Palestine

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La
carotte en attendant le bâton
Mavie Maher
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Conflit
arabo-israélien. Après 5 ans d’inaction dans le
processus de paix arabo-israélien, George Bush appelle à la
tenue d’une nouvelle conférence internationale. Une implication
qui suscite peu d’enthousiasme dans la région et surtout des
questions sur ses objectifs.
Photo Al-Ahram
Mercredi 1er août 2007
«
Le monde peut faire plus pour réunir les conditions de la paix,
aussi j’appelle à la tenue d’une conférence internationale
cet automne pour relancer la paix au Proche-Orient », a déclaré
le président américain au cours d’une allocution solennelle à
la Maison Blanche.
Une
conférence qui devrait se tenir cette année et sera présidée
par Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine, avec la
participation des Israéliens, Palestiniens et leurs « voisins »
de la région.
Une
initiative qui trouve son mérite selon le chef de la Maison
Blanche dans sa déclaration il y a 5 ans en faveur de la création
d’un Etat palestinien. « Il y a plus de cinq ans, j’ai été
le premier président américain à appeler à la création d’un
Etat palestinien. Depuis, de nombreux changements sont intervenus.
Certains porteurs d’espoir. Certains décourageants. L’heure
du choix est maintenant venue pour les Palestiniens », a dit
Bush. Et les événements décourageants font plutôt légion et
pour ne citer qu’un seul, ce serait l’Iraq, ce bourbier où
l’Administration américaine est enfoncée jusqu’à la tête.
Mais sans avouer cette crise, Bush a précisé : « Ces derniers
temps, le débat dans notre pays a porté, et à juste titre, sur
l’Iraq. Cependant, l’Iraq n’est pas le seul sujet crucial
dans la région ». Fuite en avant ? C’est ce même président
américain qui avait déclaré que la guerre contre l’Iraq
changerait la donne de la région et y amènerait la paix ?
Et
avant cette guerre, Bush devait donner quelque chose aux Arabes,
fut-ce la Feuille de route ? Ceci est devenu presque une habitude
avant chaque action militaire dans la région, les Américains
donnent aux Arabes cette carotte des conférences internationales.
Madrid, n’était-elle pas en prélude à la première guerre du
Golfe ? Partirait-il en nouvelle guerre, contre l’Iran par
exemple ? Une première lecture des événements permet de dire
que quelques mois avant la fin de son mandat, marqué par une déroute
en Iraq, une tension au Liban et une friction avec l’Iran,
Georges Bush se trouve dans une situation critique et un succès
sur le dossier israélo-palestinien pourrait l’aider à améliorer
sa cote.
Le
réengagement américain ne serait pourtant pas gratuit. Bush a
appelé avant tout les Arabes « à mettre fin au mythe selon
lequel Israël n’existe pas et à envoyer des ministres en Israël
». N’est-ce pas la vision d’Israël ? « Normalisation
d’abord ». Washington espère la présence de « pays arabes
n’ayant pas signé de traité de paix avec Israël », a précisé
David Welch, secrétaire d’Etat adjoint au Proche-Orient. Et la
carotte ? Israël devrait cesser son « occupation », le mot est
prononcé pour la première fois. Bush reconnaît le statut
d’occupant d’Israël.
Cette
« réunion » comme Bush préfère l’appeler « aidera Israël
à tirer le maximum de gains de la fragmentation
interpalestinienne, et de sauver Olmert après la défaite israélienne
au Liban », précise Fahmi Howeidi dans le quotidien Al-Charq
Al-Awsat. Bush ne demande-t-il pas aux Palestiniens de faire le
choix entre « le chaos » nourri par le Hamas et « la démocratie
moderne » offerte par Mahmoud Abbass ? La volonté américaine
d’écarter le Hamas va de pair avec celle d’Israël. La fin de
ce mouvement de résistance signifierait une attaque à la
triplette contre le Hezbollah, la Syrie et l’Iran.
La
conférence internationale ne serait donc qu’aux conditions
purement et simplement américaines ? L’Europe et même le
Quartette ne seront que marginalisés. Déjà l’initiative américaine
a eu lieu bien avant une réunion à Lisbonne du Quartette qui
devait fixer le mandant de leur nouveau représentant,
l’ex-premier ministre britannique, Tony Blair, à la veille de
sa première visite au Proche-Orient. Les Européens voulaient que
Blair œuvre à faciliter l’ouverture de négociations sur le
statut final et à créer une force internationale robuste dans
les territoires palestiniens et d’intervenir pour obtenir la libération
des milliers des détenus palestiniens. Mais Bush veut définir
autrement son rôle : « coordonner les efforts internationaux et
aider les Palestiniens à établir les institutions durables
d’une société libre ». Bush veut préserver la prééminence
de l’Amérique sur le dossier israélo-palestinien. Il serait «
un canard boiteux » en fin de course, selon la presse israélienne.
Le quotidien Al-Qods confirme : « Nous sommes habitués à
entendre parler d’initiatives, de propositions et de conférences
qui ne débouchent sur rien la plupart du temps ».
S. G.
Mavie Maher
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