Opinion
Le baroud
d'honneur du mensonge médiatique ?
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 17 juin
2013
Lu un
titre sur l'Iran dans un quotidien
national : «Election présidentielle
verrouillée en Iran-Ça sera encore un
fidèle du guide suprême». Rien de plus
vrai. Dans ce pays, c'est le guide
suprême, l'ayatollah Khamenei, qui
symbolise l'autorité idéologique
incontestée. Donc, sur ce plan, le titre
n'a rien de déplacé. Pourtant, il y a
comme un problème si nous commençons à
relativiser la chose. Nous pourrions de
même titrer, dans la même teneur, un
article sur les Etats-Unis. Nous aurions
ceci : «Election présidentielle
verrouillée aux Etats-Unis-Ça sera
encore un démocrate ou un républicain,
un fidèle de Wall-Street qui sera élu».
Mais personne n'en aura l'idée, même si
le scénario dure depuis plus de deux
siècles. Nous pouvons prendre dans la
même veine cette attitude de l'ONU, qui
considère que les élections en Iran ne
seront «ni libres ni équitables», comme
si aux Etats-Unis ou dans n'importe quel
pays dit démocratique, il était loisible
à quiconque, se porterait candidat,
d'accéder aux gigantesques moyens
matériels et financiers et d'affronter,
ce faisant, un scrutin «libre et
équitable». Une réponse est d'ailleurs
donnée quotidiennement partout en
Occident, où ce sont plutôt les
directives du FMI et des banques privées
qui servent de programme aux
gouvernements. Alors, pourquoi est-il
communément accepté que le monde
occidental peut s'ériger en donneur de
leçons, quand il s'agit de juger les
situations en dehors de ses bases ?
Comme explication, il y a d'abord et
avant tout la mise en coupe réglée de la
presse et des espaces publics de
communication. Cet avantage permet de
fermer la porte à toute voix discordante
et d'opérer à loisir le matraquage qui
sied aux intérêts impérialistes.
Heureusement, qu'avec les «printemps»
libyen puis syrien, le procédé ne
fonctionne plus chez les Arabes et
assimilés, qui ont rapidement compris
que tout n'est pas rose dans les médias
et, surtout, que l'information n'est pas
aussi neutre qu'elle prétend l'être. Al Jazeera et de nombreux centres
similaires de propagande en ont pour
leurs frais. Heureusement encore que la
soif de vérité a poussé au développement
de réseaux alternatifs, ouvertement
destinés à la fonction de
«ré-information». Le début d'une
révolution contre le mensonge et,
par-dessus tout, contre le mépris des
peuples. Contre ce type de tentative
éhontée de tromper à n'importe quel
prix. Un petit exemple tout frais,
repris par la presse, est un communiqué
du secrétariat du Conseil national de la
résistance iranienne. En voici un
extrait : «La dictature religieuse
prépare des fraudes électorales
massives, en plus d'un bourrage des
urnes, d'un recours à des millions de
cartes d'identité de personnes décédées,
et d'urnes remplies à l'avance de faux
bulletins de vote, le régime des
mollahs, lors du décompte dans la salle
dite de ‘’regroupement des voix’’
multipliera le nombre de votants par
quatre ou cinq.» Tel qu'on peut le
constater, le délire est à la mesure du
peu de cas que font ces opposants de
l'intelligence de leurs concitoyens,
tout préoccupés qu'ils sont à diaboliser
le pouvoir en place. Ils contribuent
néanmoins à tuer la propagande.
Article publié sur
Les Débats
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