Opinion
Le Makhzen entre
la Minurso et les Sahraouis
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 17 avril 2012
Le Sahara
occidental continue de subir le
colonialisme le plus archaïque de
l'Histoire, exercé par procuration, on
peut dire, par une monarchie qui n'en a
ni les moyens, ni la puissance, si ce
n'est la protection ignominieuse de la
France, elle-même soutenue par les
Etats-Unis. Ce en dépit du droit
international, brandi autant qu'il sied
par ces derniers, sauf quand il ne
correspond à leurs intérêts. On peut
penser que l'ONU, dans ce contexte,
embourbée dans la procédure qui dure
depuis plus de vingt ans, ne trouve
peut-être pas encore la jurisprudence
qui lui permettrait de décréter le fait
accompli, au profit du Makhzen, et doit,
officiellement, assumer son rôle de
gardien de la légalité, chaque jour
piétinée. A ce titre, Ban Ki-moon, dans
un rapport, a présenté au Conseil de
sécurité, "une série de défis qui
démontrent que la Minurso n'est ni dans
la capacité d'exercer pleinement ses
fonctions de surveillance de maintien de
la paix et d'observation, ni ne dispose
de toute l'autorité pour contrecarrer
l'effritement." La MINURSO est la
Mission des Nations Unies chargée, entre
autres, de surveiller le cessez-le-feu,
entre le Front Polisario et l'armée
d'occupation et de l'organisation du
référendum d'autodétermination du peuple
sahraoui. Elle a été créée, en septembre
1991, en application d'une résolution en
bonne et due forme qui porte le numéro
690. Depuis, cette résolution jaunit
dans les tiroirs de l'ONU et le Makhzen
plastronne et se convainc
progressivement qu'il est en voie de
gagner la partie, du moins tant que ses
maîtres ferment les yeux sur ses
exactions et empêchent le droit de
suivre son cours. Ceci étant il est tout
de même pressé qu'on lui reconnaisse sa
"souveraineté sur ses territoires du sud
", parce que ceux-ci pèsent très lourd
sur son budget et le moral de ses cent
mille soldats déployés contre les
Sahraouis, commence à en prendre un
coup. Ajoutons la précarisation rampante
des Marocains, aggravée par la dictature
d'une oligarchie d'un autre âge et les
charges d'une entreprise coloniale bien
au-dessus des capacités économiques du
pays. Les nerfs à fleur de peau, le
Makhzen ne supporte, donc, plus la
moindre contrariété sur le dossier. Aux
obsèques du président algérien Ahmed
Benbella, il a immédiatement rappelé la
délégation envoyée se recueillir à la
mémoire du défunt. Il voulait marquer sa
désapprobation sur la présence, à la
cérémonie, des représentants de la
République sahraouie, à la manière de
ceux qui s'évanouissent devant le danger
faute de pouvoir le conjurer. Ce qui
s'avère paradoxal par rapport à la
participation aux rounds de négociations
avec les Sahraouis où, conformément à
cette attitude de fuite, la logique
devrait être poussée à son extrême, en
mettant fin aux pourparlers. Mais on
doit se rendre à l'évidence que les
maîtres du jeu ne sont pas encore prêts
à autoriser une telle arrogance. Soit
que le Makhzen doit être maintenu dans
sa situation d'éternel obligé, malgré la
servilité dont il fait ostentation sur
tous les dossiers de l'heure, soit qu'il
n'est pas encore question de remettre,
complètement, en cause les décrets
onusien (sauf pour Israël), soit enfin
que la carte sahraouie doit servir un
jour, pour une partie dont seuls les
tireurs de ficelle connaissent les
enjeux.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Les dernières mises à jour

|