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Al-Ahram Hebdo
Israël, criminel
sans alibi
Ahmed Loutfi

Photo: Al-Ahram
Mercredi 9 juin 2010
Turquie-Israël.
Le commissaire Kurt Wallanderest, héros de
plusieurs polars de l'écrivain suédois Henning Mankell qui se
trouvait à bord de la flottille attaquée par Israël, va-t-il
mener une nouvelle enquête sur un nouveau crime ?
Oui, Israël est un Etat pirate.
Il agit comme tous les corsaires et flibustiers qui attaquent
dans les eaux internationales les navires. Les réactions sont
diverses avec évidemment des condamnations, mais
malheureusement, des tentatives d'atténuer la chose au profit de
l'Etat hébreu. Un des principaux témoins de l'attaque sanglante
contre la flottille est l'auteur suédois de romans policiers à
succès Henning Mankell. Intéressant dans la mesure où un auteur
du genre qu'on appelle série noire ait pu assister en direct à
un crime réel. Réaction : il dit étudier la possibilité
d'interdire la traduction en hébreu de ses ouvrages, pour
protester contre cette intervention sanglante de l'armée
israélienne contre la flottille pour Gaza à laquelle il
participait. « Mes livres sont des best-sellers en Israël et je
dois réfléchir sérieusement à la possibilité de faire interdire
leur traduction en hébreu ». Mankell était l'un des 11 Suédois
ayant pris part à la flottille pour Gaza, un convoi humanitaire
de six bateaux avec 682 personnes représentant 42 pays, que les
commandos israéliens ont attaqué, faisant au moins neuf morts.
D'ailleurs, les compagnons suédois de l'écrivain dans la
flottille ont qualifié les attaques de « meurtres prémédités ».
L'écrivain de 62 ans, dont les ouvrages ont été vendus à plus de
25 millions d'exemplaires dans le monde et dont certains ont été
adaptés au cinéma ou à la télévision, a dit avoir du mal à
comprendre « la stupidité » de cette attaque. « S'ils (les
Israéliens) avaient voulu nous arrêter sans perdre la face, ils
auraient pu briser les hélices ou le gouvernail et remorquer les
bateaux. Mais se lancer en toute conscience dans une
confrontation violente et tuer des gens, je ne le comprends
simplement pas », dit l'écrivain. Auteur policier, il ne doit
pas s'étonner cependant puisqu'Israël est bien un Etat qui défie
les lois internationales comme tous les criminels de ses romans.
En plus, il a dénoncé la
disproportion de l'assaut israélien contre la flottille pour
Gaza. Et de dire : « Que se passera-t-il l'an prochain lorsque
nous viendrons avec des centaines de bateaux ? Tireront-ils une
bombe atomique ? ». « Aujourd'hui, nous savons qu'Israël est sur
les genoux. Personne n'aurait pu s'attendre à ce que le reste du
monde réagisse de cette façon. Ils sont complètement isolés. Les
gens en ont tellement assez de cette brutalité et de cette
violence que ce pouvoir (israélien) a sur la conscience »,
a-t-il ajouté. Autre témoin : l'historien des religions Mattias
Gardell, à son arrivée à Istanbul dans le groupe de quelque 500
militants expulsés par Israël, a déclaré : « C'était une attaque
militaire contre une opération d'aide humanitaire ». Il se
trouvait avec son épouse, l'historienne des idées Edda Manga, au
bord du Mavi Marmara, où l'intervention israélienne a été la
plus violente, les passagers ayant affronté les commandos.
« J'ai vu le personnel de sécurité du bateau tenter d'empêcher
des plongeurs de monter à bord. (...) Puis un de nos camarades a
dit que (les soldats) tiraient et avaient tué trois personnes
(...) et que nous devions nous jeter à plat ventre. Nous étions
sur le pont, nous aurions pu mourir », a raconté de son côté
Mme Manga.
Réactions et choses vues qui
diffèrent tout à fait de celles d'autres intellectuels qui se
veulent des défenseurs inconditionnels d'Israël. A titre
d'exemple Bernard Henri Lévy, alias BHL. Dans le blog du Monde
diplomatique, on lit : « A la veille de cette action militaire,
faisant preuve d'une prescience qui fait partie de ses
innombrables qualités, Bernard Henri Lévy déclarait, à
Tel-Aviv : Je n'ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui
se pose tellement de questions morales (haaretz.com, 31 mai) ».
Il est vrai que lors de la guerre de Gaza, notre philosophe
s'était pavané sur un char israélien pour entrer dans le
territoire. Réagissant à l'attaque aujourd'hui, Lévy l'a
qualifiée, selon l'AFP, de « stupide » car risquant de ternir
l'image d'Israël. Pas un mot de condamnation, pas un mot de
regret pour les tués.
Droits de reproduction et de diffusion
réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 9 juin 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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