Opinion
Le changement et
les Frères
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 26 avril
2012
Changeons ! Qu’est-ce
qu’on attend ? Il n’y en a pas un qui ne
veut nous changer. A commencer par ceux
qui doivent être changés en premier. Le
monde, lui-même, change et ne veut plus
que cela. Sous toutes les latitudes on
ne parle que de changement. Sarkozy, par
exemple, veut se changer lui-même et
François Hollande promet de changer la
France. Le vent souffle
irrésistiblement. Seulement on ne sait
rien de ce changement que ses partisans
proposent et promettent. Chez nous, il
faut dire que c’est venu subitement, il
y a à peine une année. Un beau jour on
devait changer. Cela a commencé par être
scandé tous les samedis à Alger, par un
groupe, que personne, en dehors des
médias, n’a voulu écouter, qui a fini
par se fatiguer à être tout seul à
vouloir changer. Puis cela a été repris
à tout va par une foule de quidams, de
gens plus ou moins connus politiquement
ou de partis. Les Frères en tête qui ont
repris les slogans des gens du samedi,
qu’ils avaient laissés seuls à
s’égosiller, durant des semaines. Les
Frères, à leur décharge, sont plus
explicites. Ils parlent lourdement de «
printemps », parce que le « printemps »
on sait ce que c’est et on leur en
reconnaît la référence. Car partout où
il a bourgeonné ce sont eux qui ont
fleuri. Même en rangs dispersés, ils ne
perdent pas l’objectif. Et ils sont
tellement sûrs de leur victoire, qu’ils
suggèrent que les élections sont une
simple formalité, mise en œuvre pour
leur offrir le pouvoir. Dans le cas
contraire, ils feront le « printemps ».
Ce n’est pas la peine de leur demander
comment, ni avec quelles troupes. Ils ne
le diront pas, pensant avoir été
suffisamment suggestifs avec le terme
chargé de signification menaçante. Ce
faisant, les Frères ne trouvent pas
nécessaire d’invoquer, outre-mesure, la
religion. Ils n’en ont plus tellement
besoin. Peut-être voudraient-ils faire
oublier ce fonds de commerce, qui
rappelle tous les jours leur
trajectoire. Une trajectoire qui a
démarré au sein des cités et quartiers
populaires pour les mener au faîte de la
réussite sociale et sur les cimes du
pouvoir. Revenus se ressourcer, ils ont
de la peine à retrouver l’élan initial.
Parce que, tout simplement, si
changement il doit y avoir, il faudrait
commencer par eux. Ce que pensent pas
mal de ceux qui les ont portés, pleins
d’espérance, quand il fallait donner à
la « solution » le poids qui devait
résoudre un certain nombre de problèmes
existentiels. Comme on le sait, il n’en
fut rien. A part que les promus sont
apparus pour décorer autrement le
tableau, en tant que nouvelles têtes
d’affiche, pendant qu’ils changeaient
eux-mêmes de look, de verbe et de
résidence. Alors on est bien en peine de
savoir par quel miracle les Frères vont
pouvoir se muer en changeurs. On sait
que leur « peuple » n’est plus là, on
sait que leurs ténors ne descendent plus
de leurs cylindrées, on sait ils ont en
horreur la rue. A moins qu’ils n’aient
concocté des deals à la CNS. Très peu
probable, même s’ils ne reculeraient pas
devant la proposition. In fine, on peut
dire, sans trop de risque de se tromper,
que le 11 mai, ils vont plutôt chercher
à se maintenir au plus haut des marches,
s’ils parviennent à décrocher ce taux de
30% « souhaité » par les Etats-Unis.
Article publié sur
Les Débats
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