Opinion
Le vent tourne en
Afrique du Nord
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 22 avril
2013
Quelque
chose s'est passée et qui est en train
de bouleverser les données admises, en
termes de bons et de mauvais élèves
parmi les pays. Jusque-là, par exemple,
le Makhzen passait pour un modèle
d'ouverture et de démocratie, au point
d'être autorisé à bafouer les
résolutions des Nations unies, au même
titre que l'entité sioniste. L'Algérie,
elle, recevait les coups et jouait le
rôle du vilain petit canard, malgré tous
les efforts faits pour montrer patte
blanche et se conformer à l'ordre
néolibéral. Eh bien, ce n'est plus du
tout le même avis qui a présidé à
l'élaboration par les Etats-Unis de leur
fameux «rapport mondial sur les droits
de l'homme», ce réquisitoire des dieux
qui distribue réprimandes et satisfecits
à la cantonade, sans que personne durant
des années ne trouve à redire.
Enfin, sauf
que depuis peu, deux pays – qui ont les
moyens de ne pas être d'accord et ne pas
être intimidés, la Russie et la Chine –
se sont mis à dresser un état des lieux,
en la matière, chez les gardiens
autoproclamés du droit international.
Une façon de leur rappeler qu'ils
n'étaient pas les mieux lotis pour
s'ériger en donneurs de leçons, voire
d'ordres, quand la faiblesse militaire
des concernés le permettait. Toujours
est-il, si on revient sur les objectifs
réels de la démarche, le royaume
alaouite est mis sur la sellette. Il
n'est plus question à Washington de
maintenir une complaisance qui commence,
de toute évidence, à être
contre-productive.
Seule
explication à une sévérité inédite,
après des dizaines d'années de
couverture des pires exactions contre
les Sahraouis et les Marocains,
eux-mêmes, traités en sujets, en
propriété de sa majesté, à propos
desquels nul ne devait s'aviser
d'intervenir.
Désormais,
il n'en sera plus ainsi. Des détails
sont donnés, sur les joyeusetés
infligées aux insoumis, pour confirmer
le «lâchage» et des outils vont être mis
en place au Sahara occidental pour
surveiller les petits sadiques de
l'armée d'occupation. A l'inverse et en
miroir nord-africains, l'Algérie a
finalement pu récolter des bons points,
en lieu et place de la stigmatisation
systématique habituelle.
A part, de
toutes petites réserves, tout semble
baigner. Des progrès sont relevés
presque tous azimuts. Le pays est sorti
du ghetto pour pestiférés, où il était
confiné. Il lui suffit juste de
maintenir le cap et de procéder à
certaines retouches.
A tel point
que les médias et sites – qui par
tradition sont pendus aux lèvres des
décideurs étatsuniens pour y cueillir la
matière de leurs sarcasmes contre le
«pouvoir» – en ont été à glaner les très
rares constats mitigés. Mais le
«pouvoir» a pris des longueurs d'avance.
J'écrivais ici, il n'y a pas si
longtemps, que le Makhzen devait faire
attention, car il pouvait bien perdre au
jeu de l'offre et de la demande, avec
des partenaires qui n'ont rien à faire
des mesquines ambitions d'une monarchie
archaïque.
En termes
d'intérêt pourtant, la situation se
dessinait clairement. Il est finalement
arrivé le jour où les choix devaient
être refaits.
L'Algérie
est apparue plus attractive qu'un «ami»
moins crédible que jamais, d'autant
qu'en matière de droits, il faut le
reconnaître, elle se trouve à des
années-lumière devant. Il fallait
seulement qu'elle se montre prête à
céder autant, sinon plus. Elle le fait,
au prix des reniements et de la
destruction des derniers acquis des
Algériens.
Article publié sur
Les Débats
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