Opinion
France : rien de
bien nouveau
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 25 avril
2012
Les
Français ont voté au premier tour des
élections présidentielles. Visiblement,
au vu de la répartition des scores, ils
ont montré la porte de sortie à Nicolas
Sarkozy, et il pourrait, fort
probablement, l'emprunter le 6 mai
prochain. Toujours est-il que plus de
70% des électeurs ont eu la conviction
que leur Président n'a pas fait
l'affaire et ne la fera pas. Est-ce à
dire que son successeur, François
Hollande, est réellement porteur du
«changement» promis ? Rien n'est moins
sûr avec quelqu'un qui a soutenu toutes
les politiques fondamentales de son
adversaire, de l'insertion de la France
dans le libéralisme le plus sauvage, à
son engagement sans réserves dans les
guerres de l'OTAN. La majorité des
Français vont, donc, comme d'habitude,
depuis des dizaines d'années, obéir
ainsi que se dessine le scrutin, à ce
réflexe de rester dans le système, en se
donnant l'impression d'avoir conjuré la
cause de leur malheur et corrigé la
trajectoire qui menait le pays vers les
pires dangers. En arrière-plan, la
«bataille de France» aurait commencé,
comme l'a annoncé Marine Le Pen. Elle
n'a pas besoin de le dire, son score
révèle une dynamique qui ne semble pas
devoir rencontrer beaucoup de
contrariétés, sauf la montée en
puissance du Front de gauche de Jean-Luc
Mélenchon, qui devra construire une
alternative crédible, au regard des
illusionnés des UMP/PS, dont la
volatilité n'est pas à prouver et un
«front antifasciste», tel que le veut
son leader. Sur le terrain, on compte 5
millions de chômeurs, autour de 3,6
millions de personnes sans logement du
tout et cinq millions de personnes
mal-logées. On note que le nombre de
décisions d'expulsions a dépassé les
100.000 sur une année et que 1,3 million
de demandes de logement social sont en
attente (représentant plus de 3 millions
de personnes). Sans compter les victimes
des multiples précarités et les futures
victimes d'une tendance irrépressible à
l'austérité, exigée par les banques
privées créancières de l'Etat français,
qui doit se plier, dans sa gestion
budgétaire, aux règles strictes de
désengagement ou de restriction des
dépenses publiques. C'est ce que le
futur président doit affronter. Sarkozy
a dit qu'il fallait être «courageux» et
que, pour cela, il propose de continuer
dans la lancée de da stratégie, François
Hollande ne dit pas grand-chose de
clair, à part qu'il allait «changer» les
choses. Ce qui n'augure rien de nouveau
pour les années qui viennent, en dehors
d'une possible explosion sociale, dont
les contours et les retombées sont
imprévisibles. On peut même avancer
l'idée que ce sont les élections qui ont
retardé une irruption du mouvement
social, sur la scène. Tant les attentes
sont grandes et tant l'inquiétude se
répand. Parallèlement, se dessine le
risque d'une exacerbation de la
xénophobie et de son corollaire, la
violence, contre les minorités visibles,
cibles désignées par Nicolas Sarkozy et
son équipe et par l'extrême-droite, qui
rivalisent de formules, sur le thème,
pour séduire les racistes et tous ceux
qui pensent que les «immigrés mangent le
pain des Français». Nous verrons ce qui
se dessinera après la période de grâce
du Président.
Article publié sur
Les Débats
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