Opinion
Il y a loin de la
coupe aux lèvres
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 20
septembre 2011
Même s'il y
a loin de la coupe aux lèvres, le Fonds
Monétaire International (FMI) a
toutefois été activé par ses maîtres
pour «reconnaître» les «élus» de la
«communauté internationale» en Libye. Il
s'agit de faire en sorte que tout se
passe comme prévu et pas autrement. Ce
sera le FMI qui s'occupera de revoir le
système de gestion économique libyen. Et
il y a du travail pour les équipes que
le Fonds va dépêcher (dès que possible)
sur le terrain. Ce terrain où on ne sait
plus s'il s'agit toujours de «protéger
les civils» ou de les massacrer jusqu'au
dernier tant qu'ils continueront de
résister aux bombardements. Les jeunes
«rebelles», envoyés au casse-pipe,
commencent eux-mêmes à se fatiguer et à
risquer de moins en moins leur vie
devant un travail de moins en moins
efficace de l'OTAN. Au-dessus d'eux cela
ne va pas fort non plus. Même après que
l'ONU ait donné la respectabilité voulue
au conglomérat destiné à gouverner le
pays. La formation d'un «gouvernement de
transition» crée les pires empoignades.
Les tireurs de ficelles n'y sont pas
pour rien. La configuration actuelle est
tout à l'avantage de certains au
détriment d'autres. Tout bouleversement
dans la structure pourrait remettre en
cause les projets en cours sur les
centaines de milliards de dollars à
prendre immédiatement et dans l'avenir.
Dans le processus, le FMI veillera à
fournir le «financement nécessaire» à un
pays qui prêtait aux autres, à
implémenter son fameux plan d'ajustement
structurel après avoir, en urgence,
«aidé à rétablir la production» et «à
mettre en place un système de
paiements». Il le faut bien, parce que
les multinationales piaffent
d'impatience, tant tout est à prendre.
La France ses 35% de pétrole et le
monopole sur les 150 milliards de m3
d'eau, les autres pour des contrats tout
aussi juteux. Par exemple, dans les
immenses chantiers de reconstruction,
que les bombardiers de l'Alliance
atlantique ont pris soin de préparer. Le
FMI fera utiliser, pour honorer la
facture de 150 milliards de dollars
qu'il a estimée, les 70 milliards de
fonds souverains libyens et un
endettement de 80 milliards de dollars
remboursables sur les revenus pétroliers
à hauteur de 30 milliards de dollars/an.
Il serait aussi question de transformer
la Banque centrale libyenne en
succursale de plusieurs banques
multinationales (dont
HSBC-Londres, de Goldman Sachs-New
York). Les parts de marché seront, bien
sûr, réparties au prorata de la
puissance de chaque pays, ce qui
explique les difficultés de
produire la nouvelle direction du pays,
chacun voulant y placer son pion, sans
préjudice des appétits propres des
factions «rebelles». En attendant, rien
n'est moins sûr, tant que le peuple
libyen continuera de refuser l'arnaque.
Et il semble réellement décidé à ne pas
se laisser faire. Le carnage quotidien
qu'il subit en est la preuve ultime. Car
ce n'est pas pour rien qu'on affronte la
mort. Ce qui confirme, malgré la réalité
que s'acharnent à imposer les médias,
que nous sommes devant une situation
inédite dans l'Histoire de l'Humanité.
Pour la première fois, un peuple est
confronté à une telle situation. Il nous
montrera, peut-être, comment en sortir.
Article publié sur
Les Débats
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