Opinion
Les libertés ici
et là
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 22
septembre 2011
Les
indignés européens font vraiment peur à
ceux qui les dirigent «en toute
démocratie», on le constate de plus en
plus. On a vu comment ils ont été
traités en Espagne, on le voit ces
jours-ci, en France. Lundi dernier, ils
n’étaient pas tellement nombreux, on
raconte que les passants ne se sont pas
rendu compte qu’il y avait une
manifestation. Mais, la police était là.
Il y a péril en la demeure et, à ce
titre, les forces de l’ordre ont chargé.
Bilan officiel : des blessés et une
soixantaine d’arrestations. La raison de
la répression : «manifestation n’ayant
pas reçu d’autorisation des autorités».
En fait, le document fourni par la
préfecture de police existe mais,
comporte «une erreur de forme». Un
organisateur appelle la préfecture et
tend le téléphone au chef de la police
pour lui confirmer l’autorisation. En
vain, la manifestation reste interdite.
De plus, enfreindre l’interdiction c’est
risquer gros. Un article du code pénal
est prévu pour ce cas de figure. C’est
le n°431-9, qui stipule qu’est puni de
six mois d'emprisonnement et de 7 500
euros d'amende le fait d'avoir organisé
une manifestation sur la voie publique
n'ayant pas fait l'objet d'une
déclaration préalable dans les
conditions fixées par la loi ou d'avoir
organisé une manifestation sur la voie
publique ayant été interdite dans les
conditions fixées par la loi ou d'avoir
établi une déclaration incomplète ou
inexacte de nature à tromper sur l'objet
ou les conditions de la manifestation
projetée. La «communauté internationale»
ne s’est pas émue et n’a fait aucun
appel à la retenue, ni au respect de la
liberté de manifester du genre de celui
qui a été infligé, dernièrement, à
d’autres gouvernements du monde sujets
au même cas de figure. Elle ne s’émeut
plus, de même, sur les violents
traitements que subissent les Tunisiens
et les Egyptiens, comme si les libertés
publiques ne suscitent pas le même
intérêt selon ceux qui les répriment. Ou
plutôt selon l’ordre que l’on conteste.
Les indignés étatsuniens ont eu aussi à
découvrir cette réalité quand ils ont
voulu «occuper Wall-Street». Ce qui fait
que plus on est en «démocratie» moins on
a de chance d’être soutenu, encore moins
protégé, quand on veut se révolter. Il
faut donc craindre le pire pour les
semaines et les mois à venir. Parce
qu’on sait que la rentrée sociale est
lourde de mécontentements et que nous
avons un avant-goût de la «tolérance
zéro» qui est en train d’être opposée à
toute forme de contestation. Ce qui
s’est passé à Paris n’est qu’un
avertissement. Il faut accepter de payer
les dégâts de la crise sans broncher,
c’est ce qui est clairement affiché.
Seulement, on s’adresse à des gens dont
le niveau et le mode de vie sont une
sédimentation de conquêtes obtenues
grâce à des luttes sans merci contre la
prédation. Il faut donc s’attendre à pas
mal de remue-ménage pour l’année à venir
et les fuites en avant en Libye ou
ailleurs n’y pourront rien, sauf à
compliquer les choses peut-être, quand
il faut plus pressurer les peuples
contre des retombées financières qui ne
sont pas prêt de se produire demain ou
qui peuvent, au train où vont les
choses, ne jamais se produire.
Article publié sur
Les Débats
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