Opinion
«Occupy Wall
Street» contre l'argent
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 15
septembre 2011
Le droit se
définit en relation avec le référent
sociohistorique qui l'a généré. Dans
certaines sociétés, on avait, par
exemple, le droit de réduire en
esclavage les êtres humains sans être
mis à l'index par la morale public, au
point où on peut retrouver dans l'Islam
la reconnaissance de cette pratique. Le
droit n'est donc pas un absolu ouvert à
toutes les significations qu'on veut lui
attribuer. Il nait d'abord d'un rapport
de force, pour s'inscrire par la suite
dans le mode de gouvernance des sociétés
et plus largement dans les cultures
dominantes et dans les opinions
publiques. Quand on parle des droits de
l'homme on devrait donc les rapporter
aux rapports de forces dans lequel ils
sont évoqués. Il en est fréquemment
question, de nos jours. Ils en
deviennent même une obsession pour
les grandes puissances qui en font ou
sont censées en faire leur préoccupation
première. Mais, quand on les suit, dans
leur démarche, on est un tantinet
dérouté concernant leur façon de se
comporter vis-à-vis de tel ou tel cas de
ce qui est présenté comme une atteinte
aux droits de l'homme. Dans le même
temps, ce qui nous semblent être des
errements nous amènent doucement et
sûrement à comprendre que nous nous
illusionnons à considérer que ce
type de droits est applicable partout de
la même façon qu'il est établi au sein
des pays où il a été énoncé et qui le
brandissent dans leurs expéditions
musclées. L'exemple phare, qui suscite
la perplexité depuis sa genèse, est la
tragédie qui endeuille la Palestine
depuis plus de 60 ans. Dans ce pays tous
les dispositifs, de l'arsenal de textes
défendus bec et ongles par les
puissances occidentales, sont violés,
piétinés, superbement méprisés, par les
sionistes qui, en retour, sont
honorés de représenter les seuls
démocrates de la région, dans un océan
de barbarie. Les bonnes âmes ont beau
crier au scandale, Israël monte les
enchères et se permet jusqu'aux
massacres à grande échelle, avec la
mansuétude due au " droit " qu'il a de "
se défendre ". Ce qui n'empêche pas que
ce cas soit traité avec les mêmes
catégories " universalisées " par la
doxa utilisée dans les entreprises de
prédation en Irak, en Afghanistan, en
Libye et la ou continuera la liste.
Cependant, se développe au cœur des
bastions en guerre " démocratique ", au
sein de ses couches des populations
oubliées, un courant qui gonfle et
qui rappelle au bon souvenir les "
droits " qu'on oublie de respecter chez
soi et qu'on " défend " à des milliers
de kilomètres ailleurs. Ainsi, des
citoyens des Etats-Unis appellent à
occuper Wall Street le 17 septembre
2011. Le mouvement dénommé " Occupy Wall
Street " veut lancer une insurrection
pacifique pour la démocratie (tiens !),
contre la corruption qui gangrène les
instances élues du pays et contre la
dictature exercée par les entreprises
financières. Le mouvement sait qu'il
sera réprimé, mais il dit ceci : " Si
nous parvenons à résister, pendant
plusieurs semaines, face à la police qui
tentera de nous évacuer de Wall Street,
il sera impossible pour Obama de nous
ignorer. Notre gouvernement sera obligé
de choisir publiquement entre la volonté
du peuple et l'argent des entreprises ",
car " sur les 310 millions d'habitants,
ils sont 400 à contrôler 99 % de notre
fortune ". L'objectif des protestataires
ne s'arrête pas là et vise " le
démantèlement de la moitié des milliers
de bases militaires que possèdent les
États-Unis à travers le monde … ". Aux
dernières nouvelles, le mouvement trouve
un écho par delà l'Atlantique dans
plusieurs pays en Europe où se prépare
la même action pour la même date du 17
septembre. On pourra, peut-être,
assister au bout à un début de
redéfinition des droits de l'homme et de
la démocratie.
Article publié sur
Les Débats
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