Opinion
Que vont faire
Ennahda et les Frères musulmans
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 27 décembre
2011
Quand on
est sérieux et qu'on ne travaille pas à
manipuler les opinions publiques, quand
on a la tête sur les épaules et qu'on ne
se laisse pas entraîner par une
conception toute faite, des faits, on ne
peut que voir que ce qui se passe chez
les Arabes et assimilés n'a rien de
spécifique. On peut voir qu'il n'y a pas
plus de «printemps» que des révoltes
contre les effets d'un système
mondialisé. On peut constater que ce
«printemps» est aussi visible en Grèce,
en Espagne, au Portugal ou aux
Etats-Unis, en attendant que d'autres
pays non forcément «arabes» connaissent,
à leur tour, les tornades populaires.
Pourtant, on veut nous faire croire à la
spécificité du phénomène, dans un
distinguo très étudié. Ici, il serait
question de la revendication de la
«démocratie», là-bas de pillages (comme
en Grande-Bretagne) ou de grogne
sociale. Selon les médias dominants, les
Tunisiens et les Egyptiens auraient
réglé la question par les départs de Zine El Abidine Ben Ali et Hosni
Moubarak. Tout devrait baigner,
maintenant que la «démocratie» est mise
en route. On ne sait pas comment. Pire,
personne parmi les clairons de la
«démocratisation» ne nous explique par
quel miracle le chômage, la pauvreté et
l'exclusion vont disparaître, par le
simple fait que, sous la pression, les
armées des deux pays ont chassé les
potentats et leurs familles. Les
Tunisiens et les Egyptiens ne sont pas
convaincus, du moins ceux qui ont fait
le «printemps», appelons-le ainsi pour
simplifier les choses, en faisant comme
tout le monde. Il en est ainsi depuis le
début. Les plus déterminés des peuples
ne veulent pas rentrer à la maison.
Pourtant, on leur a offert de belles
élections et tout le bazar des libertés
publiques, sauf celles de dépasser les
limites et d'empiéter sur celles de la
libre-entreprise, en compromettant le
«climat des affaires» (de faire peur à
l'argent). De l'autre côté de la
barrière qui sépare les «démocraties»
des indigènes, les dirigeants donnent le
signal aux nouvelles équipes, issues des
«printemps». Naomi Klein nous dit
comment : «En licenciant des
fonctionnaires, en réduisant le nombre
d'enseignants, en fermant des
bibliothèques, en augmentant les frais
de scolarité, en dénonçant les accords
sociaux, en se précipitant pour
privatiser les biens publics et diminuer
les retraites…». Un programme qui passe
pour une thérapie efficace de la crise
économique, dont les responsables
bénéficient des retombées des coupes
drastiques imposées aux peuples. Car,
au-delà de toute considération, ce sont
les banques qui doivent être sauvées.
Cela se passe ainsi en «démocratie».
Nous n'avons qu'à suivre le guide. Bien
sûr qu'il y aura des émeutes et plus
encore comme troubles sociaux, mais
cette fois-ci elles n'auront rien de
politique. Elles relèveront de la
délinquance et seront traitées comme
telles. Cameron nous a montré comment
les traiter. Il a procédé à des
expulsions des HLM, à des coupures de
téléphone et d'Internet et à des
incarcérations, contre les révoltés. Le
problème est pour autant loin d'être
résolu. On ne calme pas des populations
en les réduisant, tout simplement, au
silence.
Article publié sur
Les Débats
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