Algérie
Législatives :
bilan et perspectives
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 16 mai
2012
Il faut croire que les Algériens se sont
détournés, en masse, de la politique. Et
il y a de quoi, dans une certaine
mesure, leur donner raison. Il n'y a
qu'à se référer pour cela au spectacle
donné, par la majorité de la classe
politique, lors des législatives qui
viennent de se dérouler. A cet égard, on
aurait peut-être tort de minimiser le
rôle de la répulsion, dans l'abstention,
suscitée par les comportements et les
discours de candidats à la limite du
ridicule. On pourrait espérer que cette
attitude de la majorité du peuple
pourrait avoir un impact positif, si
elle pouvait secréter une société civile
alternative aux prétendants désavoués.
Ce qui ne semble pas être le cas, bien
au contraire, car les citoyens semblent
massivement se résigner dans une
démission lourde de conséquences, à plus
ou moins brève échéance, sur la gestion
des affaires du pays. Tout semblant
prédire que, en cas de besoin, le
privilège ira au recours à la rue comme
mode d'expression, les citoyens
préférant s'adresser directement aux
autorités que d'attendre des " élus "
une quelconque intercession, porteuse de
leurs préoccupations. Face à cette
réalité, on ne peut pas se retenir de
sourire devant les gesticulations et les
menaces des Frères, qui devraient
d'abord faire le bilan de leurs
capacités de mobilisation, fort peu
convaincantes, avant de prétendre se
présenter en tant que première force
dans le paysage. D'autant que, ce
faisant, ils risquent de perdre au
change. Ils risquent de désillusionner
ce qui leur reste comme troupes et de
compromettre la possibilité d'une
réanimation de cette "Alliance" qui les
a portés au cœur du pouvoir et des
affaires. De plus, ils seraient bien
inspirés de ne pas s'aliéner leur mentor
qatari et de tenir compte qu'ils sont
attributaires du précieux label
"islamistes modérés". Pour toutes ces
considérations et connaissant le sens
aigu des Frères en matière de
"compromis", il ne faut pas être étonné
de les voir reculer et se fendre en
déclarations pathétiques sur leur souci
de l'intérêt supérieur de la nation.
Quant au FLN/RND, cette dégénérescence
de la légitimité historique, le bout du
bout de la matrice ENA-PPA-MTLD-FLN-ALN,
on attendra que les promesses de
"réformes" soient tenues. Dont la
principale est la mise en place des
conditions d'une plus grande
participation citoyenne dans la vie
sociopolitique et l'impulsion d'une
dynamique concertée de développement. A
moins que, au vu des satisfecits, jamais
gratuits, accordés par les Etats-Unis,
l'UE et leurs alliés arabes, il ne
faille s'inquiéter de la nature des
mesures qui vont être mises en œuvre,
particulièrement celles qui concerneront
l'économie. En ce sens, il y a de fortes
chances que les orientations futures
soient très avantageuses pour les forces
du marché mondialisé, ce qui n'est pas
de bon augure, en termes de souveraineté
sur les ressources nationales et sur les
choix qui pourront être faits. C'est sur
ces éléments que pourra être jugé le
nouveau parlement, si tant est qu'il
rompe avec la fonction de chambre
d'enregistrement et assume le mandat
populaire qui lui a été remis.
Article publié sur
Les Débats
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