Opinion
La guerre froide
prend ses quartiers
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 28 mars 2012
Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire
général de l'OTAN, celui qui a mené à
bien la " révolution " en Libye, livrée,
depuis, à la " démocratie " des bandes
armées, se met à s'inquiéter pour les
finances russes. " Je dois dire que ce
sera un gaspillage d'argent complet de
déployer des armes offensives contre un
ennemi artificiel, qui n'existe pas dans
le monde réel " a-t-il dit, en
substance. L'OTAN n'existerait pas ou, à
tout le moins, serait une organisation
pacifiste qui ne menacerait personne. A
l'entendre, son déploiement d'un système
anti-missile en Europe ne serait dû qu'à
une volonté de décorer le paysage. Et
ces Russes qui font dans le " gaspillage
d'argent " ! Pour rien, leur dit
Rasmussen. A le croire, " le système ne
vise pas la Russie, et n'est pas conçu
pour attaquer la Russie ou nuire à la
dissuasion stratégique russe ". C'est
pathétique. Il ne serait même pas
question de "nuire à la dissuasion
stratégique russe ". Histoire de faire
dans l'invraisemblable et de tenter de
convaincre que les cris de guerre du "
Monde-libre " ne sont que douces
chansonnettes. L'Irak, la Libye, la
Syrie ou l'Iran, ne seraient que des
terrains de villégiatures et des
manœuvres sans conséquences, pour des
armées en manque d'exercices. Mais, pour
comprendre la sortie de Rasmussen, il
faut aller voir ce qui se passe en
Russie. Le ministre russe de la Défense
Anatoly Serdyoukov vient de révéler pas
mal de changement dans l'attitude de son
pays. Il est désormais question de
répondre à l'escalade par l'escalade et
de rétablir un équilibre rompu par
l'euphorie belliciste des Etats-Unis et
de leurs satellites. Il est décidé un "
développement d'armes basées sur des
principes physiques nouveaux, comme les
armes à énergie dirigée, à action
géophysique, à onde d'énergie, ou bien
les armes génétiques et psychotroniques
et autres…pour la période 2011-2020 ".
En plus de cela, il y aura la remise à
jour de " dix sites de lancement de
missiles Topol-M et Yars, représentant
25% de toutes les forces nucléaires
russes ", la mise en service d'un "
nouveau missile balistique
intercontinental Bulava la construction
de huit sous-marins nucléaires pouvant
lancer ces missiles à partir de 2017.
Ajoutons le fait que l'arsenal de la
Russie s'est enrichi de 39 missiles
balistiques intercontinentaux, 12
systèmes de missiles Iskander, deux
sous-marins, neuf navires de guerre et
autres armes et équipements. Pour tout
dire, c'est une redoutable et effroyable
situation qui s'est créée, alors que la
" fin du communisme " devait ouvrir une
ère de paix, de concorde et de
développement économique et social. Du
moins c'est ce que nous chantait la
propagande contre " l'ogre soviétique ",
coupable de guerre et liberticide. Mais
sa disparition a plutôt ouvert la voie à
toutes les ignominies et au crime, en
livrant les faibles à l'appétit d'un
colonialisme réhabilité et paré des
oripeaux d'une " démocratie " au profil
meurtrier. Il fallait donc s'attendre,
une fois certaines limites atteintes,
que par instinct de survie et/ou par
intérêt bien compris la puissance russe
finisse par se rappeler au bon souvenir
de ceux qui ont cru et voulu la voir
disparaître avec sa matrice soviétique.
Article publié sur
Les Débats
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