Opinion
Les Chrétiens
d'Orient
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 25 mars 2012
Monsieur Alain Juppé, ministre des
affaires étrangères française, a publié
un texte intitulé "Les Chrétiens
d'Orient et les Printemps Arabes" (La
Croix du 28 janvier 2012). Cet article a
fini par être lu par ces " chrétiens
d'Orient ", un peu plus tard, grâce à sa
reprise en langue arabe par des journaux
de la région concernée. Ils apprennent
que monsieur Juppé dit qu'ils sont "
inquiets pour leur présence dans cette
région " et qu'il " comprend leurs
craintes". Ce faisant, il les rassure
ainsi : " depuis des siècles, la France
est investie d'une mission particulière
à l'égard des chrétiens d'Orient. Elle
ne s'y dérobera pas " et les informe qu'
" il ne peut y avoir de révolution
démocratique authentique sans protection
des personnes appartenant aux minorités
". Comme preuve de cet engagement il
rappelle que la France tient, les
gouvernements, pour responsables de la
sécurité des chrétiens et qu'elle a "
exprimé (sa) solidarité par l'accueil
sur (son) sol depuis 2008 de plus de
1300 d'entre (les chrétiens d'Irak) et
par l'évacuation sanitaire des personnes
blessées lors de l'attentat contre la
Cathédrale Notre Dame du Salut de Bagdad
le 31 octobre 2010 ". Puis il vient à
l'essentiel, qui explique le pourquoi de
l'article. Il recommande " aux chrétiens
du Proche-Orient de ne pas se prêter aux
manœuvres d'instrumentalisation mises en
œuvre par des régimes autoritaires
coupés de leur propre peuple " et "
appelle de (ses) vœux une participation
des chrétiens, comme de toutes les
autres communautés, à la création d'une
Syrie nouvelle et démocratique où tous
les citoyens auront les mêmes droits et
les mêmes devoirs ". Dans son élan
séducteur raconte qu'il a lui-même "
insisté sur cette question lors de (ses)
contacts avec le Conseil national
syrien, qui a, dit-il " vocation à
rassembler l'opposition syrienne et qui
s'est engagé à garantir ces droits ". Il
faut dire que, jusqu'ici, les chrétiens
de Syrie sont plutôt contre ce que font
les " révolutionnaires " soutenus par
l'OTAN et par les potentats du Golfe et
leurs craintes viennent de cela. Et pour
cause. Juppé peut raconter ce qu'il
veut, la réalité est là qui montre
qu'avant l'invasion de l'Irak, pour le "
démocratiser ", la population chrétienne
irakienne était comptait environ 1,4
million d'individus. Après la mise en
coupe réglée de leur pays ils ne sont
plus que 500.000 à y vivre sous une
pression qu'ils n'ont pas subie depuis
2000 ans d'Histoire. C'est Rif'at Bader
prêtre du Patriarcat Latin de Jordanie
qui se charge de faire une réponse au
ministre " protecteur ". Très poli et
très ouvert il lui rappelle que " le
problème majeur, est la question
palestinienne et la possibilité des
fidèles d'arriver au Lieux Sacrés ".
Simple comme exposé, non ? Surtout quand
le prêtre enfonce le clou : " Que fait
l'Europe quand une personne de Bethléem
est empêchée d'arriver au Saint-Sépulcre
qui est à moins de dix kilomètres de sa
maison? " D'autres voix, ayant lu le
texte de Juppé, l'interpellent sur la
destruction, en Libye " libérée et
démocratisée ", des tombes des soldats
britanniques enterrés depuis plus de 72
ans, Après cette douche froide, d'aucuns
pourraient penser que le ministre
guerrier va se calmer. Ils se trompent,
il n'en est pas à un camouflet près.
Article publié sur
Les Débats
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