Opinion
Tout n'est pas si
noir en Libye
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 31 mars 2012
L’anomie et le chaos, qui semblent
vouloir perdurer en Libye
"démocratisée", ne concernent pas ce qui
est essentiel aux yeux de la "communauté
internationale". Là où il faut, les
choses ont repris au quart de tour, dès
les premiers signes de "victoire". De
plus, cerise sur le gâteau, Mouammar
Kadhafi n'a pas fait détruire les puits
de pétrole. Ainsi la production a pu
atteindre actuellement 1,45 million
barils par jour et dépassera, sous peu,
ses niveaux d'avant la
"démocratisation". De surcroît, cette
performance a été réalisée six mois
avant les prévisions les plus
optimistes. Comme quoi, depuis le début,
depuis le dépôt de la demande à l'ONU
pour remanier, à coups de bombes, la
Libye, les objectifs étaient clairs et
précis en termes de priorités. Selon la
Fondation Jamestown ce serait "le
soutien inapproprié accordé par
l'Occident à une rébellion libyenne
spontanée qui n'avait ni idéologie, ni
objectifs communs, ni réelle
organisation (qui) a donné lieu à la
réalité actuelle." Le fait est que peu
importait, ou il valait mieux, que le
pays et son peuple soient livrés à
toutes les dérives, pour que les
affaires puissent se faire en toute
tranquillité. Pour faire bonne mesure,
on "encourage" le CNT, qui continue de
jouer son rôle de fiction de pouvoir
politique, à enquêter sur les exactions
des bandes de "révolutionnaires". Alors
que les médias ont déplacé leurs
appareils de propagande vers le chantier
syrien. Pourtant, il ne se passe pas un
jour qu'on n'apprenne que les Libyens
vivent une véritable tragédie.
L'International Crisis Group (ICG),
cette ONG dont Collin Powell disait que
c'était "une organisation qui compte",
donc pas sujette à caution, rapporte que
"les milices imitent l'organisation de
l'armée... Elles émettent des mandats,
arrêtent et détiennent des suspects...
ce qui a parfois des conséquences graves
pour les communautés qui font l'objet de
discrimination et de sanctions
collectives". Mais cela n'intéressent
pas ceux qui étaient censés "libérer le
peuple libyen de la dictature". La
"reconstruction" a ses priorités et
puis, comme le dit l'ICG, "si la
reconstruction de la Libye exige qu'on
décide de leur sort (des bandes armées),
la précipitation serait tout aussi
dangereuse…". Les droits de l'homme
peuvent, maintenant, attendre. Les
compagnies de pétrole n'ont plus besoin
de ce discours, qui risque, de plus, de
déranger le climat des affaires.
D'autant que des perspectives
alléchantes se profilent à l'horizon. En
ce sens, bien naïf sera celui qui peut
croire que les menaces de sécession de
la Cyrénaïque ne viennent pas d'un plan
préétabli. La région recèle plus de 80%
des richesses en hydrocarbures et son
intention de se séparer du reste n'a pas
fait bouger un cil à Barak Obama. Lui
qui a décidé, du haut de son impunité et
de sa morgue, de refuser de restituer
l'argent libyen, soustrait pour
"sanctionner" Kadhafi. Ce qui signifie
que cet argent est soit un butin de
guerre, soit que tout n'est pas fini
dans l'entreprise de "démocratisation"
et ce n'est pas le CNT qui dénoncera ce
hold-up. Du pétrole qui coule, de
l'argent frais sans propriétaires
reconnus, la virée libyenne de l'OTAN a
apporté tous ses fruits.
Article publié sur
Les Débats
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