Opinion
Menace libyenne
sur les Etats-Unis
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 27 février
2012
En février
et mars 2011 il y a eu le vote de deux
résolutions à l'ONU. Ces résolutions ont
été le résultat d'une mobilisation sans
précédent, de la Ligue arabe, de 70 ONG
des droits de l'homme, du gratin des
dirigeants du monde et de leurs obligés,
de tous les médias qui comptent et même
de certains organes indigènes, empressés
de jouer dans la cour des puissants.
Pour être clair, de mémoire d'homme, on
n'avait jamais vu un tel branle-bas de
combat. Il était question, disait-on, de
voler au secours du peuple libyen menacé
de génocide par son propre Etat. Deux
grandes opérations ont été autorisées
par l'ONU. La première était d'empêcher
l'aviation libyenne de voler, la seconde
de geler les avoirs de la Libye déposés
ou investis à l'étranger. L'application
de la première a été de bombarder sept
mois durant le pays et d'installer, in
fine, un pouvoir qui n'en finit pas de
chercher sa légitimité. A ce moment là
la seconde, appliquée à la lettre,
devait avoir atteint son terme. Il n'en
est rien et c'est comme cela qu'on
apprend que tous les cris de détresse et
que toutes les professions de foi
n'étaient que de la poudre aux yeux.
Barak Obama vient de nous le dire
froidement. Du «printemps» libyen, il
n'en a que faire. Le président des
Etats-Unis maintient, malgré tout pour
une année, le gel des biens qui devaient
être remis au peuple qui, selon
l'opinion dominante, a été sauvé de
l'extermination. Cette fois-ci, il le
fait en invoquant un principe que l'on
était loin d'attendre. Du haut de sa
superpuissance il dit ceci : «La
situation en Libye continue à
représenter une menace inhabituelle et
extraordinaire sur la sécurité nationale
et la politique étrangère des
Etats-Unis». Il s'exprime ouvertement
sans un mot d'excuse envers les bonnes
âmes qui ont sincèrement cru à ses
vertus humanitaires. Il n'était question
que de son pays et de rien d'autre, ce
que les «anti-impérialistes attardés»
ont beau eu de dénoncer. Il n'était
question et cela l'est toujours que de
la «menace» sur la «sécurité nationale
des Etats-Unis». D'ailleurs, il insiste
lui-même : «Il nous faut nous protéger
de cette menace». Une déclaration qui
ferait éclater de rire toute personne
ayant conscience de son énormité, mais
son caractère est plutôt tragique. Et
voilà qu'il repart de son refrain sur la
Syrie. Il vient de promettre de
«continuer à maintenir une pression
importante sur le régime Assad et à
chercher tous les outils disponibles
pour empêcher les massacres
d'innocents…». Il doit, seulement, être
gêné aux entournures par les Russes et
les Chinois qui, en plus d'avoir été
blousés en Libye, ont dû hautement
apprécier son dernier discours, qu'ils
ne manqueront de lui renvoyer attaché
aux attendus de la résolution 1973, où
il n'y avait aucune référence à son pays
et à sa sécurité. Pour ce qui est de
chez nous, en Algérie, il y en a qui,
après avoir applaudi le sort fait aux
Libyens, n'ont pas pris de la graine et
croient que les mamours de Mme Clinton
au Makhzen sont autre chose que les
caresses d'un maître à sa bête
obéissante. Ils ne comprennent pas, ou
voudraient bien, que la diplomatie qui
«marche» soit celle qui va dans le sens
de la «sécurité des Etats-Unis».
Article publié sur
Les Débats
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