Opinion
Les mensonges
«démocratiques»
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 15 février
2012
Comme au
bon vieux temps des conquêtes
coloniales, les Arabes et assimilés, les
monarques en tête, bachaghas et caïds
des temps modernes, en bons supplétifs,
tambours battants, ouvrent la voie aux
maîtres. Ils s'en vont démocratiser les
irréductibles d'entre eux, qui leur sont
désignés, qui refusent de s'aligner ou
de les suivre dans leur équipée. Ils ont
volé au secours des «révolutionnaires»
libyens, ils sont en train de le faire
pour la Syrie. Ils n'ont rien à craindre
à le faire, ils sont les légions
avancées de l'ordre mondial. De plus, il
vaut mieux faire du zèle que de fâcher
les maîtres qui, en matière de
démocratie, ont plus d'un reproche à
leur faire. Le problème est que, cette
fois-ci, cela ne se passe pas exactement
comme prévu. Les maîtres s'interdisent
d'aller démocratiser eux-mêmes. Ils ont
décidé, aux dernières nouvelles, de
garder leurs avions, leurs pilotes et
leurs bombes bien au chaud. Tout cela
parce que les Russes et les Chinois se
sont dit qu'il n'était pas question de
se faire blouser une seconde fois. Ce
qui a changé, fondamentalement, les
données. Ce sera, donc, en toute
probabilité, aux Arabes et eux seuls
d'aller au casse-pipe. C'est d'ailleurs
pour ça qu'ils ont envisagé une
opération a minima. Ils veulent faire
accepter au pouvoir syrien d'intervenir
en tant que «force d'interposition». Le
chef de la diplomatie russe, Sergueï
Lavrov, a expliqué que ce n'était pas si
simple, dans une phrase simple : «Pour
déployer une force de maintien de la
paix, il faut l'autorisation de la
partie qui la reçoit, tout d'abord.
Deuxièmement, pour envoyer une mission
de maintien de la paix, comme on
l'appelle dans le jargon de l'ONU, il
faut qu'il y ait une paix à maintenir».
Le Russe a remis les choses à plat et a
utilisé des formules désintoxiquées. «Il
faut qu'il y ait une paix à maintenir»,
c'est fort de sens et une très
judicieuse remarque. En clair, il veut
dire qu'il ne suffit pas de mettre en
branle l'armada médiatique et un CNT
pour asseoir la vérité. Si tant est que
le «droit d'ingérence» est accepté, il
faudrait, pour le moins, qu'il y ait des
raisons sérieusement établies. Ce qui
est loin d'être le cas. L'exemple
Irakien a démontré que des centaines de
milliers d'êtres humains sont morts sur
la base de mensonges, dont l'ONU a servi
à la validation. Il suffit pour la Syrie
d'en référer à la dernière tentative en
date. L'ambassadeur étatsunien en Syrie
et le département d'Etat ont mis en
ligne sur internet des photos prises par
satellite, comme autant de preuves que
l'armée syrienne conduit des opérations
«d'envergure» contre les civils,
notamment dans la ville de Homs. Un
internaute algérien, Hafid, s'exclame :
«La position (34° 42' 24'' N / 36° 41'
00'' E) est particulièrement
intéressante : l'ambassadeur US parle de
cratère (suite au pilonnage) !!! Je me
suis posé sur cette position (grâce à
Google Earth) et j'ai effectivement vu
des cratères !!! Le hic c'est que les
images Google Earth datent du 29 juin
2010 et à cette date les «cratères»
existaient déjà !!!! On est en plein
Retour vers le futur. L'ambassadeur ne
s'est pas douté un instant que des
petits curieux s'amuseraient à visiter
ses coordonnées. Autre débilité de
l'ambassadeur, sur sa photo en bas à
gauche : on peut lire " «Source : © 2011
Digital Globe» !! Oui, Oui, Copyright
2011 !! Digital Globe est un fournisseur
privé d'images satellite !! Le mensonge
éventé fait le tour de la toile. On
comprend la phrase du Russe.
Article publié sur
Les Débats
Copyright ©
2001-2011- MAHMOUDI INFO Sarl - Tous
droits réservés.
Reçu de l'auteur pour publication
Les analyses d'Ahmed Halfaoui
Les dernières mises à jour
|