Opinion
Barbarie contre
barbarie
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Samedi 26 janvier
2013
Une guerre
médiatique d'un nouveau genre vient
d'être déclarée par les Etats-Unis. Elle
va défrayer la chronique et elle va être
à armes égales. C'est leur responsable
du département d'Etat, Hillary Clinton,
qui l'a annoncée. Il va donc y avoir de
l'animation sur les réseaux sociaux
d'Internet, parce que c'est le champ de
bataille qui a été choisi. Une "cellule
opérationnelle au sein du département
d'Etat a commencé à tenter de répondre à Al-Qaida et à d'autres propagandes
djihadistes", nous dit la dame.
L'objectif étant de rendre coup pour
coup, de répondre image contre image. Si
les communicateurs des Islamistes
"diffusent une vidéo qui montre à quel
point les Américains sont
épouvantables", les services étatsuniens
diffuseront "une vidéo montrant à quel
point ils sont épouvantables". Barbarie
versus barbarie (c'est dans le texte!).
Une barbarie qui est reconnue sans
ambages. Madame Clinton, sachant que ses
troupes n'ont rien à envier aux "fous de
dieu", ne parle pas de démentir ce qui
est montré sur la toile en termes
d'exactions et de crimes, mais de les
mettre en parallèle avec ceux de ses
adversaires. Une concurrence entre les
atrocités est mise en place "à travers
les canaux médiatiques par lesquels ils
(les groupes islamistes) communiquent
avec les gens". La grande défenderesse
de la cyber-liberté au profit des
blogueurs et autres cyberactivistes du
"printemps" dit arabe, va en user à son
tour. Du moins son successeur,
puisqu'elle va rentrer dans le rang
après avoir connu une palpitante épopée,
jalonnée de drames humains, de tragédies
et de cadavres. Sa dernière guerre, elle
n'en prendra pas les commandes
personnellement, elle se contentera de
l'avoir initiée, en fin de mandat. Elle
en aurait eu l'idée en se rappelant d'un
"défi similaire", "même si le monde est
différent". Il s'agit de "la lutte
contre le communisme international et
l'Union soviétique durant la guerre
froide", dit-elle, au cours de laquelle
les propagandistes étatsuniens
communiquaient "avec les amoureux de la
liberté derrière le rideau de fer, via
les médias". Ce disant, elle omet de
parler de ces autres "amoureux de la
liberté", en Afghanistan, dont les
médias et le cinéma étatsuniens ont fait
des héros et promu au rang de modèles au
sein de la jeunesse des pays dits
musulmans et auprès des populations
occidentales. A moins qu'elle ne s'en
rappelle pas. Elle devrait pourtant.
Cela lui aurait donné l'idée, peut-être,
de commencer par engager le démontage de
tous les mensonges servis et d'informer
sur les techniques qui ont été mises en
œuvre pour fabriquer tous ces "miracles"
qui ont subjugué les aînés de ceux
qu'elle veut combattre aujourd'hui.
C'était aussi une guerre médiatique,
comme celle, ne l'oublions pas, qui
s'est menée contre la Libye et se mène
encore contre la Syrie, où ce que la
dame appelle "djihadistes" sont
considérés comme étant du bon côté,
soutenus et armés. Mais, pour le moment,
il faudra se contenter de comparer la
barbarie des Etats-Unis avec la barbarie
des groupes armés islamistes qui ne
travaillent pas dans le bon sens, comme
au Mali, en Irak ou en Somalie.
Article
publié sur
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