Opinion
Le Mali,
l'occasion des larrons
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 19 janvier
2013
Le Mali
n'étant pas l'Afghanistan, les
populations gravement malmenées par une
brutale inquisition, tout porte à croire
que l'ingérence néolocoloniale n'aura
aucun mal à «libérer» le nord du pays.
La surenchère sur les «dangers d'une
intervention» et l'assurance aveugle des
Ançar Eddine et autre Mujao ont
contribué à planter le décor idéal pour
le retour de la France coloniale sous
les oripeaux du libérateur, féru des
droits de l'homme et de la démocratie.
L'affaire a donc été rondement menée.
Pour ne rien gâcher, avec en poche le
blanc-seing donné par ceux qui sont
censés représenter l'Etat malien, un
appel au secours officiel. Sur le plan
de la légalité internationale, rien de
répréhensible, sauf peut-être la
légitimité du gouvernement putchiste de
Bamako. Mais, aucune crainte de ce côté,
depuis que les «représentants des
peuples» sont «certifiés» par la
«communauté internationale», depuis que
cette procédure a été testée avec le
succès que l'on connaît en Côte
d'Ivoire, puis en Libye. Ainsi, les
soldats français vont casser du
«terroriste», applaudis à la fois par
leurs compatriotes, horrifiés par les
images de I-Télé et de France 24, de ces
«fous de dieu» sanguinaires, et par des
Maliens fort peu disposés à accepter un
pouvoir religieux radical. Quand le
nord-Mali sera plus ou moins sécurisé,
en principe, se sera à l'armée malienne
d'assurer la sécurité de la région. Rien
de moins improbable. On ne déplace pas
ses troupes et on ne dépense pas autant
d'euros pour rentrer à la maison, sans
rien en retour. L'armée française va
donc maintenir sa présence. Ce ne sont
pas les prétextes qui vont manquer,
aussi divers que variés. On pourra
commencer par invoquer les résidus de
guérilla, qui ne manqueront pas de
perdurer et puis, comme il faut bien
parfaire l'intervention, il y aura la
mise à niveau des militaires locaux en
les préparant à affronter la menace, au
cas où elle se reproduirait. Pour finir,
qui pourrait bien obliger la France à
rapatrier ses effectifs, si elle
décidait de faire durer sa présence ? Ce
qu'elle va faire, sinon elle démentirait
le simple bon sens qui pointe les
gigantesques intérêts qui ont présidé à
la situation dans laquelle se trouve le
Sahel aujourd'hui. Surtout qu'il y a ce
précédent où la France s'est fait
proprement doubler en Libye. Eric Denécé,
directeur du Centre français de
recherche sur le renseignement (CF2R),
nous le rappelle : «L'ex-président
Sarkozy n'a pas pu tirer parti d'une
guerre qu'il a provoquée et qui a eu
pour effet d'engendrer le chaos en Libye
et dans tout le Sahel. A contrario,
François Hollande pourrait bien tirer
parti, lui, d'une intervention qu'il n'a
pas voulu, permettre la libération du
Mali, voire la réduction de l'insécurité
dans la région, situation qu'avait
contribué à créer son prédécesseur. Ce
que l'un a défait, l'autre pourrait le
refaire. Qui sait ?» Le monsieur prend à
peine la précaution de ne pas en dire
plus sur ce qui a dû fortement
contrarier l'ex-chef de guerre,
maintenant déchu, et son entourage. Mais
les Etats-Unis comptent-ils laisser les
coudées franches, même s'ils ont
rechigné à déplacer leur G.I's ?
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier Afrique noire
Les dernières mises à jour
|