Opinion
La Sainte Alliance
s'épanche
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Lundi 16 avril 2012
Il a été,
très peu, fait mention du défilé des
Frères aux Etats-Unis. Après les
Tunisiens, c'était au tour des Egyptiens
d'aller chercher la bénédiction des
lobbies d'abord, du gouvernement
ensuite. Rien ne se passe en public ou
presque, dans la démonstration de la "
modération " dont ils se réclament et
dont les affublent la " communauté
internationale ". On ne saura, donc, pas
grand-chose de ce qu'on pu produire
comme arguments les nouveaux maîtres de
l'Egypte. On ne saura pas non plus ce
que les candidats à la maîtrise du monde
ont pu leur demander. Mais ce qui est
sûr c'est que les relations sont au beau
fixe et que l'entente est parfaite. Sondos Assem, membre de la commission
des Affaires étrangères du Parti Liberté
et Justice (PLJ), déclare
solennellement, à l'université
Georgetown de Washington, l'entière
allégeance des Frères, qui reconnaissent
" le rôle prépondérant des Etats-Unis
dans le monde " et aimeraient " que
s'améliorent " leurs "relations avec
Washington". C'est déjà fait. Hillary
Clinton, la certificatrice en chef, a "
certifié au Congrès que Le Caire
remplissait ses obligations aux termes
du traité de paix avec Israël ". Du
coup, on assiste à la reprise de l'aide
militaire de 1,3 milliard de dollars par
an, des États-Unis à l'Égypte. Une autre
certification, de la dame, précise que "
du point de vue de la sécurité des
États-Unis, la transition démocratique
en Égypte satisfait aux exigences
législatives ". Une employée de Me
Clinton ajoute que l'objectif est de "
conserver un partenariat stratégique
avec une Égypte renforcée et stabilisée
grâce à une transition vers la
démocratie couronnée de succès ". Les
Frères sont définitivement rassurés, on
les reconnaît en tant que " démocrates
". On attend juste des effusions
publiques, qui mettront fin à des années
d'équivoques. D'autant que les Frères
tunisiens ont connu ce bonheur. De plus
c'est un pur et dur conservateur,
islamophobe et sioniste qui est de la
partie. John McCain, le sénateur
républicain, est allé en Tunisie, juste
après un détour en Israël où il a tenu à
confirmer qu'il tient à ce que " le
peuple d'Israël puisse vivre en sécurité
jusqu'à ce qu'il y ait une direction
palestinienne ayant le désir et la
capacité de faire la paix ". A Tunis,
MacCain était venu pour soutenir la "
révolution tunisienne ". Ce qui se
matérialisa par une franche, cordiale et
solide embrassade avec le numéro deux d'Enahda,
Hamadi Jebali. Les sourires étaient
éclatants des deux côtés. On assistait à
la rencontre de deux compères qui
avaient, visiblement, beaucoup à
partager. Mais aussi à accepter l'un de
l'autre. A propos de Gaza, le sénateur
avait appelé les sionistes à une "
vigoureuse action " contre les
Palestiniens. Les 1500 morts et les
milliers de blessés n'ont pas eu le
moindre mot de compassion de sa part. Le
Frère l'a quand même serré dans ses bras
pour lui manifester sa tendresse. Il a
poussé la " modération " jusqu'à ses
limites, ce qui nous a permis de
comprendre, enfin, en quoi elle
consiste. La Charia à destination des
indigènes et la soumission aux
puissants. Aucune stratégie " cachée "
ne pourra justifier le double langage,
quand on travaille à brider
l'intelligence des peuples aux fins de
leur colonisation.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Le dossier
Tunisie
Les dernières mises à jour
|