette théorie qui règne sur l’agenda de la politique
américaine est que les néo-conservateurs veulent rompre le lien
traditionnel entre la souveraineté et la sécurité nationales
dans n’importe quel pays. En effet, ce qui importe aux
Etats-Unis est d’être l’unique superpuissance militaire et
économique dans le monde, et par conséquent d’avoir la liberté
d’effectuer des frappes préventives contre les ennemis probables
dans l’objectif de les désarmer puis de les soumettre.
Les
partisans de la nouvelle politique américaine tentent depuis des
années de convaincre la société américaine que le retrait des
forces américaines des foyers de conflit, que ce soit en Europe
ou au Proche-Orient, causera un chaos mondial. Par conséquent,
il faut que les Etats-Unis tentent de donner à leur présence
militaire, en dehors des territoires américains, une certaine
légitimité. Cette légitimité se base sur des accords conclus
avec les leaders que les Etats-Unis réussissent à introniser
dans les régions de tension comme les accords de sécurité prévus
en Iraq.
Les
partisans de cette politique estiment aussi que si les prétextes
de la menace directe causée par les armes de destruction massive
ou par le terrorisme contre les Etats-Unis deviennent insensés,
les Etats-Unis peuvent brandir l’arme de la démocratie pour
justifier l’ingérence dans les affaires des autres pays. Là, le
prétexte sera que l’une des plus importantes garanties de la
sécurité américaine ne réside pas seulement dans la démocratie
américaine, mais aussi dans la propagation de la démocratie de
par le monde. Car si la démocratie est menacée à l’extérieur des
Etats-Unis, elle le sera également à l’intérieur !
Tout
ceci signifie que ce n’est pas par hasard que l’Administration
de Bush dominée par les conservateurs a formulé sa conception de
la guerre contre le terrorisme sans expliciter le contenu et les
détails de cette conception. Il est clair que l’objectif est de
pouvoir appeler la lutte contre l’occupation « terrorisme », et
par conséquent justifier toute ingérence au nom de l’éradication
des terroristes dans tel ou tel pays. Et quand l’Administration
américaine ne trouve pas ce prétexte dans un certain Etat, elle
peut alors parler de l’absence de la démocratie sous prétexte
que cette lacune permet la naissance et la croissance des
groupes terroristes dans l’avenir.
Mais
aux Etats-Unis, il n’y a pas seulement les néo-conservateurs qui
dominent le pouvoir depuis l’année 2000. Il y a d’autres
courants qui ont un certain poids et qui commencent à avoir une
forte voix pour mettre en garde contre le danger de la
continuité de cette politique sur l’avenir du pays. C’est pour
cela que ces nouveaux courants parient sur la possibilité que
les démocrates dirigés par Barack Obama puissent revenir à la
Maison Blanche après une absence de 8 ans.
Le
professeur Zbigniew Brzezinski, conseiller à la sécurité
nationale de l’ex-président américain Jimmy Carter, a écrit dans
son livre The Choice que le point de départ dans l’amélioration
des relations arabo-américaines réside dans des tentatives
sérieuses visant à parvenir à une solution pour la cause
palestinienne. Ce qui permettra d’améliorer l’image des
Etats-Unis chez les peuples arabes et musulmans qui sont en
colère à cause de l’alignement américain sur Israël.
Mais
il est clair que les Etats-Unis ne sont pas encore, jusqu’à
nouvel ordre, près de prendre ce pas.
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reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM
Hebdo
Publié le 2
juillet 2008 avec
l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo

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